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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Jean-Paul Panini, [1]: Peintre de fête publiques
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JEAN-PAUL PANINI. ioy

Voici une pièce de poésie écrite au sortir de la cantate où Son Éminence mettait sur la
belle scène de son palais les Divinités du Mont-Olympe :

Quel spectacle superbe, où d'une main savante
On sait rendre à nos yeux l'antiquité présente,
Et nous faire admirer ces pompeux monuments
Qu'avait ensevelis l'obscurité des temps !

Polignac. ton heureux génie
Ne pouvait éclater par un plus noble choix,
Jamais rien de plus grand n'étonna l'Italie.

On y voit briller à la fois
Le plaisir que t'inspire une auguste naissance,
Ton zèle pour ton roi, ton amour pour les arts,
Et tu fais succéder par ta magnificence
Les François aux Romains, les Louis aux Césars.

Le cardinal de Polignac, dont, par le superbe portrait de Rigaud, conservé au Louvre dans
la galerie Lacaze, on connaît la belle tête et le grand air, était certainement un demi-grand
homme, témoin son poème de VAnti-Lucrèce, célèbre parmi les latinistes. Il touchait encore
par maint autre point à notre monde des arts. 11 avait été habitué de bonne heure à se voir
célébré par les artistes dans leurs œuvres, car dès son brillant début dans la carrière diplomatique
on le voit fêté dans une allégorie signée du nom de Nicolas Delobel, membre de l'Académie
Royale, tableau représentant « l'histoire des négociations de la paix conclue à Utrecht en 1713,
par M. l'abbé de Polignac, Tun des plénipotentiaires du Roy. On découvre dans l'éloignement
la ville de Paris, et sur les bords de la Seine, on aperçoit la Religion appuyée sur un autel,
foulant aux pieds le monstre de la Discorde. » (Livret du Salon de 1741.)

D'ailleurs le poète de Y Anti-Lucrèce fut un amateur de grand goût et d'une avidité très
louable dans un cardinal, ainsi qu'on en peut juger par « l'État et description des statues tant
colossales que de grandeur naturelle et de demi-nature, bustes grands, moyens et demi-bustes
assemblés et rapportés en France par M. de Polignac. Paris, 1742, in-8. (Voir Duplessis, les
Ventes de tableaux, dessins et objets d'art.)

Mais cette fois les louanges des poètes romains et français devaient s'adresser à d'autres
qu'à lui. Seul Panini avait fait succéder « les François aux Romains, les Louis aux Césars ».
Son Éminence ordonna et paya; de concert avec le chevalier Chezzi, ou plutôt Ghezzi', homme
d'esprit vif et alerte, Panini s'ingénia, entreprit et exécuta. Ce récit du Mercure fait voir
l'imagination de Panini fécondant le canevas donné d'abord par le cardinal : concert, illumination.
De la cour de l'ambassade, l'on fait une salle de spectacle, et quel spectacle ! La vaste place
Navone un peu vide reprend son antique aspect de cirque romain; de hautes colonnes
s'élèvent surmontées de statues colossales à la gloire de la France. Panini fait mieux; il
célèbre à sa façon la naissance du Dauphin en perpétuant par son pinceau le souvenir des fêtes
de l'ambassade française.

Henry de Chennevières.

[La fui prochainement.)

1. Ghezzi (Il Cav. Pietro Leone) est ce peintre caricaturiste dont tous les amateurs connaissent les charges à la plume, exécutées non
seulement d'après toutes les notabilités de la Rome de son temps, mais aussi d'après les étrangers de quelque renom, qui séjournaient en
Italie. « Pio, dans son Mss., le fait naître à Arcoli et dit que son père ne voulait point en faire un peintre, mais qu'il y fut forcé par le goût
naturel que son hls témoignait pour cet art. Il a un talent merveilleux pour faire des caricatures. Il les dessine à la plume au premier coup,
pratique qu'il s'est rendue familière dès ses plus tendres années, parce que son père exigea de lui, lorsqu'il lui témoigna vouloir être peintre,
qu'il ne voulait point qu'il dessinât autrement qu'à la plume, et sans jamais se servir de mie de pain. C'est le duc de Parme qui l'a fait
chevalier, et il est extrêmement attaché à la maison Albani. Il est mort à Rome le 5 mars 1755, âgé de quatre-vingt-un ans. » (Abecedario de
Mariette.) Le Louvre, moins riche en caricatures de Ghezzi que les portefeuilles de nos collectionneurs, ne possède qu'unecopie ancienne de la
charge, curieuse d'ailleurs, qu'il avait dessinée d'après M. de Marigny et ses trois compagnons de voyage, Coehin, Soufflot et l'abbé
Leblanc. — La part d'exécutant que prend Ghezzi à la conduite des fêtes commandées par le cardinal Polignac, est encore plus explicitement
indiquée que dans le Mercure, par le document traduit de l'italien que nous avons cité à propos de la place Navone. « Les grandes idées ont été
mises en œuvre et en exécution par la direction et les talents connus du chevalier Ghezzi, ce qui a réveillé la verve de nos meilleurs poètes, qui
l'ont célébré par divers sonnets et autres pièces de poésies distribuées de tous côtés. »

Tome XXI.

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