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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Tristram, W. O.: Henry Merritt: Critique d'art et romancier
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0013

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HENRY MERRITT. y

artistiques, dont le développement forma le volume intitulé : Ordure et peintures séparées, volume
dédié à Sir William Boxall. Sir Boxai!, membre de l'Académie Royale, se souvint des jours
d'Oxford, et présenta Merritt à Sir Charles Eastlake, directeur de la National Gallery. Il fut
employé dès lors à des travaux exigeant l'habileté la plus parfaite. De moitié avec un de ses amis,
il acheta alors, dans Oval Road, au nord-est de Regent's Parle, une maison appelée Dymoke Lodge.
11 était riche, mais sa constitution avait été ruinée par les privations de sa jeunesse, et, en 18^9,
sa santé succomba. Il continua, malgré ses souffrances, à travailler avec la plus grande énergie.
Robert Daily parut à cette époque ; la même année, il restaura le portrait de Richard II., le plus
ancien portrait existant d'un roi anglais; cette œuvre fut regardée comme le triomphe de la
restauration. En même temps, il fut engagé par le Standard pour y écrire des articles sur l'art.
En 1876, il épousa son élève préférée, dont il avait personnellement dirigé les études pendant
six années. Le bonheur semblait couronner enfin une vie de luttes incessantes et de rudes labeurs;
mais déjà la mort était là. « Il ne parlait jamais que de son bonheur, mais il souffrait constamment. »
De même que les combats désespérés de sa jeunesse contre la faim, l'oubli et la misère sordide,
ressemblent profondément à la carrière d'abord vagabonde d'Edmond Kean, ainsi dans la dernière
période de son existence, Merritt est le pendant tragique de Balzac ; tous deux connurent trop
tard le bonheur du mariage. Après son mariage, sa santé continua à s'affaisser, et la mort vint
mettre fin à une longue période de souffrances ininterrompues. C'est une consolation pour nous de
penser que ses derniers instants furent soignés, ses dernières souffrances adoucies par la femme
dont il avait formé l'intelligence, dont il avait surveillé avec amour le talent naissant, et qu'il
avait aimée avec toute la tendresse d'un des meilleurs cœurs qui furent jamais.

L'œuvre littéraire de Henry Merritt nous offre un intérêt particulier. C'est, en grande
partie, une autobiographie. U Histoire d'une Fleur a une place à part dans ses écrits. C'est
un des chefs-d'œuvre les plus exquis, les plus délicats d'une imagination spirituelle, que nous ayons
jamais lus. Des extraits ne sauraient donner une idée de la perfection de ce bijou. La grâce, la
beauté en sont d'un type si exquis, si délicat, qu'on croirait commettre un véritable acte de
vandalisme en enlevant une seule des pierres de ce magnifique joyau. Nous en avons cependant
détaché deux passages. Voici la description d'un jardin à Oxford, au matin :

« Il m'arriva un jour d'apercevoir le jardin d'un collège, vers la fin de février, ou au
commencement de mars, lorsque le sol, planté d'ormes vénérables, était illuminé de fleurs jaunes,
semblables à des étoiles. La terre sombre était vêtue comme d'une robe brillante, avec toute la
splendeur impériale de l'Orient. C'était, je le crois, sans en être sûr, l'aconit étoile, dont la fleur
n'a d'apparence si opulente que lorsqu'on la voit, comme je la vis, en grandes masses. Depuis,
quand le vieux jardinier Fidget n'était pas à la porte de derrière de S'-Js, je regardais par le trou
de la serrure ma plate-bande jaune, qui semblait inondée de la lumière du soleil, coupée seulement
par des bandes de riche terre noire, formant d'étranges dessins, tels que nous en voyons sur les
écrans japonais de laque et de bronze ; mais mes fleurs avaient de plus une gloire qui leur était
propre. »

Il prend la décision de devenir maître de l'une de ces fleurs. Il guette le jardinier, au moment
où il emporte des débris de la plate-bande pour les jeter en dehors du mur de clôture du jardin.

« Un jour de fête, je partis et me mis à creuser profondément, avec mes mains pour
tout instrument, dans cette masse enchevêtrée. Je travaillai jusqu'à ce que, enfin, sous les
feuilles serrées les unes contre les autres, je tombai sur un crocus parfait. C'était comme une
elfe enfant, morte et couchée dans sa tombe silvestre. J'étais enchanté, et je n'osais le toucher :
j'avais comme peur de commettre une sorte de sacrilège; il était couché là, dans ses robes vertes,
qui paraissaient tissées de fils de soie délicieux, sans avoir jamais été souillées par la main d'un
mortel. Le bouton, couleur de chair pâle, était caché sous une membrane de crème opalescente,
qui paraissait s'animer et revivre quand la lumière pénétrait dans la tombe ténébreuse, et formait
contraste avec les robes d'émeraude et les racines souples et soyeuses. »

Nous venons de voir le peintre et le poète. Robert Daily est une œuvre toute différente, et
va nous présenter Henry Merritt sous un tout autre jour. De toutes les simples histoires des
 
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