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Sondheim, Moriz
Gesammelte Schriften: Buchkunde, Bibliographie, Literatur, Kunst u.a. — Frankfurt a.M., 1927

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https://doi.org/10.11588/diglit.34388#0126

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101

naturel, et cela „avec d'autant plus de sincerite qu'elle ne se
rend pas bien compte des idees qui fermentent dans son cer-
veau". On m'a dit, ecrit-elle, que M. Quesnay etait fort instruit
de certaines choses qui ont rapport aux finances, et qu'il
etait un grand economiste; mais je ne sais pas trop ce que
c'est. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il avait beaucoup d'esprit;
il etait fort gai et fort plaisant, et tres habile medecin. —
Puis viennent quatre grands eloges funebres: celui du marauis
de Mesmon, publie sous le volle de l'anonyme ä Londres, qui
est reste presque inconnu jusqu'aujourd'hui; celui du comte
d'Albon, source de presque tout ce qui a ete ecrit sur Quesnay;
un troisieme par Grandjean de Fouchy, et enfin celui de Mi-
rabeau, qui est peut-etre de tous les ecrits du fougueux mar-^
quis le plus extravagant et le plus bizarre; ce discours prononce
le jour de l'enterrement du maitre, fut ecoute par une assem-
blee en habit de deuil „tournee vers le buste de Quesnay
dans l'attitude de la douleur et du respect". 11 celebre en lui
le veritable bienfaiteur des hommes, plus genereux que So-
crate, plus grand que Confucius, ayant rassemble les flam-
meches du flambeau de Promethee. „Düt-on aujourd'hui nous
tenir pour atteints et convaincus de manie enthousiaste, s'ecrie
„l'Ami des hommes", je prouverais, si j'etais digne encore de
cette 'täche, que jamais homme present ni passe ne merita
autant de l'humanite".
Pour nous qui voyons Quesnay d'un autre point de vue
que Mirabeau, et qui sommes separes de lui par un siede de
revolutions, nous ne lui donnons pas le nom de Confucius de
l'Europe. Cependant un titre lui reste moins pompeux, mais
plus reel: c'est lui qui a jete les fondements de la Science eco-
nomique, „qui en a construit les gros murs"*), et son Systeme,
quelque chimerique qu'il soit, reste au point de vue historiaue
l'oeuvre d'un profond penseur.
De ses premieres annees passees ä la Campagne il avait
garde l'amour des travaux champetres. La France etait alors
mal cultivee, l'agriculture manquait de bras, les impöts rui-
naient le laboureur. Quesnay voyait des tresors enfouis dans la
terre, il reva de les en tirer et de rendre la France la contree
la plus riche et la plus heureuse et son roi le plus puissant
souverain du monde. Partant du principe que dans un pays
fertile l'agriculture est le principal element de la richesse
publique, il elabora un Systeme de gouvernement dans le-
quel il conciliait la protection de l'agriculture indigene avec
la liberte du commerce et la reduction de tous les impöts ä
un seul impöt foncier, et fondait l'ordre social sur une base
nouvelle. Ce Systeme est impraticable et inaceptable dans son

*) Lettre de Dupont de Nemours ä J.-B. Say (Collection Daire, p. 596).
 
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