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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0205

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE.

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assez grand nombre d'Italiens, pour qu'il puisse recouvrer, par
la vente de cet ouvrage, à peu près l'équivalent de ce qu'il lui a
coûte'. Un certain nombre des corps savants de l'Italie, les Aca-
démies des beaux-arts de Milan, de Naples, etc., lui ont
témoigne leur reconnaissance pour ce grand effort ; le roi Hum-
bert I'"' en a manifesté sa satisfaction en acceptant la dédicace
du livre.

Nous aussi, nous devons remercier M. Moretti de l'heureuse
idée qu'il a eue de publier, à côté de l'édition italienne, une édi-
tion française ', qui permettra à ceux qui ne sont pas familiarisés
avec sa langue, de profiter du beau travail qu'il livre au public.
Déjà il a reçu la grande médaille de l'Exposition de Vienne, en
témoignage de l'estime qu'il inspire aux étrangers. Il est à croire
que le peuple qui, parmi les étrangers, est le plus rapproché de
l'Italie, par la race, par la géographie et par les sentiments, lui
fera un accueil au moins aussi bienveillant. Le nombre est grand,
en France, des hommes qui considèrent comme une seconde
patrie la contrée « où fleurit l'oranger » et qui seront heureux
d'avoir sous la main l'histoire, la description et le dessin exact de
ses plus beaux monuments.

Les deux volumes publiés par M. P. Moretti comprennent
les monuments de Rome et de Milan. Si cette tentative réussit,
il continuera son entreprise, et publiera successivement la des-
cription des grands monuments de toute l'Italie. Avant d'aller
plus loin, il a cru bon de consulter le public. Nous ne doutons
pas que la réponse doive être favorable. Il serait fort à regretter
qu'un travail si bien commencé dût en rester au second volume,
quand il y a encore en Italie un nombre si considérable de mer-
veilles à décrire et à graver.

Ces deux volumes, il est vrai, forment deux monographies
complètes, celle de Rome et celle de Milan, et on peut les met-
tre dans sa bibliothèque sans avoir à redouter les inconvénients
des publications qui perdent toute leur valeur par cela même
qu'elles demeurent inachevées.

Chaque volume se compose de deux parties distinctes, qui
toutes deux nous paraissent également réussies : des planches
et un texte explicatif.

Le texte a été demandé à M. le marquis Raphaël Pareto, un
des hommes les plus compétents d'Italie et, ce qui ne gâte rien,
un esprit très net et très ouvert. Dans un ouvrage de cette nature,
il faut absolument joindre au document graphique des explica-
tions qu il ne saurait donner sur le mode de construction, sur les
matériaux employés, sur les circonstances qui ont déterminé cette
construction, sur l'histoire du monument et même sur celle du
constructeur ; car il y a là une question de milieu qui a une im-
portance considérable pour l'intelligence des choses. Il est ma-
nifeste que les diverses nations ont subi des influences variées de
territoire, de climat, de voisinage, d'hérédité, etc., qui ont leur
retentissement dans toutes les manifestations delà vie des peuples
et particulièrement dans le développement de leurs arts. L'art
est une des caractéristiques essentielles des races et des temps .

Nous devons féliciter l'éditeur de l'avoir compris, et M. le
marquis Raphaël Pareto, d'avoir si bien répondu aux intentions
de l'éditeur.

En tète de chacun des volumes, il a placé une introduction
ou sont résumés en quelques pages les caractères généraux de
l'architecture particulière à chacune des deux régions, dans
l'antiquité et dans les temps modernes.

