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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Tardieu, Charles: Notes sur le Salon de Bruxelles, [3]
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Véron, Eugène: Le ministère des arts, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0130

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ii4

L'ART.

maître, M. Auguste Danse, a une belle planche d'après le
tableau de Jordaens du Musée royal de Bruxelles, le Satyre
et le paysan. Le burin de M. Danse exprime en coloriste la
touche du maître flamand. Ce burin-là ne doit pas être en
honneur à l'Académie d'Anvers, si j'en juge par la Vénus
accroupie de M. G. Vanderveken qui a obtenu cette année le
premier prix de la classe de gravure. Il est vrai que M. Van-
derveken avait à rendre une sculpture, et que partant la cou-
leur n'a rien à faire ici; mais ses travaux ne donnent ni la
sensation du marbre ni celle de la chair. On n'imagine rien
d'aussi pénible, d'aussi laborieusement inutile, d'aussi déplo-
rablement vieux jeu.

Le Couronnement de la Vierge de M. L. A. François
d'après Fra Angelico n'est qu'un simple trait, mais d'un dessin
très pur; dans son Portrait du duc d'Urbin d'après Raphaël
les étoffes témoignent d'une certaine souplesse de burin.

Si les aquarellistes et les graveurs sont sacrifiés, que dire
des architectes ! Ces plans qui ont coûté tant de peine, ces
restitutions savantes, œuvres d'érudition et de goût, le public
n'y voit que du feu. Voici par exemple le plan général de la
restauration de l'église de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles,
par M. Auguste Schoy, auquel l'Art doit une intéressante
étude sur Rubens architecte; il faut être du métier pour devi-
ner ce qu'il a fallu de temps, de travail et de science, technique
et historique, pour mener à bonne fin une entreprise de ce
genre. L'édifice est l'un des plus curieux du pays autant par
sa valeur architecturale que par les souvenirs qui s'y rattachent.

Les deux cadres exposés par M. Schoy forment la synthèse
graphique d'une monographie absolument complète à laquelle
il n'a pas consacré moins de quatorze ans. La restauration est
commencée. Nul doute qu'elle ne se termine à l'honneur du
savant professeur de l'Académie d'Anvers.

C'est également à des restitutions que MM. Lecot et Ser-
rure doivent leurs médailles; le premier a son travail sur
l'abbaye de Villers, le second à une étude archéologique sur
l'abbaye de Saint-Martin d'Assche, en Brabant.

La sculpture est assez faible, il faut en convenir. La salle
de marbre est en quelque sorte commandée par le bronze de
M. Guillaume de Groot, le Travail, œuvre sérieuse que vous
avez vue à Paris. Vous connaissez aussi le Saint Jean de
M. Rodin et le Christ en croix de M. Injalbert. Un sculpteur
berlinois, M. Sussmann-Hellborn, qui nous avait envoyé, il y
a quinze ans, un faune presque digne de la grâce antique, nous
revient avec une Belle au bois dormant qui a l'air d'une vignette
d'illustrirte jeitung traduite en marbre par un praticien alle-
mand qu'auraient séduit les procédés de la sculpture italienne.
M. Godebski a un portrait-buste en terre cuite plein de carac-
tère et de puissance. MM. Paul De Vigne et Vanderstappe
n'ont guère que des cartes de visite. Ils sont absorbés par leurs
travaux pour la décoration de la façade du palais des Beaux-
Arts, dont M. Vinçotte a terminé l'un des bas-reliefs, la
Musique, frise élégante, qu'on dirait inspirée à la fois de Pom-
pei et de Tanagra.

Charles Tardieu.

LE MINISTÈRE DES ARTS'

IV

n grand nombre de journaux ont bien I elle que les économistes à l'esprit étroit, qui bornent l'effort
voulu se joindre à nous dans la cam- j utile de l'homme à l'industrie, ont pu faire prévaloir leurs
pagne que nous avons ouverte pour la j affirmations et faire hésiter les hommes mêmes qui sentent le
création d'un Ministère des Arts. Nous mieux au fond de leur conscience la fausseté des arguments

qu'on leur jette à la tête avec une arrogance si peu justifiée.

C'est cette erreur qu'il faut d'abord confondre en se pla-
çant sur le terrain même des économistes et en montrant par
des chiffres que l'art est un genre d'industrie supérieure qui
équivaut à une sorte de création.

En effet, quel est le but de l'industrie ? De satisfaire aux
besoins physiques de l'humanité. Comment? en appropriant
les choses à ces besoins par une série de transformations. Pour
se nourrir l'homme transforme le blé en farine, puis en pain ;
pour se vêtir, il transforme le duvet du cotonnier en fils, puis
en étoffes. De même pour tout le reste.

L'art, lui, satisfait à un besoin moral de l'humanité et les
transformations par lesquelles il arrive à ce résultat sont bien
plus merveilleuses que celles que produit l'industrie. Tandis
qu'à celle-ci, pour produire des utilités à peine supérieures à
celles qu'elle met en œuvre, il faut des accumulations de capi-
taux et de matières premières, des outillages compliqués et
dispendieux, il suffit à l'artiste, pour créer un chef-d'œuvre,
d'avoir un carré de toile, un pinceau et des couleurs, moins
encore, un bout de papier et un crayon. Le surplus, il le
tire de son cerveau.

Voilà comment il crée des millions, qui sont pour l'huma-
nité tout bénéfice, puisqu'il n'y a à en déduire qu'une mise
de fonds insignifiante comparativement à celles qu'exige
la production industrielle.

Cette erreur étrange est des plus répandues ; c'est grâce à Empruntons un exemple à une brochure trop peu

i. Voir l'Art, y» année, tome IV, page 89.

nous proposons dans un prochain arti-
cle de résumer et de grouper les con-
sidérations et les arguments qu'ils ont
produits dans cette discussion. Mais il
est manifeste que le débat passe un peu
par-dessus la tête du public, qui se trouve partagé en deux caté-
gories : l'une qui accepte passivement la création proposée,
sans bien se rendre compte des motifs; l'autre qui la repousse
à priori en vertu de l'axiome démocratique, qu'une république
doit faire des économies et ne pas multiplier les rouages dis-
pendieux.

Nous voulons examiner aujourd'hui pourquoi ceux mêmes
qui acceptent la fondation d'un ministère nouveau ne s'y
portent pas avec plus d'ardeur.

Cela tient à un état d'esprit que nous avons eu bien sou-
vent l'occasion de constater et qui résulte d'une longue trans-
mission d'idées absolument fausses. Parmi les amateurs, jusque
parmi ceux qui consacrent leur vie et leur fortune à chercher
et à rassembler des œuvres d'art, il s'en trouve encore qui
considèrent l'art comme une sorte de luxe d'ordre supérieur,
mais qui, tout en reconnaissant qu'ils ne pourraient s'en passer
pour eux-mêmes, concèdent au préjugé utilitaire que la chose
est bien différente pour la multitude, la vile multitude, disait-on
naguère, et que l'économie sociale non plus que la politique
n'a rien à faire avec l'art.
 
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