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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Silhouettes d'artistes contemporains, [1], J. de Nittis
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0027

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SILHOUETTES D'ARTISTES CONTEMPORAINS1

J. DE NITTISj

<(. ...Un matin de la fin de novembre... Le brouillard était froid, mais blanc comme de la
vapeur de neige; et tendu derrière les glaces du grand coupé, il égayait de reflets d'or le journal
déplié dans les mains du docteur... Là-bas, dans les quartiers populeux, resserrés et noircis, dans
le Paris commerçant et ouvrier, on ne connaît pas cette jolie brume matinale qui s'attarde aux
grandes avenues; de bonne heure l'activité du réveil, le va-et-vient des voitures maraîchères, des
omnibus, des lourds camions secouant leurs ferrailles, l'ont vite hachée, effiloquée, éparpillée;
chaque passant en emporte un peu dans un paletot râpé, un cache-nez qui montre la trame, des
gants grossiers frottés l'un contre l'autre. Elle imbibe les blouses frissonnantes, les waterproofs
jetés sur les jupes de travail; elle se fond à toutes les haleines chaudes d'insomnies ou d'alcool,
s'engouffre au fond des estomacs vides, se répand dans les boutiques qu'on ouvre, les cours
noires, le long des escaliers dont elle inonde la rampe et les murs, jusque dans les mansardes
sans feu. Voilà pourquoi il en reste si peu dehors. Mais dans cette partie de Paris, espacée et
grandiose, où demeurait la clientèle de Jenkins, sur ces larges boulevards plantés d'arbres, ces
quais déserts, le brouillard planait immaculé, en nappes nombreuses avec des légèretés et des
floconnements de ouate.

« C'était fermé, discret, presque luxueux, parce que le soleil derrière cette paresse de son
lever commençait à répandre des teintes doucement pourprées, qui donnaient à la brume
enveloppant jusqu'au faîte les hôtels alignés, l'aspect d'une mousseline blanche jetée sur des
étoffes écarlates. On aurait dit un grand rideau abritant le sommeil tardif et léger de la fortune,
épais rideau où rien ne s'entendait que le battement discret d'une porte cochère, les mesures en
fer-blanc des laitières, le grelot d'un troupeau d'ânesses passant au grand trot suivi du souffle
court et haletant de leur berger, et le roulement lourd du coupé de Jenkins commençant sa
tournée de chaque jour2... »

Cette page si fraîche et si claire, qui ouvre le Nabab, m'est souvent revenue à l'esprit pendant
que je regardais ces paysages parisiens qui tiennent une place importante dans l'œuvre de J. de
Nittis. Rien mieux que cette citation n'évoque l'esprit incisif et poétique de ces études que
Nittis rapporte, étonnamment avancées, d'une station de quelques heures dans un coupé, et qu'il
n'a plus à l'atelier qu'à préciser en substituant cà et là à des indications sommaires une touche
plus appuyée d'huile ou de pastel. La comparaison est d'autant plus exacte que l'on retrouve
encore dans le premier paragraphe un rapport direct avec cette partie de l'œuvre plus brumeuse
et plus amère, qui traduit les quais de la Tamise dans Londres. Mais je ne veux point prolonger
le parallèle. Il faut l'arrêter à ces points de rencontre de deux esprits artistes, également doués

i. L'exposition des œuvres de J. de Nittis, qui vient de s'ouvrir dans les galeries de l'Art, comprend :

Peintures a l'huile. — i. Ljeçon de patinage {grand lac du bois de Boulogne). — i. Promenade dans un bois de sapin (au bois de
Boulogne, par la neige. — 5. Dimanche dans la Cité (Londres). — 4. Sous les marronniers (rond-point de l'Arc-de-Triomphe).— 5. Portrait de

Mme de N..... — 6. Temps gris sur le golfe de Naples (environs de Pompéi). — 7. Jardin des Tuileries (l'homme aux oiseaux). — 8. Hyde Park

(la Serpentine). — 9. Portrait de femme, à Hampton-Court. — 10. Femme en blanc, vue de dos. — 10 bis. Torre annunciada (environs de Naples).

Pastels. — 11. Les Premiers bourgeons au jardin des Tuileries. — 12. Etude des quais avec fond de la Cité. — 15. Vue prise du pont de
l'Aima. — 14. Avenue du bois de Boulogne (au fond, l'Arc-de-Triomphe). — 15. Femme en blanc, debout derrière une jalousie. — 16. Femme en
chapeau noir (intérieur). — 17. L'Esplanade des Invalides après les grandes gelées. — 18. Femme en noir, assise dans un jardin. —
19. Portrait de Jacques de N... — 20. Etude de femme en manteau de fourrure. — 21. Profil de femme blonde.

Aquarelles et Gouaches. — 22. Avenue de la Grande-Armée (aquarelle). — 25. Avenue des Acacias (étude). — 25 bis. Côté droit de
l'avenue du bois de Boulogne (le soir). — 24, 25, 26, 27 et 28. Éventails (aquarelles). — 29. Premiers travaux au Trocadéro (1878).

Eaux-fortes. — ;o. Étude d'homme en blouse, à mi-corps. — 51. Une Illumination dans Paris.

■2. Alphonse Daudet. Le Nabab (Mœurs parisiennes). Charpentier, éditeur. 1877, pages 5 et 4.

Tome XXI. 5
 
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