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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0079

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36 LE JUPITER OLYMPIEN.

Les pierres précieuses des anciens, que l'on appelle camées lorsque les sujets sont en
relief, offrent ordinairement, comme on sait, dans les couleurs variées de leurs couches,
une espèce d'imitation des tons naturels et de la teinte des objets, soit cheveux, soit
draperies, soit couronnes, ou autres accessoires. Ces accidents étaient singulièrement
recherchés, et donnaient aux inventions de la gravure un mérite qui en relevait encore
la valeur. Il est vrai qu'en ce genre il y a un prix qui dépend de la rareté même. Les
nuances de la pierre tirent sur-tout leur charme de ce que, si l'art les emploie, c'est la
nature qui les donne ; ce qu'on aime dans ces ouvrages, c'est d être une sorte de peinture
sans être de la couleur, c'est d'être colorés sans avoir été peints, c'est d'offrir enfin l'ap-
parence et non la réalité de l'illusion : et voilà précisément ce que nous verrons qui
constitue généralement l'esprit et le goût de la Sculpture Polychrome ; de sorte que les
camées colorés nous offrent en petit le système de variété, que nous reconnaîtrons avoir
été celui des plus grands monuments; système qui, né de l'imitation sans art, parvint à
faire oublier le vice de son origine.

Il ne faut pas douter que, chez les Pvomains aussi, d'anciennes et puissantes habi-
tudes n'eussent enraciné le goût vicieux de la sculpture peinte, c'est-à-dire, de l'union
réelle de la peinture avec la sculpture. Les portraits de famille (imagines), dont j'ai déjà
parlé (Paragr. II), étaient de cire coloriée ; et tous les témoignages anciens s'accordent à
prouver qu'on avait dû chercher, dans de tels portraits, cette illusion captieuse qui peut
tromper les sens, s'il est vrai que dans les funérailles il y avait des espèces d'acteurs
chargés de représenter la personne des morts, et qui revêtaient, avec les habits de leurs
dignités, la figure, et ce que nous appelerions le masque de leurs portraits.

Il y a déjà long-temps que le célèbre Lessing, combattant, avec beaucoup de sagacité,
l'opinion , que les imagines pictœ, ou expressi cerâ vultus W, étaient des tableaux à
l'encaustique, a montré comment et dans quel sens les passages de Polybe (2) et d'Héro-
dien, sur ce sujet, expliquaient celui de Pline. Il a soutenu que le motpingere signifiait
en latin non-seulement peindre des tableaux, mais aussi peindre des statues, les colorier
ou les orner de couleur, et que les cerœ pictœ étaient des figures de plein relief qui
recevaient les tons et les couleurs de la nature (3). Die Alten nie ht allein an ungebildelen
stein und marmor..... sie auch an gebildete malien.

Je n'ai pour objet ni d'entrer dans la discussion de ce sujet, que plusieurs critiques ont
éclairci encore depuis Lessing, et de manière à ne plus laisser de doute sur la nature
précise des imagines, ou portraits de famille, ni d'ajouter aux recherches faites à cet
égard. Je dirai toutefois que si, comme l'a prouvé récemment M. Eichestced (4), ces ima-
gines devaient offrir des masques propres à être placés sur le visage de ceux qui, aux
funérailles, jouaient le personnage des morts, il ne me paraît pas nécessaire cependant
de réduire ces portraits à n'être que de simples masques de visage ; et ici le savant anti-
quaire que je viens de nommer pourrait bien avoir donné trop de restriction à son
opinion sur la forme des imagines, en niant qu'elles aient eu celle de buste. Rien
n'empêche en effet qu'elles aient été de véritables bustes dans les armaria, et de simples
masques de cire sur le visage des acteurs. La moindre connaissance du procédé du mou-
lage apprend avec quelle facilité peuvent se décomposer et se recomposer toutes les

(i) Plin., lib. XXXV, cap. 2. —(2) Polyb. Histor., lib. VI, cap. 53 ; Herodian., lib. IV, c. 1. — (3) Lessing.
Saemmtl. Schrift., tom. X, pag. 290. —(4) De Imagin. Romanor. Dissert. duae. Petropoli, 1806.
 
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