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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Montrosier, Eugène: Art dramatique, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0031

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ART DRAMATIQUE.

sion qu'elle nous a laissée de cette tentative est encore des plus
vivantes. Mm0 Plessy avait donne à cette figure si largement
peinte par Racine l'intensité de relief qu'à un autre moment
elle avait prêtée à la Clorinde (l'Aventurière) d'Augier.

M"e Favart est rentrée dans la tradition classique. Elle qui
fut, il y a dix ou quinze ans, l'actrice acclamée, adulée, la co-
médienne passionnée et quelquefois tragique même dans les
comédies en habits noirs ; elle qui fit courir et frissonner tout
Paris dans les oeuvres d'Augier et dans celles de Musset, la pro-
tagoniste d'Hugo en 1867, la créatrice de Julie, de Feuillet, et
de vingt autres pièces dont les noms résonnent comme des
noms de bataille, vient d'éteindre ses ardeurs sous le peplum aux

M. REBEL, rôle d'El'ak. — Dessin de Th. Thomas.

longs plis. Elle nous est apparue l'autre soir, calme, auguste,
portant sur son visage aux contours harmonieux, comme une
espèce de mélancolie où se lisaient tour à tour et le souvenir des
triomphes d'hier et les appréhensions des luttes de demain.

Odéon : Les Noces d'Attila, drame en quatre actes,
de M. Henri de Bornier.

Lorsque le rideau s'est levé sur le drame attendu, nous
avons eu tout d'abord à admirer un des trois beaux décors de
Chéret. C'est une station d'Attila au bord du Danube. De grands
sapins se profilent aux deux côtés de la scène. Au-delà du fleuve,
très large, à une distance que la perspective fait paraître loin-
taine, de hautes montagnes dressent leurs pics neigeux. Un pont
de bateaux sert de passage à tous les prisonniers ramassés par
Attila qui apparaissent dans un désordre qui ne manque pas de
grandeur. Les Huns, les Gaulois, les Francs, les Burgondes, les

Mèdes, les Romains défilent devant les chefs de l'armée d'Attila
qui se préparent au partage du butin. Ce début, d'un arrange-
ment heureux et d'une allure superbe, nous faisait songer au
tableau de Gleyre : Romains passant sous le joug.

Cependant on procède au partage des prisonniers, parmi
lesquels se trouvent Eric, roi des Burgondes, et sa fille Hildiga .
Cette dernière, très belle, excite bien des convoitises et peut-être
serait-elle, comme Hélène, la cause d'une nouvelle guerre
troyenne si Attila, arrivant subitement, n'arrêtait les compé-
titions en s'adjugeant Hildiga comme esclave. Quant au reste
des prisonniers, il est distribué à la foule des soldats, des prê-
tresses ou des courtisans du Fléau de Dieu.

M. VIALDY, rôle de Hernock. — Dessin de M. Thomas.

A l'heure où le poète nous le montre, Attila nourrit l'espoir
d'épouser Honoria, sœur de Valentinien, empereur de Rome. Il
fait des préparatifs pour recevoir sa fiancée et, par ses ordres,
un palais est sorti de terre, magnifique cadre pour la fière figure
qui doit s'y montrer. Mais le vieil orgueil romain s'est révolté ;
les patriciens se sont émus et les matrones elles-mêmes ont
protesté. C'est ce que vient annoncer en vers retentissants
l'ambassadeur Maximin.

Attila, crois-tu donc
Que nctre chute soit si complète et si prompte,
Que Rome à tout péril préfère toute honte?
Oui, tu nous as vaincus, tu peux nous vaincre encore ;
Nous pourrons te livrer nos richesses, notre or,
Nos colonnes de bronze et d'airain revêtues.
Une ville de marbre, un peuple de statues,
Nos temples, nos palais, nos vaisseaux, nos soldats,
Nos empereurs, nos dieux — mais nos femmes, non pas!
La matrone romaine esclave ou prisonnière
C'est l'affront éternel et la honte dernière!
Honoria, parmi tes femmes, ne serait
Qu'une esclave de plus, et le monde dirait :
 
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