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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Godard-Faultrier, Victor: Chandelier italien de la fin du XVIe siècle: Musée municipal de Saint-Jean d'Angers
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0317

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CHANDELIER ITALIEN DE LA FIN DU XVIe SIÈCLE. 2j7

Il provient de l'ex-chapelle de l'ancien tribunal de commerce d'Angers (Palais des marchands),
dont l'origine remonte à Charles IX. Ce coffre, donné par M. Hamon, du Lion d'Angers (vrai
cadeau de souverain), servait à mettre sous clef les vêtements sacerdotaux du chapelain des juges
consulaires. Aussi la serrure seule est-elle un petit chef-d'œuvre, qui, en outre, porte le nom
de son auteur : Michant Girart. Mais qu'est cela, en regard de l'étrange représentation des trente
personnages qui ornent le devant de ce bahut ?

Sur la frise et à gauche de la serrure, la Folie (un arc bandé dans les mains) conduit une
sarabande de danseurs et de danseuses. A droite, cinq enfants dont un au maillot, tous armés
d'arcs, visent la Mort, point central du grand bas-relief. Celle-ci, debout et appuyée sur sa pelle
de fossoyeur, se tient en garde et se rit de l'attaque du genre
humain, représenté par le pape, quelques cardinaux, des évêques
et des abbés, d'un côté; puis, de l'autre, par des têtes couron-
nées, suivies du populaire en simple chaperon. C'est contre la

Mort une conspiration en règle ; mais à son effrayant rictus,

on voit bien qu'elle s'en moque et la Folie agitant ses grelots

a tout l'air de dire : Fou qui s'y Jrotte !

Ce meuble de la fin du xviu siècle, sculpté sur bois de

noyer, est connu sous le nom de Revanche de la Danse macabre.
Il y a dans le Musée Saint-Jean d'autres œuvres de la

Renaissance dont M. Léon Palustre pourra faire son profit ; ce

n'est là qu'un avant-goût. En attendant, nous présentons aux

lecteurs de l'Art le dessin par le D1' H. Godard d'un objet de

premier ordre, classé sous le n° 289.

11 s'agit d'un chandelier italien de la fin du xvic siècle,

haut de om,34, socle compris. Il est en bronze florentin ciselé et

doré. Il dut faire partie de l'un de ces surtouts de table où la

magnificence éclatait clans les repas d'apparat. Ce chandelier-
statuette, que l'appréciateur Carrand considérait comme un

travail italien de gtand prix, ne semble pas étranger à l'école

de Michel-Ange, et le socle est d'une délicatesse de ciselure que

Cellini n'eût point désavouée.

Le fleuret, haut levé, recevait une bougie, creuse comme

nos petits cierges d'église. Quant au trident, il est peut-être,

ici, l'attribut de l'un de ces génies nommés Neptunes et dont il

est fait, dans le dictionnaire mythologique de Chompré, une

description analogue à celle des Faunes et des Satyres '.

Chandelier italien

Notre statuette représente, en effet, un satyre moitié DE LA PIN DU XVi« siècle.

homme, moitié bouc, avec oreilles pointues et queue de cheval. (Musée Saint-Jean d'Angers,)

, Dessin du ])>' H. Godard.

On y peut reconnaître également le dieu Pan qui, lui aussi,
avait pieds fourchus, oreilles en pointe, queue de cheval, cuisses velues, cornes au front, d'où lui
vint le nom de Dieu cornu.

D'ailleurs Montfaucon2 nous apprend qu'il existait un Pan lumineux, c'est-à-dire Porte-
lumière, ce qui s'accorde avec la destination de notre chandelier-statuette.

D'autres prennent cette figurine pour un Lucifer, ce qui, après tout, éveille la même idée.

Quoi qu'il en soit, on aurait tort, croyons-nous, d'attacher trop d'importance à la recherche
d'un sens emblématique. Les artistes de la Renaissance ne visaient pas à tant de finesse ; ils
tenaient bien davantage à la beauté de la forme qu'au sérieux de l'emblème, lequel, d'ailleurs,
n'avait plus sa raison d'être. Qui donc, au xvie siècle, en effet, se serait avisé de croire au dieu

1. Chompré, Dictionnaire de la Fable, au mot Neptune (in fine).. Paris, Lelin, rue Saint-Jacques.

2. Montfaucon, VAntiqailé expliquée. Suppl., tome I, page 166.
Tome XXI.
 
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