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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [1]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0086

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64 L'ART.

« Magdeleine-Élisabeth Bailleu, femme de Nicolas Baillet, compagnon serger à Beauvais,
affligée depuis huit ans d'une néphrite très douloureuse qui la rendoit percluse de la moitié du
corps, guérie à Paris, en l'église de Saint-Germain-des-Prés, pendant les SS. Mystères, à
l'invocation de saint Maur, le mardi de la Pentecôte, 12 juin 1764. » Une tête de paysanne
émaciée sous un béguin, avec une croix au cou sur son fichu blanc.

Mme la comtesse du Barry. Peinte par Drouais, gravée par Beauvarlet. C'est le portrait en
habit de cheval montrant la maîtresse de Louis XV dans toute la séduction mutine de sa beauté
de trente ans, et qu'il faut avoir, comme je l'ai, avant la lettre.

Un portrait plus rare, gravé à Londres, d'après une peinture de Cosway, par Condé, nous
représente MmC du Barry à quarante ans, peut-être plus charmante encore avec ses grands yeux
en coulisse, les mille boucles de sa chevelure blonde, le charme amoureusement mourant de sa
personne d'alors.

La Chasseuse aux cœurs (M"e de Beaujolais, d'après l'attribution des catalogues d'estampes).
Peinte par Nattier, gravée par Henriquez. La princesse, très mal gravée par parenthèse, la prin-
cesse, une épaule sortant de sa courte chemise de déesse, essaye du bout d'un de ses doigts le
dard d'une flèche tirée d'un carquois d'amour.

M'nc du Bocage. Peinte par M"e Loir, gravée par Tardieu le fils. L'auteur du Paradis
terrestre, dont une branche de laurier passe en bandoulière sur la robe, a de beaux grands yeux
souriants et une bouche finement découpée.

Les catalogues de vente font de la Flore à son Lever, le portrait anonyme de Nattier, gravé
par Maleuvre, une Mme du Bocage, mais je crois l'attribution erronée. Nattier est, par excellence,
le portraitiste des femmes de race princière et ne descendait pas aux bourgeoises, aux littératrices.

Marie-Gabelle - L'SE de la Fontaine Solare de la Boissière. Peinte par La Tour, gravée
par Petit. Sous une coiffure basse, une courte et ramassée figure, au nez charnu, à la grande
bouche arquée, aux yeux veloutés et souriants, à la physionomie sensuelle et ironique, et au cou
gras coupé par un ruban noir. Accoudée de face sur le rebord de pierre d'une terrasse que
balayent les amples dentelles de ses engageantes, Louise de la Boissière a les deux mains enfoncées
dans un manchon, le blanc de sa poitrine un peu découverte apparaissant dans le détortillement
d'une fourrure jetée sur sa robe de velours.

Marie-Françoise Perdrigeon, épouse d'ÉTiENNE-paul Boucher, secrétaire du Roy, décédée
le 30 janvier 1734? âgée de 17 ans 3 mois et 16 jours. Peinte par Raoux, en 1733 ; gravée par
Dupuis, en 1736. Mme Boucher, habillée de satin blanc, et soulevant un voile qui couvre sa jeune
tête, en son costume de prêtresse de Vesta, — une allégorie affectionnée par le xvme siècle pour
le portrait de ses jeunes mortes — dépose un sarment enflammé sur un autel au pied duquel
est une magnifique aiguière, enguirlandée de fleurs.

Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon, née à Saint-Cloud, le
9 juillet 17^0. Peinte par Le Noir, gravée par Le Beau, en 1774- De petits traits peu réguliers
dans une figure poupine.

Louise-Adélaïde de Bourbon, fille du prince de Condé. La tendre et pure épistolaire d'amour
qui écrivit les lettres à M. de la Gervaisais, et qui devint plus tard la mystique sœur Marie-
Joseph de la Miséricorde, n'a pour portrait qu'une petite image de mode, bien plus préoccupée
de la représentation du bonnet au parterre galant que porte la princesse, que de la vraie figure
de Mademoiselle de Condé.

Edmond de Goncourt.

{I.a suite prochainement.)
 
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