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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Le Salon de 1880, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0177

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LE SALON DE 1880

i

M. Charles Blanc, lorsqu'il prit la direction des Beaux-
Arts, lança un manifeste dans lequel il expliquait que les
trois modes d'action du gouvernement, en France, sur les
artistes, sont « l'École des beaux-arts, les commandes et les
Salons ». Cette classification est rigoureuse. Elle est pleine
de dangers. Elle perpétue, dans la société nouvelle, les abus
de l'ancien régime. Cependant elle répond, chez un peuple
qui sacrifie trop souvent la liberté à l'égalité, à cet idéal de
centralisation que nos pères réglèrent strictement pour
sauver la patrie menacée au dedans autant qu'au dehors et
dont ils nous ont légué la tradition. A ce titre, elle vaut
qu'on la discute, qu'on lui demande ce qu'elle vaut en soi,
ce qu'elle facilite, ce qu'elle entrave, où elle conduit notre
école artiste, une des gloires et des fortunes du pays.

Nous n'avons à parler ici, en ce moment, ni du principe
de l'enseignement distribué par l'État, ni du principe des
commandes. Nul doute que nous ayons à y revenir dans un
temps prochain — nous ou quelqu'un de nos collaborateurs
autorisés, — puisque l'Art s'est donné pour mission de
maintenir la critique indépendante et d'aborder de front
toutes les questions. Aujourd'hui l'ouverture d'un Salon, sans
précédents par le nombre des objets admis et par la nou-
veauté du classement, nous oblige à arrêter le lecteur pendant
quelques instants sur le seuil, et à lui proposer nos doutes,
nos anxiétés, nos réflexions sur la question des Salons.

Disons tout d'abord que nous ne sommes point radica-
lement hostiles à ce mode de publicité supérieure et annuelle,
que l'abus seul nous inquiète, et que, loin de vouloir en
détourner complètement les artistes, nous voudrions les voir
s'en emparer et en tirer tout le profit moral et matériel qu'il peut donner. Telle sera notre
pensée constante au milieu des arguments pour ou contre que nous allons donner. Il n'est
rien aujourd'hui qui ne touche à la politique, puisque à la volonté d'un seul s'est substituée
la libre discussion et, finalement, la volonté de tous.

Les Salons furent fondés par l'Académie royale de peinture et de sculpture. Ils fonctionnèrent
durant le xvme siècle1 tout à la gloire de cette institution, fort jalouse de ses privilèges et qui
chercha à étouffer les concurrences que tentaient d'ouvrir des compagnies de peintres dissidents.
Les Académiciens ou les Agréés avaient seuls droit d'y envoyer leurs œuvres. Vers 1776, le
nombre de ces privilégiés ne dépassait guère cent quarante. De là des Salons restreints en
apparence, mais qui en réalité donnaient à peu de chose près la moyenne de l'art actif. Il était
difficile de se faire constater « artiste ». Outre la vocation, il fallait du courage pour suivre les
degrés de l'initiation. Tout le monde ne voyait pas, comme aujourd'hui, l'éventualité d'une fortune

1. On consultera avec fruit les Notes et Documents inédits sur les Expositions au xvme siècle, recueillis et mis en ordre par M. J. J. Gui/-
Jrey (chez Baur, 1873). C'est un travail très complet, très bien présenté.

Tome XXI. I0

Le Printemps.
Dessin de Benedict Masson, d'après son tableau.
(Salon de 1880.)
 
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