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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Faucon, Maurice: Benozzo Gozzoli a San Gimignano, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0214

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BENOZZO GOZZOLI, A SAN GIMIGNANO. 191

sainte Monique. Mantegna, dans ses personnages romains drapés de la chapelle des Eremitani, à
Padoue, a-t-il rencontré une tournure plus fière que celle de certain personnage au manteau fauve,
vu de dos, sur la gauche du morceau? Assurément il n'y a pas mis cette chaleur et cette souplesse.
Au-dessous de la corniche qui borde la cuve d'immersion, on lit : a di primo d'aprile mille
cccclxiiii. En réalité, quatre 1 seulement sont visibles après le x ; mais cette date serait difficile-
ment explicable; comment Gozzoli aurait-il peint cette paroi une année avant les autres? Tout en
laissant le champ libre à de meil-
leures explications, nous supposons le
dernier 1 effacé par le temps et nous
attribuons cette partie de la peinture
au mois d'avril 1465.

Douzième fresque. — Augustin au
bord de la mer reçoit une réponse de
Jésus sous les traits d'un enfant. Il con-
verse dans le désert avec des ermites;
il enseigne à ses frères la parole de
Dieu. — Dans les premiers temps qui
suivirent sa conversion, Augustin, con-
servant son inquiet désir de pénétrer
les secrets du monde divin, se prome-
nait sur le rivage de la mer et voulait
s'expliquer le mystère de la Trinité.
Un enfant qui jouait au bord de l'eau
s'offre à lui : « Que fais-tu ? dit le
moine. — Je veux avec cette coquille
verser l'eau de la mer dans ce trou. »
Et comme Augustin se mettait à rire :
« 11 est plus aisé, reprit l'enfant, d'ac-
complir cet ouvrage que de pénétrer
les mystères. » La tête de l'enfant
s'auréola de clarté, ses yeux brillèrent
d'une lumière surnaturelle : c'était le
Christ redevenant enfant. Gozzoli a
choisi l'instant où, la réponse faite,
l'enfant, sans faire connaître encore sa
divinité, se retourne vers Augustin et
le foudroie du regard. L'orgueil du
moine est dompté par cette parole et

1 1 • r Frfsouf de Benozzo Gozzoli, a san Gi hignano.

ce regard, ses yeux deviennent fixes, rresque dk

Augustin enseigne la parole de Dieu aux frères de son ordre. (Partie droite.1

son front se plisse, et il marche, sans Dessin d'Edm. Ramus.

voir, la main gauche sur la poitrine, la

droite ouverte. L'enfant est joufflu, vulgaire : ses yeux, au lieu d'être terribles, sont hagards.
Mais rien dans l'œuvre de Benozzo, rien dans ses contemporains et ses précurseurs, n'est plus
parfait que la personne du saint : les traits, les gestes, le mouvement, l'attitude, tout est d une
convenance absolue, humble sans bassesse, soumis sans réticence, également éloigné de la terreur
et de l'extase. — A droite, il lit au milieu des frères agenouillés. Pour tous ces personnages, qui
sont des portraits, Benozzo a fait poser les moines du couvent ; il ne les a pas épurés, il n a pas
éliminé les caractères grossiers, rustiques, plébéiens, les rides et les hàles précoces, il les peint
tels quels et ne leur communique d'autre beauté que cette vérité nue qu'il tire de leurs âmes et
amène sur leurs visages ; il y ajoute la dignité par l'ampleur des robes de bure aux plis épais et
 
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