Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

DOI Heft:
Chronique française et étrangère
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0147

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE. 119

un retable de l'école espagnole avec plaques d'ivoire sur les-
quelles sont peintes de petites figures de saints, 105 livres
sterling.

Egypte. — Le Builder, journal spe'cial, ordinairement
bien informé de ce qui a trait à l'architecture, pousse un cri de
détresse dans l'espoir de sauver les Pyramides. Il paraît qu'elles
sont bien malades. Même la grande pyramide de Chéops ne
serait pas épargnée. Un correspondant du Builder lui écrit qu'on
leur a enlevé, qu'on leur enlève encore de grandes pierres.
Pourquoi faire ? Du haut de ces monuments fameux quarante
siècles contemplent ce pillage sans réussir à l'empêcher. Aussi le
Builder demande-t-il une intervention diplomatique.

Italie. — L'exposition nationale des beaux-arts de Turin a
été ouverte officiellement le 25 avril. C'est l'une des plus impor-
tantes qui aient eu lieu en Italie.

Russie. — Les expositions artistiques ont foisonné dans ces
derniers temps à Saint-Pétersbourg.

I] en est jusqu'à cinq que l'on pourrait compter :

Exposition annuelle des artistes russes, exposition « ambu-
lante » à l'Académie des sciences, exposition des peintres mo-
saïstes, exposition de M. Vereschagiin enfin, l'exposition
permanente de la Société d'encouragement des beaux-arts.

A part quelques toiles d'une certaine valeur, l'exposition des
artistes russes, qui du reste n'est composée que de 183 numéros,
a été malheureusement cette année d'une médiocrité désespé-
rante .

Citons le meilleur, sinon l'excellent, et tout sera dit, ou à
peu près, sur cet incomplet spécimen de l'école russe contem-
poraine :

Une Scène de Don Quichotte (11» 6), par E. Urlaub. Compo-
sition pleine d'esprit et d'une grande finesse dans les détails. —
Le Départ du Conscrit (n° 20), par J. E. Riepnine, acheté par
S. A. I. le grand-duc Vladimir. Scène de la vie de campagne,
d'un naturalisme de bon aloi. Tonalité vigoureuse. Sans re-
cherche et sans afféterie dans l'agencement des personnages.
Manque un peu de lumière et de relief.

L'Imposteur (n° 21), par K. 13. Wenig. Tableau d'histoire,
représentant le moment où des gardes viennent arrêter le faux
Dmitri. Il se précipite avec terreur vers la porte entr'ouverte,
tandis que sa femme, affolée, regarde d'un œil hagard ce qui va
se passer. Tètes d'une expression commune, à part celle de la
femme. Costumes très habilement traités. — L'Enlèvement
d'Europe (n° 22), par Boncza Tomachevski. Tout rose et tout
azur. Très poétique et très délicat. — La Mer (n° 23), par
J. K. Cûvazovski. Effet de soir. Bel échantillon de la manière
du célèbre peintre de marines. — D'où viens-tu? (n° 49), par
K. A. Troutovski. Scène russe d'une charmante exécution. —
Coucher de soleil dans une forêt (n° 56), par A. J. Mestchersky.
Intensité de lumière poussée jusqu'à l'extrême. Perspective
par trop sacrifiée à l'effet. Premiers plans traités de main de
maître. — La Nuit (n° 77), par Soudkovsky. Très sobre et
très réussi. — Prisonnières monténégrines (n° 82), par Khoutari.
Groupe de femmes d'une grande expression. Exécution lourde
et incomplète, surtout dans les figures d'hommes. — Portrait
d'un Tcherkesse (n° 152), par E. K. Makaroff. Bien campé et sai-
sissant d'aspect.

Après la pluie (n° 167), par Bilibine. Paysage vigoureux et
bien venu. — Jeune Paysanne russe (n° 174;, par le baron
Witinghoff-Sheel. Un Millet russe. Figure insuffisamment mo-
delée, mais d'une vérité rare dans les détails de l'ajustement
et des accessoires.— Le Chaume (11° 19), par B. D. Orlovsky.
Œuvre de premier ordre, et supérieure en tous points aux six
autres toiles de son auteur. Facture large et éclatante de
lumière.

L'exposition « ambulante », qu'un groupe d'artistes dissi-
dents a organisée à l'Académie des sciences, n'est guère plus
satisfaisante que sa rivale de l'Académie des beaux-arts.

