L' art: revue hebdomadaire illustrée (6.1880 (Teil 2))

i86

L'ART.

parcourir l'exposition actuelle. Si les choses absolument mau-
vaises y sont plus rares que par le passé, en revanche les médio-
crités s'y rencontrent à chaque pas. Il est vrai que les expositions
de Nice et d'Alger ont été des circonstances défavorables à la
nôtre. Nous n'avons reçu, cette année, aucun envoi de l'admi-
nistration des beaux-arts ; cette lacune regrettable provient,
nous a-t-on dit, du manque d'ouvrages disponibles causé par les
prêts antérieurement faits à ces deux villes.

Parmi les tableaux des exposants qui n'habitent pas Bor-
deaux, je signalerai un Madrazo, la Femme an perroquet, d'une
exécution facile, large et brillante ; un petit portrait de Bastien-
Lepage, plein de finesse et de vie; trois études de Pelouse,
parmi lesquelles la Prairie à Clairfontaine est surtout re-
marquée ; une excellente Vue de Rouen, par R. Mois; Un
Blessé, par E. Luminais,- la Réprimande, par F. Heilbuth; Au
bord de la mer, par A. Duez; Un Vieux Curé de campagne, par
E. Bertier ; l'Etoile du Berger, par F. Chaigneau ; une Chasse
au sanglier, de J. Ferry ; un Officier de dragons à cheval, par
E. Détaille; des paysages de MM. Rapin,Segé, Lalanne, Busson,
Defaux, Yon, Lansyer, Japy, Gosselin et Beauverie.

Les envois des artistes bordelais sont importants et méritent
une attention particulière. Si, pour la plupart des peintres
étrangers, l'exposition de la Société des Amis des arts n'est
qu'une occasion de vente, il n'en est pas ainsi pour les peintres
de la ville. En dehors de cette question de vente, qui ne laisse
personne indifférent, l'exposition est pour eux une sorte de con-
cours, dans lequel il s'agit de figurer avec honneur et de sou-
tenir une réputation plus ou moins ancienne devant un public
avec lequel on doit compter. Les abstentions sont rares, et
chacun, autant que possible, tient à ne pas se laisser oublier.

M. A. Auguin a exposé plusieurs toiles, reproduisant des
sites empruntés à la Saintonge, et où l'on trouve un sentiment
élevé de la nature; M. A. Baudit, des tableaux de fleurs d'une
belle qualité et deux vues prises, l'une aux environs de Lalinde,
dans la Dordogne, l'autre sur les bords de l'étang de Lacanau :
elles révèlent, comme toujours, une main sûre et une expérience
consommée. M. L. Bopp du Pont a trois compositions d'un
caractère original et personnel qui fait bien augurer de l'avenir
de cet artiste ; M. J. Cabrit, un amateur distingué, plusieurs
études d'une coloration fine et vraie; M. J. Capeyron, des
vaches et un intérieur de cour, où l'on remarque beaucoup de
savoir uni à une observation consciencieuse de la nature;
M. L. Chabry, une très jolie marine, deux études pleines de

vérité et un petit paysage d'aspect sévère, dont le sujet est pris
dans les Pyrénées.

Ici, nous rencontrons M. H. Pradelles avec quatre tableaux,
dont le plus important, le Marais de Chenaumoine, se distingue
par une exécution ferme et nourrie; là M. G. Saint-Lanne,
avec une figure de femme habilement peinte, que les hasards
du classement ont malheureusement reléguée dans la corniche.
Un autre artiste, bien connu par des succès de bon aloi,
M. P. Salzedo, nous montre Un Vieux Violoncelliste finement
observé et rendu avec beaucoup de fermeté et de sobriété. Nous
mentionnerons encore les études de M. E. Vergez, toujours
modelées avec correction, et la Lande à Tréboul du môme
artiste, l'un des bons paysages de l'exposition. Enfin le signataire
de cet article a envoyé un tableau qui a figuré au Salon de
Paris en 1878, et dont l'Art a publié un dessin. Et il y aurait
encore bien d'autres noms à citer. Par exemple, MM. G. Des-
parmet, H. Furt, A. de la Rocca, P. Sébilleau, A. Smith,
L. Thénot, sont des artistes de mérite et leurs ouvrages seraient
intéressants à étudier. C'est avec plaisir que je les passerais en
revue, si un pareil travail ne devait excéder les limites que com-
porte cette correspondance.

A côté des peintres qui précèdent il convient de placer plu-
sieurs jeunes femmes de la ville, qui sont devenues leurs émules.
MmcsAnnaly, A. Baudry, G. de Bigot, Gadou-Boyer, M. Jac-
quclin, A Kermel, C. Molliet, M. Schmidt et M. Sprenger
exposent chaque année des fleurs, des miniatures, des paysages
et des portraits, qui souvent sont remarquables par la correction
et la grâce, quelquefois par la vigueur et l'éclat de l'exécution.

Quant aux sculptures, on remarque à juste titre les bustes
très recommandables de MM. de Banes-Gardonne, L. Coëffard,
A. Léon, E. Prévôt, et l'Année terrible, de M. F. de Saint-Vidal,
composition importante exposée à Paris en 1877.

Ces indications, si sommaires qu'elles soient, suffiront à
montrer que l'école bordelaise s'affirme de plus en plus. La
plupart des artistes qui la composent sont représentés au Salon
de Paris. Les admissions, en ce qui concerne notre ville, ont été
beaucoup plus nombreuses que les années précédentes. Faut-il
attribuer ce fait à la facilité du jury ou à la valeur des envois?
Quelle que soit l'hypothèse à laquelle on s'arrête, la multiplicité
des travaux produits indique une émulation sérieuse et de
louables efforts qui méritent certainement d'être encouragés.

E. Vall et.
Directeur du Musée de Bordeaux.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

LIVRES NOUVEAUX ET ÉDITIONS NOUVELLES

VIII

54. — Le Opère di Giorgio Vasari con nuove annotaponi e
commenti, di Gaetano Milanesi. Tome IV (654 pages). Firenze,
G. C. Sansoni, editore, 1880.

55. — La Storia di Vene\ia nella vita privata dalle origini
alla caduta délia Repubblica, di P. G. Molmenti. Opéra premiata
dal Reale Instituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti. Torino,
Roux e Favale, 1880. Un volume in-8 de 705 pages.

56. — Torino, di V. Bersezio, E. Deamicis, N. Bianchi,

R. Sacchettj, A. Arnulfi, S. Carlevaris, D. Busi-Aime,
G. Gloria, G. Giacosa, V. Carrera, M. Lessona, L. Marengo,
G. C. Molineri, C. Corrado, F. Gamba, M.Michela, G. C. Fer-
rante, G. Bercanovich, P. F. Denza, V. Turletti, C. Anfosso,
N. Pettinati, G. Pacchiotti, G. B. Arnaudo, G. Faldella,
L. Roux. Seconda edizione. Torino, Roux e Favale, 1880.
Un volume in-8 de 1,000 pages.