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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Mazerat, Jules: La Société d'encourangement des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0346

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286 L'A

— Faudra donc nous séparer,
Simonne, ma Simonne,
Faudra donc nous séparer,
Ma petite mignonne.

— Non, car j'en mourrai,
Monsieur le curé ;

Non, car j'en mourrai,
Monsieur le curé !

— Eh bien, je t'enterrerai,
Simonne, ma Simonne.
Eh bien, je t'enterrerai,
Ma petite mignonne.

— Est-ce que vous pleurerez,
Monsieur le curé ?

Est-ce que vous pleurerez,
Monsieur le curé ?

— Non, car il faudra chanter,
Simonne, ma Simonne,
Requiescat in pace,

Ma petite mignonne.

La rime n'est pas riche et le style rappelle d'assez prés la
chanson du roi Henri qu'Alceste citait en modèle à Oronte. Mais
sous cette forme naïve et plaisante, on sent le drame vrai de la
passion; et pour mon compte je sais grand gré à l'auteur d'avoir
si bien conservé la saveur et le parfum de la légende primitive.

L'eau-forte de Ribot qui accompagne cette légende en rend
bien le caractère. Tout y est simple, vrai, sans prétention. Ce
qui n'empêche pas que tout parle dans la jeune fille, les mains,
la bouche, les yeux, toute l'attitude, tandis que le curé écoute
sans étonnement ni colère, avec la bonhomie tranquille qui,
dans le récit breton, se résigne si facilement aux conséquences
extrêmes. Et cependant tout cela est à peine indiqué. Ribot, le
peintre des grands effets, sait aussi, quand il le veut, fixer les
choses d'un trait délicat et à peine appuyé, comme ici par
exemple. Il faut encore remarquer cette étrange facilité qu'il
possède de modeler en pleine lumière, sans ombre. Le visage
des deux personnages, tout blanc, est au moins aussi saillant et
solide dans cette gravure, que dans la première, celle qui
accompagne la pièce intitulée : Partons tous deux, où cependant
le visage delà jeune fille paraît beaucoup plus travaillé.

Le frontispice, par Hédouin, d'un tout autre caractère, est

RT.

charmant; c'est de la gravure légère, gracieuse, qui rappelle les
vignettes des beaux livres du xvm» siècle. Tout y est arrangé
avec un goût des plus délicats ; le dessin est élégant, et la couleur
d'une douceur infinie. Ce serait vraiment parfait si l'on pouvait
ajouter au visage de la muse un peu plus de distinction et
retrancher à son bras gauche quelques millimètres.

Les eaux-fortes de Jules Lefebvre, l'Orgie galante, et du
comte d'Osmoy, Chœur de pasteurs, sont remarquables par des
qualités tout opposées à celles de M. Hédouin, par la puissance
et l'énergie de l'effet. Celle de M. J. P. Laurens, la Pieuvre, est
étrange, mais bien dans le caractère habituel du peintre, avec
une intensité de mouvement qui n'est pas fréquente dans son
œuvre. La femme blanche de M. de Beaulieu, couchée sur ce
fond noir où percent des croix funéraires, nous ramène au sou-
venir de l'épicuréisme romain qui associait obstinément la
volupté et la mort : Cras moriemur. Demain nous mourrons,
jouissons donc de la vie!

Les petits soldats de bois de M. Détaille sont drôles, et la
Brise de M. Bouguereau, quelque peu maniérée, a cependant
plus de distinction dans l'ensemble que les grandes figures de
ses tableaux. En revanche, certaines parties, le pied droit par
exemple, sont étrangement dessinées. M. Bouguereau ne se
sera pas donné la peine de l'achever. C'est sans doute â cela
qu'elle doit cette distinction inaccoutumée. Le Madrigal, de
M. A. Masson, est un peu trop accentué. Il aurait fallu, pour être
en harmonie avec le sujet, une facture moins énergique, quelque
chose de léger et de flottant comme la figure de M. Hédouin.

M. Veyrassat n'a pas assez concentré son effet. Cette lumière
également dispersée partout perd toute valeur. Comment
d'ailleurs admettre qu'elle éclaire par devant les personnages
qui lui tournent le dos? Je sais bien qu'il n'y a là qu'un effet de
perspective, mais il n'est pas moins fâcheux. Evidemment il
faudrait rapprocher sur le devant de l'étable la lampe qui est
suspendue tout au fond, derrière les fileuses.

Ces critiques de détail n'empêchent pas le livre de M. le
comte d'Osmoy d'être un livre très intéressant et que les
amateurs seront enchantés de pouvoir mettre dans leur biblio-
thèque.

Eugène Véron.

LA SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT DES BEAUX-ARTS

DE SAINT-PÉTERSBOURG

La Société d'encouragement des ans de Saint-Pétersbourg
compte déjà près de soixante années d'existence. Fondée en
1829 sous les auspices de M. de Tomilow et du comte Viel-
horsky, elle a eu tour à tour pour présidents le duc de Leuch-
tenberg, la grande-duchesse Marie, et elle est présidée, depuis la
mort de cette dernière, par sa fille, la princesse Eugénie d'Ol-
denbourg.

La Société est une institution privée, placée sous le patro-
nage de l'Empereur. Elle est composée d'un nombre illimitée
de membres, qui s'élève aujourd'hui à plus de 500, et est admi-
nistrée par un comité élu parmi les sociétaires, et renouvelé
par tiers chaque année.

Elle a pour but de propager en Russie le goût des arts, les
notions du beau, et de venir en aide aux talents nationaux qui
se font jour dans les arts plastiques. A cet effet, la Société met
à la disposition des jeunes gens désireux de s'instruire toutes les
ressources en son pouvoir, fournit les matériaux nécessaires à
leurs études, paye leurs professeurs, et donne même aux plus
habiles parmi eux les moyens de se perfectionner dans leur
art en voyageant à ses frais. Elle entretient, dans un des endroits
les plus populeux de la capitale, une exposition permanente où

est acceptée sans exception toute œuvre d'art, pour y être expo-
* sée ou vendue, et elle y achète élle-mème des productions d'ar-
tistes russes, pour en faire une loterie annuelle tirée au profit
de ses membres.

En outre, elle organise chaque année un concours où les
meilleurs tableaux reçoivent des prix en argent.

Enfin, elle assigne une somme annuelle pour servir aux
artistes des avances garanties par leurs œuvres.

Les institutions fondées par la Société et en dépendant
sont :

]° Une école de dessin avec des ateliers;
2" Un musée avec une bibliothèque:

3° Une exposition permanente d'objets d'art, avec une
chambre de vente aux enchères.

I

école de dessin et ateliers.

Ce n'est qu'à partir de 1857 que la Société a pris à sa
charge l'entretien de l'École. Placée jusqu'à cette époque entre
les mains de l'État, elle n'avait d'autre but que de préparer les
 
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