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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Pro Patria
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Énault, Louis: L' art algérien, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0342

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f

282 L'ART.

sexes est illimité et chacun fixe à volonté sa souscription annuelle; toutes sont acceptées, si
minimes qu'elles soient, ne fussent-elles même que d'un franc par an. Il a été largement répondu
au premier appel de la Société et l'Art a tenu à honneur de s'inscrire en tête des souscripteurs
étrangers.

Paul Leroi.

(La suite prochainement.)

L'ART ALGÉRIEN1

(fin)

IV

Le catalogue, élégamment illustré par de belles photogra-
vures de M. Portier, un des premiers photographes d'Alger,
renferme un peu plus de 800 numéros, qui se décomposent
ainsi :

494 tableaux ;

58 sculptures ;

106 dessins, aquarelles, pastels, miniatures, projets, lavis ou
reproductions d'architectures;
43 gravures ;

49 pièces de céramique et d'émail ;

Une cinquantaine de photographies, et à peu près autant
d'objets appartenant à l'art décoratif.

Débarqué depuis quelques jours à peine sur la terre d'Afri-
que, et venu tout particulièrement pour étudier I'Art algé-
rien aux lieux mêmes où il se produit, je me sens attiré tout
d'abord par des sujets dans lesquels je suis certain de retrouver
la couleur locale, soit qu'ils aient pour auteur? les peintres du
pays, ou des artistes qui sont venus étudier ici cette nature
grandiose, cette splendeur d'un ciel d'azur, et cette pureté de la
lumière sereine dont rien ne saurait donner l'idée à ceux qui
végètent dans notre Europe pâle et froide.

M. Hippolyte Lazerges, honorable vétéran de nos salons
parisiens, est aujourd'hui un Algérisant convaincu. Fixé pour
longtemps, pour toujours peut-être, dans sa jolie villa d'un
faubourg d'Alger, à l'ombre des poivriers, des eucalyptus, des
palmiers et des bambous, il s'inspire uniquement aujourd'hui
de la nature et des hommes au milieu desquels il passe sa vie. Son
Biskri, causant avec une Juive sur la margelle d'un puits, est
une intéressante étude de deux types nettement accusés.

Une des notabilités artistiques de la ville, M. Labbé, direc-
teur de l'École municipale d'Alger, nous montre sous ce titre :
Mauresque faisant jouer son enfant, une échappée de vue sur la
vie intime de cette race voilée et discrète qui ne se montre pas à
tous les yeux ; le dessin en est exact et la coloration fine. Tout
près de lui, M. Chataud, dans un tableau qu'il intitule : la
Lionne et ses petits, nous montre à son tour l'intérieur pittores-
que d'une de ces maisons de la haute ville, aux colonnes de
marbre, aux murs intérieurs décorés de faïences polychromes,
aux fontaines jaillissantes, si bien faites pour tenter le pinceau
d'un artiste. C'est encore une Mauresque, mais celle-ci joue du
derbouka, au lieu de jouer avec son enfant, que nous montre
M. Hippolyte Dubois. On devine, on sent que le tableau a été
fait d'après nature. Je la reconnais cette séduisante créature,
au teint d'ambre, à l'œil de velours et de feu, à la lèvre épaisse,

rouge et sensuelle, à la chevelure lourde et noire, orgueilleuse
de sa ceinture brillante, de sa veste brodée d'or et de ses riches
bijoux.

M. Théodore Frère est allé peindre à Palmyre la toile qu'il
expose à Alger. Mais qu'importe ? dans les solitudes de Tadmor
ou dans le Sahara algérien, c'est toujours l'Orient qui s'impose
à l'artiste. L'impression du désert, le morne ennui qui pèse sur
les sables immobiles, l'effet mélancolique et grandiose des ruines
abandonnées, qui semblent jetées là par la main de quelque
géant pour jalonner l'espace infini, cette impression ineffaçable
dans l'âme de tous ceux qui l'ont éprouvée, la toile de M. Théo-
dore Frère nous l'a rendue tout entière, vivante et puissante.

Il y a dans cette ville d'Alger, si abondante en jolis motifs
pour les peintres, un petit coin vraiment délicieux, une marine
toute faite, adorable mélange d'eau bleue, de barques noires et de
maisons blanches. Cela s'appelle VAmirauté. M. Geille a vu là
un tableau : il l'a peint, il l'expose, et tout le monde le regarde
avec un réel plaisir.

Je dois à l'Exposition dont je rends compte en ce mo-
ment d'avoir connu les œuvres de deux artistes, MM. Eugène
et Henri Girardet, qui ont l'un et l'autre un bien juste et bien
vif sentiment de l'Orient. Celui-là plus pittoresque peut-être,
et, si j'ose dire, plus extérieur; celui-ci plus intime et plus ému,
mais également vrais tous les deux. Qu'ils nous montrent
l'Aveugle de Biskra, l'Abandonné de la caravane, le Cheval
blessé, le Paysage du Sahara, le Courrier du désert ou l'Oasis,
nous sommes toujours certains de pénétrer avec eux dans l'inti-
mité de la nature orientale : il est impossible de mieux con-
naître le sol, l'atmosphère ambiante, le ciel éclatant, l'homme,
la plante et l'animal de la zone africaine que nous occupons au-
jourd'hui. Il y a là, personne ne saurait le nier, des mains intel-
ligentes au service de deux esprits observateurs, sagaces et
pénétrants.

M. Huguet, lui aussi, a fait depuis longtemps ses preuves
d'orientalisme. Il a un sentiment à la fois très exact et très vif
de la nature algérienne ; il suffit pour s'en convaincre de regarder
son paysage, Une Gorge du Haut-Chéliff, enlevé par une brosse
hardie, qui ne connaît plus ni la difficulté ni l'obstacle.

M. Alexandre Hirsch a peint deux femmes, dont la place
est marquée d'avance dans le petit palais où s'abrite l'exposition
algérienne. Il est allé chercher l'une à Tétouan, et l'autre à Tan-
ger; elles sont assez montées de ton, bien africaines toutes deux,
mais avec des différences assez caractéristiques pour que l'on ne
soit pas tenté de confondre l'une avec l'autre. M. Huysmans, dans
sa Vue d'Alger; M. Lavezzari, dans l'Arrivée du kadi au village
arabe ; M. Abel Lecourt, dans le Pèlerinage des Arabes de l'Atlas

[. Voir tArt, 6" année, tome ii, page 259.
 
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