Il a profité de l'occasion que lui offrait l'étude de l'architec-
ture à Rome, pour faire des commencements et des transfor-
mations de cet art une étude qui résume les résultats de toutes
les recherches antérieures. 11 passe en revue tous les anciens
édifices romains, égouts, aqueducs, cirques, arcs de triomphe,
colonnes, thermes, temples, forums, basiliques, peintures mu-
rales, mosaïques, temples chrétiens carrés et ronds, baptistères,

I arcs portés sur des colonnes, etc. C'est un tableau à peu près
complet, bien condensé en un petit nombre de pages. Par une
suite de rapprochements et de comparaisons, il démontre que la
légende qui attribue toutes les inventions à la Grèce n'est pas
plus vraie en Italie que dans l'Orient, ce qui ne l'empêche pas
de reconnaître la supériorité du goût et du génie artistique de
la race grecque. Mais il ne croit pas, avec raison, qu'il faille dé-
posséder à leur profit toutes les autres nations.

Nous avons cependant un regret à exprimer, M. Raphaël
Pareto ne connaît pas les ouvrages de Viollet-le-Duc sur le
moyen âge. Il ne le cite pas dans l'étude qu'il fait -du style
ogival, et cette omission est regrettable à plus d'un point de vue,
mais particulièrement à celui de la précision. De tous les écri-
vains que cite M. Pareto, aucun n'avait fait de ce genre d'archi-
tecture une étude aussi serrée, aussi complète que Viollet-le-Duc.
Il ne faut pas oublier qu'il y a passé la plus grande partie de sa
vie, qu'il était doué d'une pénétration peu commune, et que
de tout temps il a mené de front la pratique et la théorie, ce
qui lui a fourni l'occasion d'une foule d'observations person-
nelles de la plus haute importance.

Cette notice nous montre toute la suite des développements
d'un style unique qui se complète d'âge en âge et se transforme
progressivement, tout en laissant saisir le lien logique qui
rattache ces transformations au principe primitif.

La notice sur l'architecture de Milan présente un caractère
tout différent. Là on trouve des monuments de styles absolu-
ment divers, qui y ont été apportés tout d'une pièce. L'auteur
marque très nettement ces différences, qui s'expliquent par l'his-
toire même de la ville. Cette histoire tracée à grands traits pré-
sente un vif intérêt. On ne peut s'empècher en la lisant de se
rappeler le mot connu : Heureux les peuples qui n'ont pas
d'histoire! Celle de Milan est remplie de guerres, de révolutions,
de servitudes, jusqu'à la délivrance définitive de 1859, à laquelle
les Français ont la joie d'avoir contribué, ce qu'il n'est peut-
être pas mauvais de rappeler, puisque M. Pareto paraît i'avoir
oublié.

Cela ne nous empêche pas de rendre justice à son travail.

Les planches sont très belles, faites avec un soin remar-
quable, et les sujets en sont très intelligemment choisis. Il y a
dans le premier volume (Rome) 166 planches in-folio représen-
tant les plans, élévations, coupes et détails de 26 monuments,
soit une moyenne de plus de 6 planches par monument.

Le second volume (Milan) comprend 217 planches se rap-
portant à 36 monuments, soit, comme dans le volume précédent,
une moyenne de 6 planches par monument.

La plupart des planches de ce second volume, sur Milan,
ont été gravées par M. Cassina, professeur à l'Académie même
de Milan.

Cet ouvrage a déjà rendu de grands services dans les écoles
d'architecture d'Italie, et pourrait en rendre également dans les
écoles des autres pays.

Eugène Véron.

CLXXXI

La Tapisserie de Bayeux, reproduction d'après nature en
79 planches phototypographiques inaltérables, avec un texte
historique, descriptif et critique, par Jui.es Comte, chef du
bureau de l'enseignement au ministère des Beaux-Arts. Paris,
J. Rothschild, 1879.

Cette tapisserie est un des documents les plus précieux et
les plus importants qui nous aient été laissés sur l'époque de la
conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie. Toute

1. Nous sommes malheureusement force de relever dans celte édition un assez grand nombre de fautes, qu'il eût été bien fac[le d'éviter en faisant corriger les
épreuves par un Français. Certaines phrases sont d'une construction quelque peu fantaisiste et l'orthographe des mots n'est pas toujours respectée.
 
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