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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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Notre eau-forte
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0148

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120

L'ART.

cution, le tableau de la Cène, immense composition, qui ne me-
sure pas moins de huit mètres de longueur sur quatre de
hauteur, le Portement de la croix, la Mise au tombeau, qui sont
aujourd'hui complètement achevés, et enfin la Flagellation, un
Ecce homo, le Baiser de Judas..., qui seront prêts, sous peu de
jours, à aller avec les précédents faire l'ornement de l'église de
Saint-Isaac.

Ainsi que le dit l'éminent écrivain auquel nous avons em-
prunté quelques-uns de ces détails, « les juges les plus sévères
et les plus compétents reconnaissent que ces tableaux ne laissent
rien à désirer. La hardiesse des lignes, la correction du dessin,
l'éclat du coloris, l'admirable expression des figures, le moelleux
des contours, la beauté des vêtements, la richesse des broderies
et des pierres précieuses dont ils sont ornés, enfin la parfaite
exactitude des moindres détails, reproduisent si bien les œuvres
originales, et font illusion à tel point, qu'en regardant ces mo-
saïques à quelques pas de distance, il est impossible de ne pas
se persuader que ce soient des peintures à l'huile. »

Telle est cette remarquable exposition, qui témoigne une
fois de plus du degré de perfection auquel est parvenu en Russie,
sous l'intelligente direction et sous les patientes mains des Bo-
nafédé, des Michaïloff, des Bouroukine, des Khmelowsky, des
Alexeïeff, des Froloft, des Stchètinine, des Agafonoff, des Mou-
ravieff, des Goloubtzoff, etc., cet art de la mosaïque, qui, suivant
l'heureuse expression de Georges Sand, a sur la peinture le
double avantage « de résister à la barbarie des temps, comme
aux outrages de l'air ».

Quant à l'exposition de Vereschagin, c'a été un grand événe-
ment, et tout le temps qu'elle a été ouverte — gratuitement —
au public, une foule considérable, où la « touloupe » du moujick
coudoyait le brillant uniforme de l'aide de camp général, n'a cessé
de se presser, surtout devant les tableaux qui représentent des
épisodes de la dernière guerre russo-turque. C'est du reste une
ancienne connaissance pour Paris, et ce serait tomber dans une
redite inutile que d'en faire ressortir aujourd'hui les exubé-
rantes beautés. Qu'il y ait dans cette œuvre touffue du grand
maître de « l'impressionnisme » des pages d'une valeur excep-

tionnelle, telles que le Tigre, les Vainqueurs, le Convoi des
blessés, la Bénédiction du champ de bataille, Devant Chipka,
l'Espion... etc., personne ne le conteste, mais où le dissen-
timent commence, c'est dans l'appréciation de la portée morale
et politique de certaines de ces toiles. Pour les uns, Veres-
chagin a poussé trop loin le réalisme et la satire. Pour les
autres, au contraire, il a eu raison, et mille fois raison, de
peindre les horreurs de la guerre dans leur sinistre et triviale
brutalité. Les controverses les plus passionnées se sont élevées
à ce sujet dans la presse locale, et la bataille a été un moment
engagée sur toute la ligne. La critique russe a été à peu près
unanime à louer celles de ces peintures qui représentent des
sujets indiens, mais à propos de certaines scènes de la guerre
russo-turque, et notamment du tableau intitulé Nos Captifs,
plusieurs journalistes se sont même avisés de reprocher à
M. Vereschagin une absence totale de patriotisme, reproche
auquel l'artiste a répondu par une protestation énergique publiée
dans les journaux. Quel que soit le résultat de cette mêlée
générale, Vereschagin n'en restera pas moins un artiste de
premier ordre, si, comme il faut l'espérer, il sait éviter l'exagé-
ration de ses qualités. Cette remarquable collection de peintures,
qui a eu tant de succès l'année dernière à Londres et à Paris,
vient d'être vendue aux enchères à Saint-Pétersbourg. Sur
135 tableaux, 25 ont été retirés; les 110 autres ont atteint
ensemble la somme de 120,000 roubles.

L'exposition permanente de la Société d'encouragement
des beaux-arts n'a pas voulu rester en arrière de ses concur-
rentes, et elle vient d'ajouter un nouvel attrait aux précieuses
collections de son musée : ce sont les 50 cartons originaux, par
A. Liezen Mayer de Munich, destinés à l'illustration du Faust
de Gœthe. Parmi ces beaux dessins, d'une composition aussi
ingénieuse que poétique, les plus remarquables, sans contredit,
sont : Marguerite jouant avec sa sœur (n° 28), 77 m'aime (n° 29),
Marguerite à la fenêtre (n° 32), Marguerite au rouet (n° 33),
la Déclaration (n° 35), Marguerite à la fontaine (n° 37), etc.,
dont les sujets sont traités avec une rare délicatesse de touche et
un sentiment exquis.

NECROLOGIE

■— M. Théodore Gudin, le peintre de marine bien
connu, vient de mourir. Il était né à Paris en 1802. Il fut
pendant quelque temps l'élève de Girodet-Trioson, puis
rompit avec ses traditions et s'envola parmi les roman-
tiques. Il peignit exclusivement des paysages et des marines.
Dès 1822 il fut remarqué au Salon. En 1824 il obtint une
médaille d'or, fut décoré en 1828, après avoir produit
le Retour des Pêcheurs et l'Incendie de Kent. Le Sauvetage
des passagers de Colomb, Un Coup de vent dans la rade
d'Alger, la Frégate « la Sirène » prise par un coup de
vent, là Détresse, l'Explosion du fort de l'Empereur à
Alger, Une Vue de Constantinople, Une Vue de l'Orne,
Un Lever de lune, la Prise de la goélette « le Hasard »,
furent exposés par lui de 1830 à 1842.

De 1838 à 1848 M. Gudin a peint plus de quatre-vingts
marines. En 1861 il exposa la Flotte française se rendant
à Brest, l'Arrivée de la reine d'Angleterre à Cherbourg, la
Plage de Scheveningue, la Dispersion de l'Armada et Une
Côte anglaise.

Au Salon de 1863 il produisit les Rochers de Girdlness,
Un Cataclysme et Une Côte hollandaise; en 1864, Une
Solitude en mer et Une Tempête sous le Tropique; en 1865,
le Navire « le Bossuet » sortant du Havre.

Après plusieurs années d'illustration, M. Gudin était
depuis longtemps retombé dans un oubli bien mérité.

Il était commandeur de la Légion d'honneur depuis
1855.

NOTRE EAU-FORTE

Cette livraison est accompagnée d'une planche gravée pour l'Art par Ramus, d'après le beau tableau de C. C. Van Haanen
Ouvrières en perles, à Venise, qui figurait à l'Exposition universelle de [878.

Le Directeur-Gérant

EUGÈNE VÉRON.
 
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