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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Véron, Eugène: Th. Ribot, [1]: Exposition générale de ses oeuvres dans les galeries de l'Art
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0158

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128

L'ART.

Cette biographie présente d'ailleurs un autre genre d'intérêt, un intérêt moral de la plus
haute valeur. Ribot n'est pas seulement un grand artiste, un peintre hors pair, c'est encore
un caractère vaillant que les difficultés et les souffrances n'ont pu entamer, un honnête homme
dans toute l'acception du mot; c'est encore — ce qui ne gâte rien, surtout quand il s'agit d'un
artiste — un homme simple et modeste qui fuit le bruit et le tapage, qui se cache dans une
retraite obstinée et qui ne se trouve jamais plus heureux que dans le cercle restreint de sa
famille et de quelques amis soigneusement triés.

Ribot a cinquante-sept ans. Il est né à Breteuil, dans le département de l'Eure, où son père
était ingénieur civil. Tout enfant, il s'essayait à dessiner; à douze ans il s'exerçait tout seul, sans
maître, à reproduire l'apparence des objets avec des couleurs qu'il achetait au vitrier de l'endroit.
Son père qui n'était pas riche, voyait avec effroi ces tendances. Il redoutait pour son fils les
déboires, les souffrances, les longues misères d'une carrière où le talent même ne sauve pas
toujours de la faim. Il voulait le préparer à l'école de Châlons et s'efforçait de lui inculquer, en

Dessin de Th. Ribot.

guise de contre-poison, le goût de la géométrie. Théodule docilement suivait les leçons de son
père et levait avec lui des plans, mais sans renoncer à sa chimère.

Tout cependant se déclarait contre elle. Son père mourut tout à coup tué par un accident
de laboratoire, et le laissa seul, à dix-sept ans, pour soutenir sa mère et ses soeurs. Il se fit
teneur de livres. Il entra en cette qualité dans une maison de draperie à Elbeuf, et ses patrons,
connaissant son goût pour la peinture, lui confièrent le soin de peindre leur cabriolet et les
lettres ornées de leur enseigne. Ce fut la première fois qu'il eut l'occasion de montrer au public
le résultat de son talent.

Il se maria à vingt et un ans et vint aussitôt à Paris, pensant que là seulement il pourrait
trouver un jour ou l'autre le moyen de faire de la peinture d'un genre plus relevé. A force de
chercher, il finit par rencontrer un fabricant de glaces qui voulut bien l'admettre à peindre des
oiseaux de bronze sur des encadrements. Il gagna ainsi tout juste de quoi ne pas laisser mourir
sa femme et son enfant. C'est même presque trop dire, car « plus d'une fois, raconte M. Four-
caud, dans une biographie où l'on trouve des renseignements qui n'ont pu être fournis que par
le peintre lui-même, il arriva à Mme Ribot de racler le fond des tiroirs qui avaient contenu du
 
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