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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0466

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. Ve PARTIE 375
sacrée, au milieu de laquelle on comptait encore d'autres temples, et des monuments
qui avaient échappé à la destruction de Corinthe. Une grande avenue y conduisait, et
cette avenue était formée, d'un côté, par une rangée de pins alignés, de l'autre, par une
file de statues, qui étaient celles des vainqueurs aux jeux istlrmiques. (Ces jeux n'avaient
pas été interrompus par la prise de la ville, et ils furent célébrés, comme de coutume
au milieu de ses ruines (0.) Le temple ou le Naos parait avoir eu tout ce qui constituait
les grands temples. Pausanias parle de tritons de bronze, qui s'élevaient, de côté et
d'autre, sur les acrotères du fronton; il fait mention du pronaos, où l'on voyait en
bronze deux statues de Neptune, une d'Amphitrite, et une de Thalassa (ou la Mer).

Rien par conséquent n'empêche de croire que l'intérieur du Naos ait eu une capacité
propre à recevoir un groupe colossal.

Cela posé, il me semble que ma conjecture doit trouver sa confirmation dans le
passage où Philostrate fait mention des figures de Neptune et d'Amphitrite, et des
autres objets dont Hérodès Atticus avait rempli le temple de Corinthe. Kai ta. àyaXfiata, ô',

es toù IffSpou KoXotfcroç, v.a.1 à tyiç A|tçiTptTïiç, xal twv a)Awv to îspov évsré}.7)<7êv ou&è tov tou Melwepwj Ttaps^ôwv âe'Xtpïva (a).

Item Isthmi signa, Colossum Isthmium et Amphitrites, cœteraque quibus templum replevit;
neque Melicertœ Delphina prœterierim. Il est visible que Philostrate parle ici du même
temple que Pausanias : car sans doute on ne pensera pas qu'il y ait eu à Corinthe deux
temples de Neptune, ornés dans leur intérieur par Hérodès Atticus, et contenant tous
les deux les mêmes objets d'art. Il faut remarquer en effet cette mention, faite en pas-
sant, de Mélicerte et de son dauphin. Or, selon tous les mythologues, Mélicerte est le
même que Palémon. Mais on a vu que Philostrate donne le nom de colosse au Neptune
et à l'Amphitrite d'Hérodès Atticus. Ainsi cette notion précise supplée au silence de
Pausanias, sur l'idée qu'on peut prendre de la grandeur du monument dont j'offre ici
la restitution (voy. Pl. XXV).

Ce qui a peut-être empêché de voir dans la description de Pausanias l'ensemble que
présente le dessin ci-joint, ce qui peut encore faire naître quelque doute sur le caractère
de groupe ou de composition dont j'ai essayé de prouver la vraisemblance, c'est l'habi-
tude où l'on est de juger l'antiquité perdue par celle qui reste. Mais ces recherches ayant,
pour objet de faire revivre par la critique de l'art et des textes, non pas quelques monu-
ments méconnus, mais des idées et des genres de compositions et d'ouvrages ensévelis
sous les ruines du temps, le défaut d'autorités, dans le petit nombre de fragments antiques
qu'on possède, ne saurait être ici une objection valable. Sans doute nous n'avons ni com-
position, ni groupe semblable à celui dont il s'agit. Toutefois ce serait bien mal apprécier le
génie de la sculpture antique, que de la resserrer dans les bornes des compositions que
nous connaissons. On pourrait déjà montrer que si nous ne possédons pas de ces groupes
nombreux en figures, nous en possédons les parties décomposées, et que, selon toutes
les apparences, la famille de Niobé par Scopas, dont nous avons des copies, fut autrefois
un ensemble de figures réunies par une même composition.

Mais Pline nous apprend que du même Scopas, on voyait à Rome, dans le temple de
Cn. Domitius, un ouvrage beaucoup plus semblable encore, et par le genre, et par le
sujet, à celui dont il est ici question. C'était un groupe représentant Neptune, Thétis et

(i) Paus., lib. II, c. 2. — (2) Pbulostr., de vit. Sophist., lib. II, pag. 55o.
 
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