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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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240

L'AKT

est un poète; il n'est pas un romancier. Il raconte la passion
beaucoup plus qu'il ne la peint, et il faut bien confesser que,
quand il s'agit de passion, le récit est bien moins communi-
catif que la peinture.

C'est là le côté faible de cette nouvelle, [.es scènes par
lesquelles elle commence ne manquent pas d'intérêt, mais le
malheur est que cet intérêt va en diminuant à mesure que
nous approchons du dénouement, précisément parce que la
passion qui s'accroît ne trouve pas une expression en rapport
avec son développement.

Au point de vue même de la langue nous aurions à relever
un certain nombre de négligences qui étonnent de la part d'un
poète ordinairement si châtié. Ainsi, pour n'en citer que quel-
ques exemples : « Il passa, comme si de rien n'était. » —
« L'homme physique était grand, vif, alerte, robuste, prompt à
la réplique. Un jour de marché, un gars un peu aviné, s'étant
permis quelques paroles outrecuidantes sur la fille d'un de
ses fermiers, avait été vivement appréhendé au corps, et fait à
genoux amende honorable devant la pauvre fille rougissante
et confuse. » — « Sa chevelure n'était pas d'un blond cendré,
ni blond d'ambre, ni blond de lin, mais d'un blond tonique,
presque châtain, à reflets d'or. »

D'autres fois l'expression est prétentieuse et obscure,
comme dans les passages suivants : « Ils reprirent à pied lente-
ment le chemin du parc, avec de longs silences ou de brèves
paroles dans la sainte logique de leur trouble mutuel. » —
o Tous deux reprirent lentement leur chemin, marchant l'un
près de l'autre, mais sans échanger ni regards, ni paroles,
comme deux boudeurs divins, gardant la conscience de leur
bonheur perdu, qui tiennent en main la clef des paradis ter-
restres et s'interdiraient eux-mêmes de jamais les ouvrir. »

Les Notes de voyage se composent d'un petit nombre de
pages sur les habitudes de quelques oiseaux observés à Jersey
et de deux courts chapitres sur le loriot et les tisserins. Mais

ce que je préfère dans le volume, ce sont les Pensées d'un
paysagiste. Pourquoi ce titre? Je serais bien embarrassé de le
dire, car s'il y a une chose qu'on ne trouve pas dans ces pages,
c'est précisément quoi que ce soit qui ressemble à un paysage ;
mais au milieu d'un certain nombre d'idées dont je ne regret-
terais pas l'absence, il s'y rencontre quelques observations
justes et finement exprimées, quelques passages bien pensés
et soigneusement écrits, qui font oublier le reste.

Les illustrations de M. A. Duplais-Destouches sont en
général bien réussies, mais elles ne sont pas toujours aussi heu-
reusement tirées qu'on pourrait le désirer. Quelques-unes sont
d'un gris uniforme qui éteint les lumières et confond les plans,
accident trop fréquent dans les livres illustrés qui se publient
en France. Nos éditeurs en général ne surveillent pas d'assez
près le tirage des gravures qu'ils publient dans leurs livres.
A ce point de vue spécial les publications de l'Angleterre et
des Etats-Unis ont sur les nôtres une supériorité marquée.
Il n'est du reste pas rare de trouver chez nous des gens qui
attribuent au gris des qualités de finesse et de distinction.
11 leur faut de la brume partout et ils aiment mieux le brouil-
lard que le soleil. La demi-teinte leur paraît plus aristocra-
tique, et la pleine lumière manque de distinction. Ils oublient
que si les demi-teintes sont excellentes pour distribuer les
valeurs et faire ressortir les reliefs, une gravure toute en demi-
teinte reste nécessairement plate et terne. Il y en a trop de ce
genre dans le livre de M. Lemoyne, mais il est vrai de dire
que quelques autres échappent complètement à ce reproche.
Je citerai par exemple les entêtes des chapitres I, II, IV, les
gravures des pages 4, 40, 43. Les dessins de M. A. Duplais
feraient un tout autre effet, s'ils étaient tous tirés dans le ton
qui leur convient.

L'impression est très satisfaisante pour un livre qui n'a
pas la prétention de s'adresser spécialement aux bibliophiles.

Eugène Véron.

Dossiu d'Antoine Duplais-Destouches, tiré do : Une Idylle normande.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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