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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [2]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0213

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LA MAISON D'UN ARTISTE AU XIXe SIÈCLE. 175

Mlle Lavergne, nièce de Liotard. Peinte par Liotard, gravée par Daullé et Ravenet. Un des
plus rares portraits de femme et du plus grand format. Les cheveux noués au haut de la tête
par un ruban, un cordon de cou auquel est attaché un petit crucifix, un corsage brodé de grandes
fleurs, à l'échancrure en triangle lacée ainsi qu'en un corsage de Suissesse, la belle jeune fille
lit de ses grands yeux baissés une lettre qu'elle tient des deux mains.

Louise-Élisabeth Vigée-Lebrun , de l'Académie royale de peinture. Peinte par Mme Vigée-
Lebrun, gravée à Stuttgart par Muller. Mme Lebrun s'est peinte coiffée d'un chapeau de paille
surmonté d'une grande plume appelée follette, habillée d'un peignoir sur lequel s'éparpille le
tuyautage d'un fichu de linge, et qu'entoure à demi dénoué un mantelet noir. Elle tient de la
main droite sa palette, et dans l'élégant maniérisme de sa pose, et de sa grâce un peu anémique,
elle regarde le public avec ses yeux clairs et limpides d'enfant.

Marguerite Le Comte, des- Académies de peinture et de belles-lettres de Rome, de Bologne,
de Florence. Dessinée par Watelet, gravée par Lempereur. La maîtresse de Watelet, la meunière
du Moulin-Joli, avec son nez pointu, ses traits sans distinction, son air un peu campagnard,
n'a rien en elle qui explique la vive et longue passion de l'ancien fermier général. Elle est peut-
être mieux dans un autre portrait dessiné par Cochin, et où l'amant graveur avec une pointe
amoureuse a rendu le frisotis de ses cheveux, le sourire de son œil et les fanfreluches d'une
échelle de rubans sur sa poitrine.

La maison de Marguerite le Comte, meunière du Moulin-Joli, gravée par Watelet, a eu
plusieurs fois les honneurs de la gravure, et l'abbé de Saint-Non a fait de la pittoresque habita-
tion, un cahier de six eaux-fortes qu'il a intitulé : « Varie vedute del gentile mulino dissegnate
d'appresso natura dal principe ed intagliate dal abbato di Sannone. Dedicate al amabile e leggiadra
Mulinaia i-j55.

Marie (Leckzinska), princesse de Pologne et de Navarre. Peinte par Nattier, gravée par
Tardieu. C'est la grande et magnifique planche, où la reine est peinte, selon sa volonté, « en
négligé », sans décolletage et avec sa coiffure d'habitude appelée un papillon noir, et qui était en
général la coiffure des veuves. De dessus un rideau attaché aux colonnes d'un palais, Marie
Leckzinska se détache avec sa bonne et vertueuse figure, au milieu de flots de dentelles et de
noirs épis que font dans les fourrures les lourdeurs des brocarts de son royal négligé.

Mais où vous vous rendrez mieux compte du charme enjoué de sa figure, c'est dans la
gravure de Petit, d'après le pastel du Louvre qui représente la reine tenant un éventail fermé,
le plus fort selon moi de tous les pastels de La Tour, et bien supérieur à celui de M'"° de
Pompadour.

Mme Legros. Dessinée par Pujos, gravée par Clément. La protectrice de Latude, une
interminable, sèche et noirâtre vieille femme qui a l'air de « Madame J'ordonne ».

Geneviève-Elisabeth Visinier, veuve de Jean-Baptiste-René Le Loux, maître ordinaire en la
chambre des Comptes du roi. Dessinée par de Bondy, gravée par Miger en 1774. Le plus laid
et le plus ratatiné portrait de femme qui se puisse voir, mais dont le poète de l'image dit :

Des Fleurs de la gaieté sa Raison embellie
Inte'resse le Cœur en amusant l'Esprit.

Catherine Tapperaist Ve Lescombat, âgée d'environ 28 ans. Dessinée d'après nature dans
son déshabillé par F. Dalberati, peintre italien, pendant son séjour en la prison de la Conciergerie
du Palais à Paris, au mois de may lySS. Gravé d'après le dessin original de même grandeur. La
femme qui a fait assassiner son mari par son amant, la galante à l'œil noir, à la belle gorge, à
la peau d'un blanc à éblouir, le peintre italien la donne à voir essayant sur sa main, avec toutes
sortes de coquetteries insouciantes, le bonnet de l'enfant dont elle est grosse, et auquel elle doit
le prolongement de ses jours.
 
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