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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Soldi, Émile: L' art persan, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0056

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42

L'ART.

1. n, page 253), saillant, très adhérent à la brique, brille d'un-vif
éclat; il est dur comme la porcelaine. Celui de Ninive est
tendre, se détache facilement et semble une glaçure peu cuite1-
Les figures, cernées d'un creux sensible, font croire qu'avant
la couleur le contour était tracé au style sur l'argile molle. »

Nous avons au Louvre des fragments émaillés assyriens,
malheureusement rangés dans le rayon le plus bas d'une
vitrine obscure placée près de la porte qui donne passage du
salon carré de l'école française à la première salle du musée
Campana : fragments d'un vêtement, jaune brillant; le noir a
été passé sur des lignes creuses; pétales blancs d'une fleur,
entourant un cœur jaune, un peu en relief, cernés de noir et
se détachant sur un fond bleu; fragments d'une aile d'un émail
très vitreux, les plumes étant modelées légèrement en relief;
fragments d'un tronc de palmier se détachant en portion de
cylindre jaune sur un fond bleu2.

Comme on le voit, ce sont toujours les mêmes principes
appliqués plus tard par les Persans : les couleurs primaires lar-
gement employées, auxiliaires de la forme, remplissant les
contours des figures pour les déterminer et les préciser.

Les Chinois ont bordé le plus souvent leurs figures d'une
ligne blanche pour les distinguer du fond; les Assyriens, et, pro-
bablement à leur exemple, les Perses ont préféré la bordure
noire, sans exclure complètement le premier système.

Les tons sont toujours posés à plat et sans modelé, aussi
bien dans les émaux assyriens que dans ceux des Persans, des
Indous et des Maures.

Pendant que dans les émaux persans les plus anciens, de même
qu'à Damas, dominent le bleu et le ver/, Rhodesyajoute le violet;
le Caire, le jaune, Nicée, Brousse et les Maures d'Espagne, le
rouge et l'or. Ainsi, à chaque pas que l'art de l'émailleur persan
fait vers l'Occident, sa palette s'enrichit et perd sa grande sévé-
rité. Peu à peu, l'artiste asiatique dévoyé, influencé, veut lutter
avec l'Occident, abandonne toutes ses traditions, et les plaques
modernes que l'on peut voir à Kensington, pareilles à certains
foulards, sont chargées de fleurs roses sur fond jaune et violet,
ni vraies, ni conventionnelles, lourdes et désagréables de ton,
au contour indécis et laissant parfois apercevoir entre elles des
maisons, même de petites villes, que l'on distingue avec peine,
dont on ne comprend pas l'utilité, et grossièrement indiquées.
L'ambition augmente avec l'impuissance de l'art de l'émailleur
moderne3.

LES INSCRIPTIONS

Les plaques émaillées qui portent des inscriptions sont géné-
ralement les plus grandes, et ce sont celles qui possèdent des
reflets métalliques dorés ou nacrés.

Elles proviennent le plus souvent des tombeaux des saints
et d'édifices religieux.

Le goût asiatique pour la dorure et les brillants effets des
métaux remonte à la plus haute antiquité. « Je me suis assuré,
dit Texier, parlant de Persépolis, qu'il n'y a pas un coin du
palais où l'on ne retrouve de la peinture la plus délicate et la
plus soignée ; il en était de même à Khorsabad, à Minroud et
Ecbatane, capitale de la Médie, où, selon Polybe, décrivant le
palais des rois de Perse, les portiques, les péristyles, les lambris

étaient revêtus de lames d'argent et de lames d'or qui furent
pillées par les soldats d'Alexandre. »

Nous avons dit que Layard avait trouvé à Khorsabad des
fragments d'anciennes poteries enrichis de dessins, avec des reflets
métalliques semblables à ceux des faïences hispano-moresques.
On en a trouvé aussi dans les ruines de Rhagès ou Rhei, prove-
nant des fabriques de cette ville importante de la Perse, men-
tionnée dans le livre de Tobie, reconstruite plusieurs fois
jusqu'au v" siècle de l'ère chrétienne.

C'est en raison de ces découvertes que plusieurs savants ont
pensé trouver les faïences anciennes de l'Asie, celles à reflets
métalliques, dans les vases murrhins, provenant, nous dit Pline,
du royaume desParthes et de la Carmanie4.