Parmi les 69 toiles qui la composent, une douzaine à peine
méritent une mention honorable :

La Pitié (n° 1), par N. N. Gué. Au milieu d'un bois en-
soleillé et riant, une jeune femme regarde avec commisération
un misérable couvert de haillons sordides. Sujet confus et sans
accent. Grande habileté de main dans la figure du mendiant-
Insuffisance absolue dans l'expression du visage de la femme.

Après la bataille (n° 11), par V. M. Vasnetsoff. Épisode du
temps de Egor Sviatoslavovitch. La terre est jonchée de
cadavres, au-dessus desquels deux vautours prennent leurs
ébats. Etrange, mais nul comme effet. Absence complète de
perspective. —Le Tapis volant (n° 12), par le même. Légende
russe. Composition baroque, qui aurait beaucoup gagné à être
réduite des trois quarts comme dimension. —La Jeune Fille
mourante (n° 13), par M. P. Klodt. Tableau d'intérieur. — Une
Route sur la Néva pendant l'hiver (n° 14), par A. K. Begroff.
Remarquable paysage bien éclairé et bien venu dans toutes
ses parties. — La Dame au voile (n° 21), par J. J. Léman. Tète
de femme couverte d'un voile noir. Habilement modelée. — Le
Jour de fête (n° 25), par J. M. Prianichnikoff. Paysan et pay-
sanne dansant devant une « izba ». Pris sur nature. Exécution
molle.

Dans la nuit (n° 28), par V. E. Makovsky. Des enfants
couchés sur l'herbe écoutent attentivement l'histoire que leur
raconte un de leurs camarades. Charmante toile, pleine de
variété dans l'expression des physionomies. — Les Morts dans la
clairière (n° 49), par V. D. Polienoff. — Les Avant-postes turcs
(n° 50), par le même. Echo amoindri des toiles impressionnistes
de Vereschagin. — Tête de jeune fille (n° 59), par Kharlamoff.
Étude vigoureuse et d'un type attrayant.

Portrait de la comtesse de Beauharnais (n° 69), par K. E.
Makovsky. Peinture chaude, mais d'un modelé insuffisant.
Étoffes largement traitées. Bien inférieur, comme effet, à l'aris-
tocratique beauté du modèle. Dessin incorrect du bras droit.

Si ces deux expositions laissent beaucoup à désirer comme
quantité et surtout comme qualité, en revanche l'exposition des
peintres mosaïstes est au-dessus de tout éloge.

L'art de la mosaïque est, du reste, depuis longtemps déjà en
honneur en Russie. Dès le xie siècle, le grand-duc Yaroslav Vla-
dimirovitch appelait des artistes grecs pour travailler à la déco-
ration de la cathédrale de Sainte-Sophie, qu'il faisait construire
sur l'emplacement même où il avait remporté la victoire sur les
Petchénègues. Les principaux tableaux qui restent de cette
époque sont une Image de la Sainte Vierge, une Sainte Cène,
les Figures des Apôtres, l'Archange Gabriel, et au couvent de
Saint-Michel, également à Kiew, une autre Sainte Cène.

En 1751, le célèbre poète Lomonosoff composait un poème
didactique sur l'utilité de la verrerie, et fondait, à l'instigation du
chancelier Vorontzoff, un atelier de peintres mosaïstes, où il
composait, avec l'aide de Mathieu Wassilieff, le Portrait de
l'impératrice Élisabeth, la Bataille de Pultava, qui se trouvent
encore à l'Académie des beaux-arts.

Après des fortunes diverses, l'atelier russe de mosaïque établi
en 1846, à Rome, par l'ordre de l'empereur Nicolas, fut trans-
féré, en 1851, à Saint-Pétersbourg, et placé sous la direction de
M. Justinien Bonafédé, auquel furent adjoints son frère Léopold,
MM. Cocchi et Rubicondi, et quatre artistes russes de l'atelier
de Rome, MM. Solnzaff, Raïeff, Schipovaloff et Fédoroff.

Après avoir fonctionné quelques années dans un des bâti-
ments de la verrerie impériale, l'atelier fut définitivement trans-
porté, en 1864, dans une des dépendances de l'Académie des
beaux-arts; c'est dans ce nouveau local qu'a lieu l'exposition
actuelle, et qu'on y peut admirer tour à tour les imposantes
figures de Saint Alexandre Nevsky, de Sainte Catherine, de
Sainte Anastasie, de Saint Spiridon, de Saint Serge, etc.,
des évangélistes Saint Jean et Saint Luc, toutes plus grandes
que nature.

Citons encore, comme de véritables chefs-d'œuvre d'exé-
 
Annotationen