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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Silhouettes d'artistes contemporains, [2], J. de Nittis
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0039

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J. DE NITT1S. 27

paysage anglais, la silhouette de la maison anglaise, ne donnerait point la note complète. Dans ce
mondain, il y a un humain. La Tamise l'a profondément ému :

O rivière terrible! ô plaintes entendues1 !...

disait le poète d'Hervilly, tout bouleversé aussi de l'aspect sinistre et majestueux de ce fleuve
qui semble, dans Londres, laver éternellement une mine de charbon et rouler autant de cadavres
qu'il est sillonné à fleur d'eau de barques et de vaisseaux.

Son Pont de Londres, entre les piles gigantesques duquel vient de passer,

... Monstrueux, coiffé de sa fume'e énorme,
Un steamer qui barrit ainsi qu'un éléphant,

son Pont a produit, durant l'Exposition universelle de 18782, la plus puissante impression
sur les organisations d'élite, et demeurera une des plus singulières expressions de la poésie
londonienne.

Dans cette exposition-ci, on rencontrera
une traduction très exacte de ce qui frappe
inévitablement un Français, si longtemps qu'il
se soit installé en Angleterre : Un Dimanche
dans la Cité, c'est-à-dire la grande ville frap-
pée d'une plaie oubliée par Moïse, le silence,
le vide, la suspension de la vie publique et
ambulante.

Je n'ai point encore abordé un côté du
talent de Nittis, qui me cause des plaisirs
infinis, je veux dire ce qu'il sait faire exprimer
au pastel et à l'aquarelle. Il manie l'aquarelle j
selon la vraie tradition. Il la veut rien qu'à
l'eau, sans aucun de ces mélanges de gouache
qui la ternissent, ou l'alourdissent, ou tout
au moins la rendent comme poussiéreuse en
ne se raccordant jamais complètement avec
les parties simplement lavées. J'ai sous les
yeux une aquarelle de lui qui a été prise du
pied de l'Arc de Triomphe, le trottoir formant \>S.'^
un large premier plan. Je ne l'aime pas seu-
lement pour sa vérité si franche et si remuante,
la vivacité des passants et le choix que l'artiste
a fait spontanément de ces passants, à l'heure
de onze heures, où les bonnes reviennent du

marché, où les jeunes mamans conduisent leurs petites filles au cours de piano, où les étrangers
débouchent de l'allée des Champs-Élysées. Je l'aime surtout pour ces taches violettes qui sont
l'ombre portée des murs et des êtres, pour cette élégance de dessin des maisons qui commencent
Y Avenue de la Grande-Armée, pour ce ciel qui va s'enfonçant en couches impondérables
indéfiniment superposées, pour cet « air Paris » dont la mobilité spirituelle n'a d'égale que
l'étalage d'une modiste en vogue.

Ses pastels surprennent plus encore. Le procédé en soi est superbe. Il a la franchise de la
fresque, qui est l'expression première et supérieure de la peinture. Il a en plus, pour nous
autres voués aux petits appartements et aux peintures qui doivent nous suivre dans la triste
série de nos déménagements, une qualité d'épiderme qui va de la douceur d'une aile de papillon

Étude a l'eau-forte par j. de Nittis.

1. Le Harem. A. Lemerre, 1874. Lire la pièce qui a pour titre : l'Infortunée...

2. A la suite de cette Exposition universelle, M. J. de Nittis reçut des jurys et des gouvernements français et italien toutes les récom-
penses qu'il était en droit d'espérer.
 
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