En 1867, les amateurs se sont disputé, à l'hôtel Drouot, trois
plaques de revêtement provenant de la mosquée de Natins (du
xiin au xiii0 siècle), couvertes d'ornements, de l'inscription : « Au
nom du Dieu clément et miséricordieux», émaillée en bleu,
d'arabesques à reflets métalliques vert de cuivre assez pâle sur
fond d'émail blanc stannifère, plaques remontant à l'époque du
califat et présentant les rapports les plus étroits avec l'art his-
pano-moresque.

Chardin dit que les carreaux de la mosquée de Koom étaient
ornés d'arabesques et rehaussés d'or et d'argent.

Ainsi le lustre d'or, un peu cuivreux, si admiré dans les
vases de l'Alhambra, se retrouve partout en Asie et certainement
en est originaire.

A l'époque persane, ces reflets de cuivre verdâtre, un peu
pâle, étaient obtenus avec la plus grande facilité au moyen d'un
tour de main que nos émailleurs modernes n'ont pas su découvrir.

Il nous a paru que la belle époque des inscriptions (du
moins dans la riche collection de Kensington) est entre le xe et
le xiv° siècle. Entre le x° et le xi6 généralement, les lettres
émaillées en bleu se détachent sur l'or verdâtre, le bleu a des
nuances blanches. Au xv°, il y en a beaucoup dont les lettres
bleues n'apparaissent sur le fond de la même nuance, qu'à l'aide
des petites fleurettes émaillées en blanc dont il est recouvert
suivant la mode persane.

Sèvres possède aussi quelques beaux spécimens d'inscriptions
à reflets métalliques: citons les numéros 6520, 6573, pour la
richesse des reflets, le numéro 6926 pour le beau caractère des
lettres aux formes carrées, d'un effet très décoratif, et la plaque
provenant du tombeau de Mahomet à Médine. Enfin, dans la
collection de M. Scheffer, le fragment d'une inscription sculptée,
complètement recouvert, fond et lettres, d'un bleu métallique,
provenant du Sultanieh.

« M. Louis Cesson, dit M. Burty5, a fait des expériences très
concluantes sur les lustres hispano-moresques : « le cuivre et
l'argent n'étaient pas toujours employés simultanément ; ainsi
les faïences à lustre de cuivre rouge foncé ne contiennent que du
cuivre ; l'argent était ajouté au cuivre pour diminuer l'intensité
de la couleur, lui donner un reflet plus doux. Le tour de main,
l'étude de l'action du feu entrent aussi pour beaucoup et ne
peuvent se décrire. Autrefois ils se transmettaient jalousement
parmi les membres d'une corporation. Il paraît du reste que le
musée de South-Kensington possède avec le manuscrit original
de Piccolpasso, potier durantinois, un chapitre qui est demeuré
inédit sur les lustres métalliques et les irisations. On s'explique

paiais des rois, à Ispahan, un vase garni de cette fleur et portant l'inscription suivante : « J'ai pris la tulipe pour emblème; comme elle j'ai le visage en feu et le
cœur en charbon. »

A la fête des tulipes, les plus curieuses variétés sont exposées dans l'intérieur du harem; les femmes se parent, les lumières brillent, la musique mêle ses
accents au concert des voix humaines pour rompre la monotonie d'une vie claustrale et inoccupée.

Si la rose n'a pas sa fête spéciale, les poètes lui réservent dans leurs chants la place d'honneur; Sadi lui a consacré cette pièce charmante :

« Je vis un jour quelques roses placées avec de l'herbe fraîche, et je dis : « Comment l'herbe vile a-t-elle osé s'asseoir à côté de la rose odorante? »

« Elle me répondit : « Tais-toi ; l'être généreux n'oublie pas ses anciens amis ; quoique je n'égale pas le parfum ni l'éclat de la rose, nous n'en sommes pas moins
« nées sur le même sol.)»

1. Ces différences ne peuvent tenir qu'à la terre employée et de mauvaise qualité.

2. Voir Musée Napoléon III, par M. Adrien de Longpérier. (Liv. 9, pl. 4.)

3. Lire la brochure intitulée : Recherches sur l'histoire de la peinture en émail. Dussieux, Paris, 1841.

4. Pline, Hist. nat., liv. XXXVII, chap. 13. De Gemmis.

5. Burty, Chefs-d'œuvre des arts industriels, page 66.
 
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