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Robaut, Alfred: Peintures décoratives d'Eugène Delacroix au Salon du Roi ou Salle des Fleuves (Palais de la chambre des député)
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L'ART.
Carrache, soit même (dussions-nous faire fre'mir toute l'École par une telle comparaison), oui,
même à la Farnésine, dans l'histoire de Psyché par Raphaël ! Un tel rapprochement ne saurait
surprendre ceux qui savent avec quelle religion Delacroix a étudié le peintre du Vatican, ceux
qui ont lu les belles pages qu'il lui a consacrées. Nul ne songera en effet que le maître français
ait écrit autre chose que ce que lui dictait sa conviction, pas plus qu'il n'aurait voulu appliquer
dans son art des lois contraires aux grandes lois qu'il préconisait. Voici en effet ce qu'écrivait
Delacroix dans la Revue de Paris, t. II, 1830 : « Le nom de Raphaël rappelle à l'esprit tout ce
qu'il y a de plus élevé dans la peinture, et cette impression est confirmée par l'examen chez
tous ceux qui ont le sentiment des arts. C'est une espèce de culte que le respect de la postérité
pour ce grand homme, et il est peut-être le seul parmi les artistes de toutes les époques, je
n'en excepte pas les poètes, qui soit comme le représentant ou le dieu lui-même de son art. »
La Justice.
Peinture décorative du Salon du Roi au palais de la Chambre des députés, d'après Eug. Delacroix.
Dessin d'Alfred Robaut.
Le culte de Delacroix pour les grands maîtres, et surtout pour celui qui passe à bon droit
pour avoir eu au plus haut degré l'instinct de la beauté, était sincère, profond, motivé. Dès lors
on peut affirmer hardiment que, dans le grand travail qui lui fut confié au Palais-Bourbon, il
s'efforça d'atteindre aux qualités primordiales que le génie de Raphaël eût voulu lui-même y
apporter.
Les mérites rares et essentiels qui font la valeur considérable de cette œuvre d'Eugène
Delacroix sont d'une part l'idée et la forme, et d'autre part la couleur et l'exécution.
L'idée : quoi de plus noble que l'ensemble de cette vaste conception, les forces vives de
l'État : la Justice, l'Agriculture, l'Industrie, la Guerre! Mais les choses les plus naturelles et
les plus simples du monde, celles qui sont la morale de la vie, « ethicanaturalis », sont loin d'être
les plus faciles à exprimer d'une façon originale, précisément parce qu'elles sont à la portée de
tous et que chacun peut les mieux juger. 'Aussi la pente est-elle glissante et conduit-elle aisément
à la banalité. Delacroix y échappe sans effort. Avec les fécondes ressources du génie, il a exprimé
son idée en développant dans chaque frise des scènes d'une extrême variété qui se relient
L'ART.
Carrache, soit même (dussions-nous faire fre'mir toute l'École par une telle comparaison), oui,
même à la Farnésine, dans l'histoire de Psyché par Raphaël ! Un tel rapprochement ne saurait
surprendre ceux qui savent avec quelle religion Delacroix a étudié le peintre du Vatican, ceux
qui ont lu les belles pages qu'il lui a consacrées. Nul ne songera en effet que le maître français
ait écrit autre chose que ce que lui dictait sa conviction, pas plus qu'il n'aurait voulu appliquer
dans son art des lois contraires aux grandes lois qu'il préconisait. Voici en effet ce qu'écrivait
Delacroix dans la Revue de Paris, t. II, 1830 : « Le nom de Raphaël rappelle à l'esprit tout ce
qu'il y a de plus élevé dans la peinture, et cette impression est confirmée par l'examen chez
tous ceux qui ont le sentiment des arts. C'est une espèce de culte que le respect de la postérité
pour ce grand homme, et il est peut-être le seul parmi les artistes de toutes les époques, je
n'en excepte pas les poètes, qui soit comme le représentant ou le dieu lui-même de son art. »
La Justice.
Peinture décorative du Salon du Roi au palais de la Chambre des députés, d'après Eug. Delacroix.
Dessin d'Alfred Robaut.
Le culte de Delacroix pour les grands maîtres, et surtout pour celui qui passe à bon droit
pour avoir eu au plus haut degré l'instinct de la beauté, était sincère, profond, motivé. Dès lors
on peut affirmer hardiment que, dans le grand travail qui lui fut confié au Palais-Bourbon, il
s'efforça d'atteindre aux qualités primordiales que le génie de Raphaël eût voulu lui-même y
apporter.
Les mérites rares et essentiels qui font la valeur considérable de cette œuvre d'Eugène
Delacroix sont d'une part l'idée et la forme, et d'autre part la couleur et l'exécution.
L'idée : quoi de plus noble que l'ensemble de cette vaste conception, les forces vives de
l'État : la Justice, l'Agriculture, l'Industrie, la Guerre! Mais les choses les plus naturelles et
les plus simples du monde, celles qui sont la morale de la vie, « ethicanaturalis », sont loin d'être
les plus faciles à exprimer d'une façon originale, précisément parce qu'elles sont à la portée de
tous et que chacun peut les mieux juger. 'Aussi la pente est-elle glissante et conduit-elle aisément
à la banalité. Delacroix y échappe sans effort. Avec les fécondes ressources du génie, il a exprimé
son idée en développant dans chaque frise des scènes d'une extrême variété qui se relient