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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Faucon, Maurice: Benozzo Gozzoli a San Gimignano, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0150

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BENOZZO GOZZOLI, A SAN GIMIGNANO. i33

rappelle les plus beaux morceaux du Voyage des rois Mages au palais Riccardi, le Lorenzino
de Médicis, par exemple. S'il était impossible de pousser plus loin qu'au palais Riccardi le sen-
timent du pittoresque et de la vérité typique, Gozzoli se montre ici supérieur par la recherche
de l'expression morale. Augustin, sur son cheval bai, n'est pas le cavalier élégant et superbe,
naïvement heureux des brocarts étincelants de ses habits et des pièces d'orfèvrerie qui couvrent
sa monture, — tète casquée et vide ; il marche lentement, préoccupé de l'avenir, les yeux tendus
vers un but qui se dérobe. Son inquiète physionomie contraste avec le visage de ses compagnons
distrait ou tout attaché à la route. Celui qui marche au côté droit du cheval, un bâton à la main,
le même qui tenait l'épée au débarquement, est sans doute son ami Alipe; et le chien griffon,
ce familier du jeune homme qui dans l'école assistait si gravement à sa leçon, court fort essoufflé
de l'autre côté, le clos rasé à la mode de l'époque.

Cette peinture est encore intéressante à d'autres titres. Sur la gauche et derrière la cavalcade
s'étend une vue de Rome au xvic siècle, resserrée, agglomérée, condensée, reconnaissable pourtant,
avec le château Saint-Ange surmonté d'un donjon crénelé à deux étages au lieu des informes
bâtisses que les âges suivants y ont superposées, la colonne Aurélienne, le Panthéon, l'église
d'Ara Cœli, le Campidoglio avant la restauration de Michel-Ange, la basilique Constantinicnne
de Saint-Pierre dont on n'avait pas encore jugé la démolition nécessaire, et la ceinture de
remparts qui défendent la ville. A droite les collines de la rive droite du Tibre, parmi lesquelles,
en dépit des palmiers invraisemblables et des arbres exotiques qui y croissent en liberté, on
peut reconnaître le Monte-Mario.

Dans la partie supérieure du compartiment, deux anges soutiennent l'inscription suivante :

eloquii sacri doctor pariginus et ingens

gemignianiaci fama decusque soli,
hoc proprio sumptu dominicus ille sacellum

insignem jussit pingere benotium. mcccclxv.

Ce docteur Strambi, surnommé le Parisien à cause du long séjour qu'il avait fait à Paris,
voulut naturellement consacrer par une inscription le souvenir d'une libéralité qui devait assurer à
son nom l'immortalité. Il est vraisemblable que le peintre la plaça dans la fresque exécutée la
première; et si l'on remarque que cette fresque commence à droite le second rang et qu'elle se
présente ainsi sur-le-champ à l'œil du spectateur, cette supposition se confirme. Les artistes ne
suivent pas dans l'exécution d'une histoire l'ordre chronologique, mais celui que choisit leur
inspiration, celui qu'ils ont dans l'œil et dans la main. Enfin nous ne serions pas éloigné de
penser que Domenico Strambi, le donateur, est ce personnage rasé, aux cheveux blancs et courts,
qui occupe l'angle gauche du tableau au premier plan et parle en tenant les deux doigts de la
main droite ouverte, geste familier aux logiciens.

La suite de l'histoire reprend à gauche du deuxième étage.

Huitième fresque. — Arrivée d'Augustin à Milan; accueil que lui fait saint Ambroise. —■
Ce compartiment comprend trois scènes dans un même décor, lequel est le devant d'un portique
à deux rangées d'arcades, voûtées d'arête et soutenues par des colonnes composites. ie Augustin,
en costume de voyage, est à peine descendu de cheval; il tourne machinalement les yeux vers
le compagnon qui lui détache ses éperons. De la main gauche il relève le pan droit de son
manteau bleu clair, pour ne point incommoder le serviteur dans son ouvrage. 2° Un peu plus
loin à droite, sur le même plan, nous assistons à l'entrevue avec l'évêque Ambroise. La grande
tunique talaire de couleur sombre, qui couvre le jeune homme tout entier, se brise sur les
dalles, par la flexion des genoux, en plis épais et sévères. 11 regarde Ambroise droit dans les
yeux et tend les mains avec une anxiété suppliante qui semble dire : « C'est de vous que
j'attends tout mon secours ! » Quoique Ambroise prenne ces mains tendues, son visage n'exprime
qu'une pitié rigoureuse ; avant de promettre la guérison, il veut connaître son malade. Nous ne
 
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