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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Le Salon de 1880, [2], Les portraits - la grande peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0223

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LE SALON DE 1880. 181

don génial. M. Henner est un artiste de goût: cela suffit à lui faire pardonner sa nonchalance,
ses excentricités même. Certes, nous n'approuvons pas son Sommeil, qui est simplement la tête
d'une jeune fille, vue horizontalement et posée sur le gazon comme le chef de saint Jean ou
d'Orphée. Mais quelle respiration sort de ces lèvres enfantines! Nous avons déjà rencontré plus
d'une fois, dans l'œuvre de Henner, la Fontaine, cette femme nue qui, un genou sur la margelle
d'un puits, une main sur sa gorge, suit sur l'eau sombre le reflet flottant de sa chevelure rousse.
N'est-ce qu'un pastiche des Vénitiens? Un vieux tableau habilement déverni à l'endroit des
lumières? Non, non, c'est une reprise savoureuse de la mythologie, et Henner a eu la finesse d'y
appliquer une méthode toute à lui, comme tel poète, J. M. de Hérédia, par exemple, se sert
exclusivement de la forme du sonnet.

Nous nous étions promis de passer en revue le Portrait. Le Salon de 1880 prête peu à la
méthode. 11 restera dans la mémoire des critiques ! Mais
il ne faut cependant point qu'il charge leur conscience...

En rentrant dans les salles des exempts ou des hors
concours, nous rencontrons un portrait du ministre de
l'intérieur, M. Lepère, par M. Feyen-Perrin, et un portrait
de M. Clemenceau, par M. Bin, le premier assez fin et le
second trop sec; puis un des plus brillants effets de
palette de M. Carolus Duran, l'Enfant en rouge, c'est-
à-dire un enfant tout habillé de rouge, debout sur un tapis
rouge, et s'enlevant sur un rideau de soie rouge. M. Glaize,
de qui on avait remarqué l'an dernier le portrait de son
professeur, M. Gérôme, a peint cette année, et avec plus
de liberté, un portrait de son oncle, M. Auguste Vac-
querie. Le spirituel et vaillant rédacteur en chef du
Rappel est assis dans son fauteuil de travail, avec cette
physionomie incisive et cette bonhomie sincère qui le
caractérisent. M. Glaize a encore un bon portrait de femme,
M'"e E. C. M. Lefebvre a donné la curieuse effigie d'un
centenaire, bien vivant, M. F. Pelpel. M. Valton a bien
rendu, quoique dans une gamme assombrie, la physio-
nomie sympathique de notre confrère Mario Proth. Nous ne parlons que pour mémoire du
Victor Hugo, de M. Monchablon, debout sur un rocher que fouette le vent : le vrai Hugo est
bien plus naturel dans sa beauté puissante et calme. M. Bertier affirme des qualités qui le
rapprochent de l'école anglaise dans un portrait du comte Cahen d'Anvers : la pose est simple,
le visage, aux traits doux et fins, reçoit bien la lumière. Les progrès de M. Bertier sont manifestes.
La Rêverie, de M. Cornilliet, ne serait-elle point un essai de portrait pittoresque, à la façon des
maîtres anglais de la fin du xvinc siècle ? Nous approuverions fort cette tentative. Nos peintres
se bornent trop aux intérieurs, ne suivent point assez leur modèle dans ses actions habituelles.
Quel plus charmant cadre que la campagne pour une jeune fille ? M. Bertrand aussi a peint une
jeune femme, Madame A., parcourant les allées de son parc, sous une ombrelle rouge qui met
sa tête dans une chaude demi-teinte. C'est un portrait agréablement décoratif.

Ph. Burty.

( La suite procliaincment. )

D u m o u RIEZ.
Croquis de Betsellère, d'après son tableau.
(Salon de 1880.)
 
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