Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

DOI Artikel:
Montrosier, Eugène: Art dramatique, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0030

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ART DRA

M ATI QU E

Porte-Saint-Martin : Les Étrangleurs de Paris, drame en
cinq actes, par M. Belot. Théâtre-Français : Britannicus et
M110 Favart.

. . e *

M. Belot qui vient de faire jouer les Etrangleurs de Paris

au théâtre de la Porte-Saint-Martin a le monopole des drames

judiciaires. On se souvient du Drame de la rue de la Paix,

représenté à YOdéon, et de l'Article 47 donné à l'Ambigu. Cette

fois il s'agit d'une bande d'étrangleurs qui sème l'épouvante

dans tout Paris. Le dernier exploit à l'actif de cette bande

M. DUMAINE, rôle d'Attila. — Dessin de Th. Thomas.

c'est l'assassinat du capitaine Guérin, et le vol des 500,000 fr.
qu'il venait de toucher et qui devaient constituer le plus clair de
la dot de sa fille. Ce crime commis en pleine capitale, ne laisse pas
que de surexciter l'opinion publique et le zèle de la police. Deux
fins limiers suivent la trace d'un homme qui, le jour du crime,
s'est présenté chez le capitaine, le sachant absent, et qui a paru
examiner tous les êtres avec un intérêt trop vif. Cet homme
occupe de modestes fonctions chez le notaire de la victime ; un
hasard le met en présence de la fille du capitaine; elle le recon-
naît, le dénonce et le fait arrêter. II a pris le nom de Jagon;
mais son vrai nom est Simonnet ; s'il a tué et volé, c'est par
amour paternel. Oui, il a gravi tous les échelons du crime pour
sa fille qu'il a mariée à un aventurier dont il a fait un complice
dans le fol espoir que son gendre, enrichi par lui, heureux par
lui, adorerait sa fille. Ce père, c'est l'envers du roi Lear ou du
père Goriot. La fortune qu'il jette sous les pieds de son enfant
est teinte de sang. Jagon jugé, condamné, est dirigé sur le
bagne, lorsqu'on lui apprend que sa fille a été étranglée par son

mari. Il s'évade, revient en France, pénètre dans la salle des
assises où le mari meurtrier est acquitté comme ayant agi pour
venger son honneur conjugal et, rappelant le crime du boule-
vard Bessières, dont il explique toutes les circonstances, il
accuse son gendre de complicité. Puis après ce bel acte de
justice il se tue, non sans avoir réhabilité un malheureux qui
avait été condamné à tort avec lui. Des situations très tendues,
quelques échappées d'honnêteté traversent ce drame très sombre,
mais d'un intérêt saisissant. L'auteur a traité avec une habileté
qui ne manque pas de puissance, ce thème un peu ingrat à force

M. MARAIS, rôle de Walter. — Dessin de Th. Thomas.

d'être antipathique. Il a tracé des tableaux dont le souvenir
reste et dont le réalisme attire malgré sa grossièreté. Le tableau
chez le juge d'instruction, l'acte de la Grande-Roquette qui
impressionne comme une page d'Edgard Poë, la mort de
Mm0 de Rubas, ont produit une vive impression sur le public
peu sentimental du premier soir. C'est assez dire que cette
œuvre, malgré sa complication et ses brutalités, n'est pas une
œuvre sans mérite. C'est ce qui explique que nous ayons cru
devoir en dire un mot dans cette Revue.

Une mise en scène très remarquable, d'un intérêt d'autant
plus grand qu'elle a l'attrait de la nouveauté ; un tour de force
pour la figuration ; un ensemble d'interprétation hors ligne avec
des artistes sans peur et sans reproche, Taillade en tête, telles
sont les bases sur lesquelles la pièce montée par M. Paul Clèves
est assise pour longtemps.

A la Comédie-Française, M"» Favart vient d'aborder pour la
première fois le rôle d'Agrippine. Nous avons vu dans ce même
rôle, il y a quelques années, Mm0 Arnould-Plessy, et l'impres-
 
Annotationen