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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Musée des Arts Décoratifs fondé par les Sociétés Réunies de "L'Union Centrale" et du "Musée des Arts Decoratifs" au Palais de l'Industrie
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Champier, Victor: Le monument de Corot à Ville-D'Avray
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0297

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LE MONUMENT DE CO

cants, des modèles nombreux et parfaits; il faut les mettre en
présence de documents professionnels de nature à stimuler leur
imagination, à diriger leur goût, si nous voulons conserver
notre suprématie artistique.

« Ce n'est pas seulement une question de gloire, c'est une
question de prospérité matérielle, car les œuvres de l'art appliqué
à l'industrie sont, dans notre pays, une des causes fondamentales
de la fortune publique.

« L'Angleterre, avec son esprit merveilleusement pratique,
l'a si bien compris qu'elle a fondé par souscription le South
Kensington Muséum ; on sait quels ont été les résultats de cette
institution qui en peu de temps fit faire à nos voisins des pro-
grès considérables.

« D'autres pays ont suivi cet exemple : à Vienne, à Moscou,
à Nuremberg, en Italie, en Amérique, dans presque toutes les
grandes villes de l'étranger, on ouvre des musées spéciaux, au
milieu desquels les ouvriers et les artistes viennent s'inspirer des
chefs-d'œuvre passés et présents de l'art industriel.

« La France ne doit pas rester en arrière dans cette voie.

<( Elle doit, elle aussi, avoir son Musée des Arts décoratifs,
et. comme en Angleterre, c'est à l'initiative privée que revient
l'honneur de le fonder.

« Une telle institution sera profitable au public tout entier,
aux producteurs comme aux consommateurs. Les uns y trouve-
ront les modèles spéciaux à chaque industrie, des conférences,
une bibliothèque. Les autres y apprendront l'histoire pour ainsi
dire vivante de l'art décoratif.

« Enfin, la province participera aux bienfaitg de cet ensei-
gnement par les yeux, grâce aux expositions régulières qu'orga-
nisera le Musée dans les villes des départements, grâce à ses
collections de moulages qu'on mettra à la disposition de toutes
les écoles de dessin, grâce aux concours qui seront partout pro-
voqués.

« Telle est l'œuvre d'utilité publique au succès de laquelle
tous doivent contribuer.

« Le Comité fondateur du Musée des Arts décoratifs, fort
des convictions patriotiques qui l'animent et du désintéresse-
ment absolu avec lequel il se consacre à sa tâche, ne craint donc
pas d'adresser un appel chaleureux à tous ceux que passionnent
la gloire et la prospérité de la patrie, aussi bien que les intérêts
de l'art. Il espère que les amateurs, les fabricants, les ouvriers,
les artistes, voudront participer de leurs deniers à la création
du Musée.

« Le Musée des Arts décoratifs, primitivement installé au
pavillon de Flore, est actuellement au palais de l'Industrie. Le
gouvernement lui a donné le local, et l'encourage de son bien-

ROT A VILLE-D'AVRAY. 237

veillant concours. Grâce aux souscriptions déjà recueillies, et
qui s'élèvent à la somme d'environ 250,000 francs, une Exposi-
tion d'art contemporain a déjà pu être organisée au pavillon
de Flore avec un grand succès; des objets ont été achetés, des
vitrines installées, d'autres acquisitions vont être faites.

« Le moment est venu où le Musée doit entrer dans sa pé-
riode d'organisation définitive.

« On participe à l'œuvre de la manière suivante :

« i° Une souscription annuelle de 100 francs donne droit
au titre de membre du Comité de patronage;

v 2° Une souscription de 500 francs, payable en une fois
ou en cinq annuités, donne droit au titre de membre cofon-
dateur;

« 5° Une souscription annuelle de 20 francs donne droit au
titre de sociétaire.

« Les souscripteurs ont droit à une carte d'entrée person-
nelle.

« Les souscriptions sont reçues au palais de l'Industrie
(porte 7), au nom de M. Gasnault, secrétaire général du Musée
des Arts décoratifs. »

Comité directeur : M. le duc de Chaulnes, président ;

M. le marquis de Chennevières, directeur honoraire des
Beaux-Arts, membre de l'Institut, président par intérim ;

M. le vicomte de Ganay, vice-président ;

M. de Champeaux, sous-chef du bureau des Beaux-Arts à la
préfecture de la Seine, secrétaire.

Membres : MM. André (Edouard), président de l'Union
centrale des Beaux-Arts appliqués à l'industrie; Ballu, archi-
tecte, membre de l'Institut; Barrias (Félix), artiste peintre;
Berger (Georges), ancien directeur des sections étrangères à
l'Exposition universelle; Biencourt (le marquis de); Bocher
(Emmanuel); Boucheron, joaillier; Bouilhet (Henri), manufac-
turier; Dalloz (Paul), directeur du Moniteur universel; Drey-
fus (Gustave); Duplan, manufacturier, à Paris; Dupont-Auber-
Ville; Fourdinois, manufacturier; Gérard (le baron); Goupil
(Albert); Guillaume, membre de l'Institut, ancien directeur gé-
néral des Beaux-Arts; Lafenestre (Georges), inspecteur des
Beaux-Arts; Liouville (Albert), avocat à la Cour d'appel; Long-
périer (Adrien de), membre de l'Institut; Louvrier de Lajolais,
directeur de l'École nationale des Arts décoratifs; Mannheim, ex-
pert; Mantz (Paul), publiciste; Proust (Antonin), député;
Rothschild (le baron Adolphe de); Sabran (le duc de); Sour-
deval (de).

Membres adjoints : MM. Clément de Ris (le comte), con-
servateur du Musée de Versailles ; Ephrussi (Charles) ; Fould
(Léon); Gay (Victor); Liesville (A. de); Taigny (Edmond).

LE MONUMENT DE COROT A VILLE-D'AVRAY

Combien elles ont de charme et de réconfortante poésie les
cérémonies comme celles de l'autre jour à Ville-d'Avray, qui
s'adressent à la mémoire de nos morts illustres ! Combien sur-
tout elles raniment dans le cœur les sentiments de reconnais-
sance et de justice quand le mort se trouve être, comme le grand
peintre Corot, un artiste admirable et un homme de cœur !

« Hier, Corot était encore dans la lutte, dans la lutte obs-
tinée, ou plutôt dans le triomphe, triomphe tardif mais enfin
éclatant. Demain la justice impérissable, la gloire commencera
pour son nom. » Qui a dit cela? C'est le marquis de Chenne-
vières, le 26 février 1875, au Père-Lachaise, sur le bord de la
tombe où le peintre venait d'être couché pour jamais. La même
pensée était exprimée, à peu près à la même date, dans cette

revue, par M. Jean Rousseau, en tète de la magistrale étude
consacrée par lui au talent du maître L'Institut, disait-il, n'a
rien compris à Corot. L'Institut « en sera quitte pour mettre un
de ces jours le buste de Corot dans le local de ses séances, en le
décorant de cette inscription pieuse qu'on a déjà dû apposer, en
guise de meâ culpâ, au buste de Molière :

Rien ne manque à sa gloire : il manquait à la nôtre.

Passons vite. » Si l'Académie des Beaux-Arts n'a pas encore
le buste expiatoire, c'est affaire à elle ; il y sera tôt ou tard, comme
sa statue sera bientôt sur la façade de l'Hôtel-de-Ville reconstruit.
En attendant, le pays qu'il aimait, Ville-d'Avray, ce délicieux
coin de verdure où il se retirait depuis le printemps jusqu'à

1. Voir l'Art, 1™ année, tome I", page 242
 
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