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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [1]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0085

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LA MAISON D'UN ARTISTE AU XIXe SIÈCLE

LES PORTRAITS GRAVÉS DE FEMMES DU XVIIP SIÈCLE1

ans le dénombrement rapide de mes gravures, je veux faire une
pause, une station aux portraits de femmes du xvmc siècle gravés,
et les étudier non pas seulement sous le rapport de la gravure,
mais au point de vue de leur beauté vraie, de leur caractère
physiologique, des détails techniques de leur costume et des fanfioles
de leur toilette, m'efforçant, avec un rien d'histoire, avec une anecdote
tenant dans une ligne, de faire faire au public la connaissance des
inconnues, des femmes dont le bruit de la vie s'est éteint avec le
siècle. Dans cette série, je joins aux portraits les estampes se rap-

Leure tirée d'un Ovide de i6>i portant à la biographie intime de la femme, les gravures satiriques,

les caricatures, les mémento historiques de certaines particularités
de la vie, et même, quand cela existe, la planche qui nous ouvre la chambre à coucher de la
femme, la planche qui nous donne l'effigie des animaux aimés avec lesquels s'est passée son
existence.

Madame Adélaïde de France. Peinte par Nattier, en 1756, sous l'allégorie de l'Air, gravée
par Beauvarlet. La troisième fille de Louis XV, la faiseuse du ministère Maurepas, la femme
personnifiant la politique anti-autrichienne, la dénonciatrice des amusements frivoles de Marie-
Antoinette, est représentée dans la beauté impérieuse de ses vingt-quatre ans, en déesse de l'Air,
traînée sur les nuages par un paon qui fait la roue.

Barbe Cochoy, marquise d'Argens. Petite eau-forte anonyme qui se trouve être à la fois une
des plus rares et des plus épouvantables portraits de femme du xviii6 siècle, avec son nez en pied
de marmite et ses rares cheveux ramenés sur le front comme un toupet d'homme. C'est cette
Cochoy, cette actrice attachée au théâtre de Berlin, dont Mainvilliers a raconté les amours, ainsi
que celles de toute la famille dans les « Mémoires d'un petit-maître philosophe », et qu'épousa le
chambellan du roi de Prusse à l'âge de soixante ans.

Marie-Thérèse, princesse de Savoie, comtesse d'Artois, née le 31 janvier 17^ 6, mariée à
Versailles le 16 novembre 1773. Peinte par Drouais, gravée par Cathelin. Des yeux d'une ingé-
nuité charmante avec un grand nez terminé par un méplat des plus bizarres. Nous retrouvons
la comtesse d'Artois dans un autre singulier portrait, où, derrière elle, est un berceau contenant
deux de ses enfants, et où, sur ses genoux, son dernier-né tout nu, et dans une forme embryon-
naire, foule un carreau de velours. Cette estampe est gravée par Ingouf, d'après la boëte donnée
par cette princesse à M. Busson, son premier médecin.

Anne-Charlotte Gauthier de Loiserolle, femme d'AvED, peintre du Roy. Peinte par Aved,
gravée par Balechou, son ami. La rude compagne du peintre de portraits : une tétonnière à la
tignasse noire, aux sourcils charbonnés, au visage verruqueux, au triple menton ; les robustes
épaules couvertes d'un manteau qui fronce.

f. Ces pages sont extraites d'un livre des plus intéressants que prépare m. e. de Goncourt, sous le titre général que nous mettons en tète
de cet article, et qui paraîtra dans quelques mois à la librairie Charpentier. Nous sommes heureux de pouvoir offrir à nos abonnés la primeur de
ce chapitre, où se retrouve tout le charme de ce style vivant et hardi qui est la marque de fabrique des livres sortis de la même main. {Note de
la Rédaction.)
 
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