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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Robaut, Alfred: Peintures décoratives d'Eugène Delacroix au Salon du Roi ou Salle des Fleuves (Palais de la chambre des député)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0139

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PEINTURES DÉCORATIVES D'EUGÈNE DELACROIX.

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la répétition à une distance calculée des mêmes tons ou par le rapprochement logique des tons
intermédiaires, n'est-ce pas en partie à ce qu'il avait vu en Algérie ou au Maroc, que Delacroix
a dû d'en savoir si bien discerner les principes et d'en posséder si sûrement les secrets ? » Cette
citation ne s'applique pas seulement à la forme, mais aussi à la couleur.

La couleur, nous aurons maintenant peu de chose à en dire, car nommer Delacroix et
fournir le simple trait d'une de ses compositions, c'est la fête des yeux devinée par la pensée
Ajoutons cependant qu'il a obtenu dans le Salon du Roi un effet séduisant et absolument
enchanteur, par l'adoption la plus harmonieuse de trois palettes différentes et graduées avec un
merveilleux talent.

L'une est grise, pour passer du dallage aux murailles et exprimer les grandes figures
symbolisant les fleuves et les mers qui fertilisent la France ou baignent ses côtes; ces figures, de

La Guerre.

Peinture décorative du Salon du Roi au palais de la Chambre des députés, d'après Eug. Delacroix.

Dessin d'Alfred Robaut.

trois mètres de haut, sont peintes en grisaille avec des rehauts de nuances légères dans les
draperies et accessoires.

L'autre est puissante et douce, pour les allégories qui se déroulent dans les frises au-dessus
des archivoltes et dont l'aspect calme et moelleux fait songer aux plus fraîches tapisseries. Ne
serait-ce pas là des modèles tout indiqués pour les Gobelins, si, moins mondaine et meilleure
appréciatrice des beaux exemples, l'administration de cet établissement savait recourir plus
souvent aux saines productions françaises ?

La dernière enfin est riche et forte, pour le plafond, qui est l'explosion la plus hardie de ce
que peut donner l'éclat des plus vives couleurs. Point n'est besoin de signature : Delacroix y
est aussitôt reconnu par ceux que séduisent plus particulièrement les qualités de grand coloriste.

i. Quelqu'un a dit à propos de sa couleur comparée à celle de Rubens: « Cette variété du coloris de Delacroix en était la poésie même.
Elle est caressante et voluptueuse dans les Femmes d'Alger, pathétique et amère dans Hamlet, fraîche dans la Noce juive, bruyante dans les
Convitlsionnaires de Tanger, où le tapage des lumières répond à l'épilepsie des figures, dramatique dans la Barque du Dante, où une seule touche
de blanc brille comme un éclair en pleine tempête. Cette harmonie est encore froide et stridente dans la Mort de Marc-Aurèle, et elle devient
triomphante dans la Justice de Trajan, qu'on ne peut regarder d'un peu loin, sans croire entendre comme un cri de douleur au milieu des
fanfares. »
 
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