386 LE JUPITER OLYMPIEN.
A défaut de renseignements plus précis, on peut encore placer ici quelques témoi-
gnages qui prouvent que le goût de sculpture, dont nous suivons les dernières traces,
s'était maintenu sous les empereurs qui précédèrent immédiatement Constantin, Déjà
on a fait mention (Partie Ire, paragr. VII) des bustes polylithes de Pescenius Niger et de
Septime-Sévère. Si ces sortes d'ouvrages, ainsi que les Acrolythes, peuvent être regardés
comme dépendants du goût de la statuaire chryséléphantine, on ne jugera point étran-
gère à notre sujet la mention faite par Trebellius Pollio, de la statue acrolythe et dorée
d'une matrone romaine, qui vivait dans le troisième siècle de l'ère vulgaire. Cujus statuam
m templo Veneris adhuc videmus acrolytham sed auratam (0.
Il s'est conservé dans la ville de Milan, des vestiges d'un temple dit d'Hercule, et aussi
la tradition d'une statue de ce dieu , placée dans l'intérieur du temple. L'édifice faisait
partie de ce qu'on appelait les Thermes Herculéennes, bâties par l'empereur Maximianus,
surnommé Hercule. Selon Galvaneo Fiamma, le dieu était doré, et représenté assis sur
un trône d'ivoire. Quelques critiques ont prétendu que cette tradition était suspecte,
fondés sur ce qu'une semblable manière de faire voir Hercule était peu d'accord avec
les statues que l'antiquité nous a laissées de ce dieu. Mais un écrivain plus moderne (2),
réfutant ce préjugé, a montré qu'Hercule avait fort bien pu être représenté de toute
autre manière qu'en pied et combattant. Ici sur-tout, où la figure parait avoir été celle
de l'empereur Maximianus, sous les traits du demi-dieu qu'il comptait au nombre de
ses ancêtres, rien ne dut empêcher l'artiste de placer son héros dans un trône. C'était,
comme on l'a vu, un accompagnement propre à toutes les divinités, et bien ancienne-
ment, si l'on s'en souvient, je veux dire parmi les bas-reliefs du coffre de Cypselus, on
a fait remarquer Hercule sculpté en or et ivoire, assis sur un trône.
L'an 3ao, de notre ère, Constantin abandonna Rome, et transféra le siège de l'empire
dans la ville de Byzance , qu'il nomma Constantinople. Tout le monde sait , par les
monuments contemporains, à quel point l'art était déchu vers cette époque. Constantin
voulut embellir sa nouvelle ville; mais il n'y avait plus d'artistes capables de seconder
ses désirs. L'empereur n'eut donc d'autre ressource que de dépouiller les autres villes de
leurs plus beaux ouvrages. Les circonstances religieuses lui rendirent ce moyen plus facile.
Déjà les autels des faux dieux étaient ébranlés, et beaucoup de leurs temples étaient déserts.
En privant ces temples de leurs idoles, on accélérait la ruine du paganisme, et l'on acqué-
rait d'innombrables objets d'embellissement. Eusèbe (3), entre autres éloges qu'il donne à
Constantin, le loue d'avoir arraché aux temples les colonnes de leurs péristyles, d'en avoir
enlevé les statues de bronze, pour les exposer dans les places publiques de Constantinople,
comme des dépouilles de la religion détruite. Selon le même écrivain, l'empereur avait
envoyé, dans tous les pays où il y avait de riches simulacres en or ou en argent, des
hommes chargés de briser les portes des temples et leurs idoles, et de s'en faire livrer la
matière.
