Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

DOI Artikel:
Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [2]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0214

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
174 L'ART.

«Tendre, sensible, heureuse mère...» Portrait de Madame Letine, belle-mère de M. de la Live,
attribution du catalogue d'Augustin de Saint-Aubin, qui dit ce portrait gravé en 1765:, par M. de
la Live et Saint-Aubin. Peinte par Bernard, gravée par La Live. Une eau-forte qui est l'idéal
de la gravure de femme, et qui vous fait regretter qu'il n'y ait qu'un portrait de femme du
xvme siècle ainsi exécuté, et encore un portrait de vieille femme. Le gras modelage des traits
replets dans le doux pointillé, et le joli travail chiffonné des dentelles, et le bel hérissement des
fourrures, et la liberté, et la légèreté et l'esprit de cette claire image, autour de laquelle court un
encadrement de fleurs largement croqué à la pointe! Je n'ai pas besoin de dire aux gens qui ont
la moindre connaissance des estampes du temps que cette eau-forte est d'un bout à l'autre
d'Augustin de Saint-Aubin qui en a fait cadeau à son riche élève, de Saint-Aubin dont, un jour
ou l'autre, une loupe entêtée retrouvera la signature discrète en quelque coin, sous quelque
pétale de fleur.

« Mes yeux dans ce portrait admirent le pinceau. » Portrait de Mademoiselle de Loiserolle.
Peinte par Aved, gravée par Balechou. La belle sœur d'Aved, brune et hommasse comme sa
sœur, file au rouet, dans une opulente et carrée robe blanche, un chapeau de paille doublé de
soie, aux immenses bords retroussés, posé sur ses cheveux poudrés.

Alex Fatio, Veuve de M. le Syndic Pierre Lullin, née le 28 janvier 165:9 (vieux style), morte
le 14 novembre 1762 (nouv. style), dessinée d'après nature par M. J. E. Liotard en avril 1762
et gravée par un de ses arrière-petits-neveux en janvier 176J. Un portrait de centenaire aux
traits écroulés dans un bonnet de la campagne, une espèce de limousine sur les épaules, une
bavette sur l'estomac.

P. B. H. de Létancourt, comtesse de Mareilles. Dessinée par Eisen en 1764, gravée par
de Longueil en 1765". Des yeux vifs de souris en un minois tout clair et poudré à blanc. Ce
portrait est dans un cadre au haut duquel une des plus gracieuses figures allégoriques qu'ait
dessinées Eisen attache une rose.

Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre : la planche en couleur de Janinet,
publiée en 1777, montrant la reine de France dans sa robe de velours bleu fleurdelisée, au
milieu de ce somptueux encadrement de lauriers et de lis imprimés en or ; une planche qui se
payait 20 francs autrefois et qui vaut de 4 à 5:00 francs aujourd'hui. J'ai été assez heureux de
pouvoir joindre au portrait de Janinet une épreuve avant la lettre du petit portrait en imitation
de pastel de la « Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche », le portrait de Bonnet d'après
Krausinger, un portrait peut-être encore plus rare que celui de Janinet.

Madame Louise-Marie de France, née à Versailles, le 13 juillet 1737, religieuse carmélite
sous le nom de sainte Thérèse de Saint-Augustin, au couvent de Saint-Denis en 1770. Dessinée
par Queverdo, gravée par Le Beau. C'est la cinquième fille de Louis XV, connue sous le nom
de Madame Louise, et qui en 1772, du fond de son parloir, fut au moment de faire renvoyer
Mme du Barry. Assise sur une chaise de bois, un livre de prières à la main, il sort de l'em-
béguinement de la carmélite un gros nez et deux yeux très vivants.

[I.a suite prochainement.)

Edmond de Goncourt.
 
Annotationen