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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Leroi, Paul: In memoriam, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0216

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IN MEM0R1AM.

iq3

VIII

Revenons à l'artiste et au lettré.

Toujours matinal, on le trouvait dès sept heures enfermé clans son cabinet de travail, lisant,
une plume à la main, et prenant des notes. A onze heures il se rendait rue Laffitte ou au chemin
de fer du Nord en faisant un crochet par le faubourg Saint-Honoré où il s'arrêtait chez sa
mère; les affaires le retenaient éloigné de son hôtel de l'Avenue Friedland jusqu'à six heures, et
un peu aussi ses chers livres; il prenait en effet quelques instants de distraction à trois heures,
et quand il ne courait point chez Trautz-Bauzonnet, c'était pour entrer au Passage des Pano-
ramas, chez Damascène Morgand et Fatout, ou bien chez Fontaine. N'était-il point là, on
était certain de le rencontrer à la Bibliothèque Nationale, occupé à en interroger les trésors.
Enfin, entre cinq heures et demie et six heures, son coupé stationnait invariablement près du
Passage Choiseul ; le baron bouquinait encore pendant quelques minutes chez Rouquette. Il
retournait ensuite chez lui et ne sortait jamais plus. Rien ne l'attirait, ni le monde, ni le jeu,
ni le sport. En dehors de son infortunée veuve, l'aimable sourire de son foyer, et de ses deux
chers enfants, il n'avait de bonheur qu'au milieu de sa bibliothèque; aussi ne tardait-il pas à se
renfermer de nouveau avec ses livres qu'il ne quittait pas avant une heure du matin.

Au labeur incessant qui l'a tué, il doit de laisser de trente à quarante mille feuillets préparés.
Dix années ne suffiront peut-être pas à publier ces œuvres en projet. Une main amie et dévouée
s'y consacrera. M. Emile Picot, dont les lecteurs de l'Art connaissent le rare mérite', a été
pendant vingt ans le compagnon de chaque jour de M. James de Rothschild et son collaborateur
assidu ; nul ne pouvait mieux que lui se charger d'honorer une mémoire qui lui est si chère, en
complétant tous ces précieux travaux d'érudition, les uns simplement ébauchés, les autres presque
terminés.

IX

Mais le baron James ne laisse pas que des projets.

Ce n'est pas un secret, et M. Picot est le premier à le déclarer, que ce fut lui qui poussa
son ami à rédiger l'excellente Bibliographie Cornélienne " ; il ne se borna pas au conseil et mit
très utilement la main à l'œuvre sans consentir à être nommé.

jM. Picot a trouvé les plus précieux éléments de son livre dans la bibliothèque même de
M. James de Rothschild; le catalogue qu'a dressé ce dernier, catalogue très remarquable et sur
lequel j'aurai à revenir, consacre les numéros ioq5 à 1096 exclusivement aux œuvres de Pierre et
de Thomas Corneille.

Parmi les ouvrages qu'il a signés, on distingue surtout les trois volumes du Recueil de
Poésies françoises morales, facétieuses, historiques, des xvc et xvf siècles, réunies et annotées par
lui et par M. A. de Montaiglon3, et le Mistère du Viel Testament'', deux volumes dont il a écrit
l'Introduction et qui ont été imprimés à ses frais pour être offerts aux membres de la Société
des Anciens Textes, dont il fut le principal fondateur.

L'auteur de cette savante introduction de près de cent pages, y a recherché et étudié d'une
façon fort ingénieuse et très appréciée des lettrés, l'origine de notre théâtre. Des notes accom-
pagnent chaque page et en éclairassent le texte, et un glossaire placé à la fin du second volume
permet aux profanes de comprendre le langage du milieu du xv° siècle, époque à laquelle
remonte ce Mistère du Viel Testament.

1. Voir l'Art, 6* année, tome iii, pages 187 et 257.

2. Bibliographie Cornélienne, ou Description raisonnée de toutes les éditions des œuvres de Pierre Corneille, des imitations ou
traductions qui en ont été faites, et des ouvrages relatifs à Corneille et à ses écrits, par Emile Picot. Paris, Auguste Fontaine, 1870, in-8",
portr.

3. Paris, Paul Daffis, éditeur propriétaire de la Bib.iothèque EIzevirienne, 70, rue Guénégaud, 1873.

4. Paris, Firmin-Didot et C", 5(3, rue Jacob, 187s.
 
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