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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Burty, Philippe: M. Alfred Gauvin: artiste en damasquine
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0096

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M. ALFRED GAUVIN.

8)

de consacrer à ses collections : « Caias (Didecus ou Diego), damasquineur, travaillait vers 1540.
Nous avons relevé ce nom sur une très belle masse d'armes de la collection de M. Spitzer; c'est
une pièce des plus remarquables en ce genre qu'on puisse citer. La signature 1 Didecus de Caias
faciebad (sic) est damasquinée en or sur le manche, et entourée d'arabesques ou moresques de
la plus grande finesse, et d'un goût exquis. Les ailettes sont entièrement ornées de paysages, de
monuments, d'animaux, etc., damasquinés en or et en argent avec la plus grande délicatesse; sur
une de ces ailettes, se lit une élégante inscription arabe en caractères occidentaux; on y voit
également saint Hubert, des paysages, des chasses, etc. On remarque encore, sur le manche, des
éléphants, des oiseaux et d'autres animaux, ainsi que les deux devises : Donec totum impleat
orbem. — Decus et tutamen in armis. Cette belle masse d'armes est d'autant plus précieuse qu'elle
fournit le nom, ignoré jusqu'ici, d'un très habile damasquineur espagnol, digne d'être placé à côté
de ses contemporains Jacques Philippe et F. Negroli, de Milan, qui exécutèrent de si beaux
travaux pour Charles-Quint. » Jacques de Caias travaillait à Valladolid ou à Tolède.

Dans tous ces textes du xvie siècle on sent une idée de peinture de métal étendu, plutôt
qu'une idée d'incrustation, c'est-à-dire d'une portion de métal délimitée, circonscrite.

Je trouve cette idée réalisée par les Japonais, avec ce sens supérieur de l'association des'
métaux qui leur assure un rang à part, et au faite, dans la hiérarchie des industries artistes.
Non seulement j'ai sous les yeux des gardes de sabre et des manches de kosukas 2, où le travail
de damasquine est de la dernière finesse et d'une solidité qui a bravé l'effort de la rouille et
les coups, mais un certain nombre contiennent l'alliance de ce travail avec des parties mates,
ou même des parties mates qui, disposées par masses et opposées par tons d'or vert, d'or rouge
et d'or jaune, produisent des effets inconnus en Europe, d'une grâce, d'une originalité, d'une
richesse sobre et raffinée, sans rivales. Sur un kosuka un typhon d'or rouge s'enlève en éclair
solide, sur des nuages d'or pâli et d'argent. Sur une garde, c'est encore le motif du typhon des
orages, mais ici, il est, comme j'en ai indiqué le procédé plus haut, fait d'une feuille d'or
appliquée en plein; les écailles de son dos et de son ventre, les barbes à pointes de sa tète,
les phalanges de ses pattes à trois griffes ont été égratignées à la pointe, comme le sont aussi
les volutes des nuages qu'il traverse et qui ne le laissent entrevoir que par échappées. Il y a
dans le jeu de ces colorations bien des sujets d'étude pour ceux de nos artistes qui appliquent
leur talent aux infinies manifestations des arts décoratifs. Nous y reviendrons.

J'en arrive, après ce crochet, à un projet de M. Alfred Gauvin que j'ai déjà signalé et
pour l'adoption duquel on ne saurait faire trop de propagande.

M. Gauvin propose d'entreprendre, pour le nouvel Hôtel-de-Ville, des portes monumentales,
en fer, dans lesquelles il réunirait, comme force, élégance et originalité d'aspect, tout ce que
peut fournir l'alliance du fer ciselé et repoussé, de l'argent repoussé, de la damasquine et de
l'incrustation. On sent combien cette donnée décorative est vaste. Outre les attributs symboliques,
elle embrasse, en autant d'épisodes qu'on en voudrait déterminer, l'histoire de Paris à travers
les âges, durant ses grandes crises de fortune ou de danger. Les documents abondent. Le projet
nous semble noble et pratique : pratique en ce qu'il occuperait l'artiste — que nous supposons vain-
queur dans les épreuves préalables d'un concours public — et ses aides pendant nombre d'années,
et permettrait de diviser les crédits de la commande ; noble en ce qu'il doterait le nouvel Hôtel-
de-Ville d'un objet d'art et d'utilité unique. J'ai vu, à Londres, chez M. A. Morrisson, des meubles
en fer, ouvragés par M. Zuolaga, qui prouvent sur quelles larges surfaces peuvent s'étendre
ces sortes de travaux sans perdre leur caractère, bien au contraire. La ville de Paris s'enrichirait
donc de ce que nos pères appelaient « un chef-d'œuvre ». La municipalité s'accentuerait dans
cette volonté des commandes de sujets modernes par voie de concours à des artistes nullement
académiques et tout désireux de se distinguer. C'est ce qui a conduit à la gloire durable les
républiques italiennes de la Renaissance.

t. Elle est donnée en fac-similé par M. Davillier.

2. Le Kosuka et le Koghai sont les petits couteaux ou la double aiguiile qui s'associent au fourreau du sabre.

Tome XXVII. 11
 
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