Sans aucun doute le plus grand nombre des statues d'or et d'ivoire fut enveloppé dans
cette proscription, et c'est peut-être là, la raison pour laquelle on trouve si peu de notions
sur ces sortes d'ouvragés, parmi les descriptions qui nous restent des curiosités que ren-
(i) Trebell. Poil. XXX. ïyrann. 32. — (2) Sulle Sedeci colonne, etc. stanti in Milano, e sulle terme Ercu-
lee, etc. Milan. 1812. — (3) Euseb. de vit. Constant. III. 54-
A défaut de renseignements plus précis, on peut encore placer ici quelques témoi-
gnages qui prouvent que le goût de sculpture, dont nous suivons les dernières traces,
s'était maintenu sous les empereurs qui précédèrent immédiatement Constantin, Déjà
on a fait mention (Partie Ire, paragr. VII) des bustes polylithes de Pescenius Niger et de
Septime-Sévère. Si ces sortes d'ouvrages, ainsi que les Acrolythes, peuvent être regardés
comme dépendants du goût de la statuaire chryséléphantine, on ne jugera point étran-
gère à notre sujet la mention faite par Trebellius Pollio, de la statue acrolythe et dorée
d'une matrone romaine, qui vivait dans le troisième siècle de l'ère vulgaire. Cujus statuam
m templo Veneris adhuc videmus acrolytham sed auratam (0.
Il s'est conservé dans la ville de Milan, des vestiges d'un temple dit d'Hercule, et aussi
la tradition d'une statue de ce dieu , placée dans l'intérieur du temple. L'édifice faisait
partie de ce qu'on appelait les Thermes Herculéennes, bâties par l'empereur Maximianus,
surnommé Hercule. Selon Galvaneo Fiamma, le dieu était doré, et représenté assis sur
un trône d'ivoire. Quelques critiques ont prétendu que cette tradition était suspecte,
fondés sur ce qu'une semblable manière de faire voir Hercule était peu d'accord avec
les statues que l'antiquité nous a laissées de ce dieu. Mais un écrivain plus moderne (2),
réfutant ce préjugé, a montré qu'Hercule avait fort bien pu être représenté de toute
autre manière qu'en pied et combattant. Ici sur-tout, où la figure parait avoir été celle
de l'empereur Maximianus, sous les traits du demi-dieu qu'il comptait au nombre de
ses ancêtres, rien ne dut empêcher l'artiste de placer son héros dans un trône. C'était,
comme on l'a vu, un accompagnement propre à toutes les divinités, et bien ancienne-
ment, si l'on s'en souvient, je veux dire parmi les bas-reliefs du coffre de Cypselus, on
a fait remarquer Hercule sculpté en or et ivoire, assis sur un trône.
L'an 3ao, de notre ère, Constantin abandonna Rome, et transféra le siège de l'empire
dans la ville de Byzance , qu'il nomma Constantinople. Tout le monde sait , par les
monuments contemporains, à quel point l'art était déchu vers cette époque. Constantin
voulut embellir sa nouvelle ville; mais il n'y avait plus d'artistes capables de seconder
ses désirs. L'empereur n'eut donc d'autre ressource que de dépouiller les autres villes de
leurs plus beaux ouvrages. Les circonstances religieuses lui rendirent ce moyen plus facile.
Déjà les autels des faux dieux étaient ébranlés, et beaucoup de leurs temples étaient déserts.
En privant ces temples de leurs idoles, on accélérait la ruine du paganisme, et l'on acqué-
rait d'innombrables objets d'embellissement. Eusèbe (3), entre autres éloges qu'il donne à
Constantin, le loue d'avoir arraché aux temples les colonnes de leurs péristyles, d'en avoir
enlevé les statues de bronze, pour les exposer dans les places publiques de Constantinople,
comme des dépouilles de la religion détruite. Selon le même écrivain, l'empereur avait
envoyé, dans tous les pays où il y avait de riches simulacres en or ou en argent, des
hommes chargés de briser les portes des temples et leurs idoles, et de s'en faire livrer la
matière.
Sans aucun doute le plus grand nombre des statues d'or et d'ivoire fut enveloppé dans
cette proscription, et c'est peut-être là, la raison pour laquelle on trouve si peu de notions
sur ces sortes d'ouvragés, parmi les descriptions qui nous restent des curiosités que ren-
(i) Trebell. Poil. XXX. ïyrann. 32. — (2) Sulle Sedeci colonne, etc. stanti in Milano, e sulle terme Ercu-
lee, etc. Milan. 1812. — (3) Euseb. de vit. Constant. III. 54-