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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Le Salon de 1880, [2], Les portraits - la grande peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0216

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176 L'ART.

d'intimité. Aujourd'hui, le pli est pris. Le jardin a autant de visiteurs et de passionnés que les
galeries. Il est inutile d'insister. Mais ici, contre l'ordinaire, l'école de sculpture n'a, ni dans le
détail, ni dans l'ensemble, rien qui écrase sa rivale. Elle ne conserve que la moyenne d'éducation
supérieure, éducation due à des études plus patientes, à des succès moins hâtifs, à des exigences
de contention d'esprit plus grandes en cela que le sculpteur doit tout dégager, expression et
style, illusion et synthèse, d'une matière monochrome, et enfin à une communication perpétuelle
avec la nature, la nature humaine.

Mais ce que nous dirons sur cet aspect moins brillant de la nef, n'est que comparatif aux
années précédentes et nous en chercherons d'ailleurs les causes. En somme, l'école de sculpture
est toujours incomparable par le talent et par la tenue. Elle a maintenu la France au premier
rang, dans la dernière Exposition universelle, parmi les arts proprement dits du dessin et parmi
les hautes industries décoratives.

Pour ne point être complètement infidèle à notre méthode, étudions aujourd'hui les Portraits.
Le portrait se rapproche tellement du buste que certains de nos artistes, selon l'occurrence,
prennent l'ébauchoir ou le pinceau, la terre glaise ou la toile.

Le divin Mahomet enfourchait tour à tour
Son mulet Daïdol ou son âne Yafour...

Ainsi fait M. Paul Dubois. Il a eu la main moins heureuse que dans les années précédentes.
Son buste de M. Pasteur, l'illustre physiologiste, est un plâtre qui gagnera sans doute en passant
au marbre, mais qui dans l'état actuel est peu d'igné d'un membre de l'Institut. N'est-ce point
aux immortels à donner l'exemple des envois serrés, de l'observation et du rendu? A qui s'adresse
une ébauche aussi sommaire? Un membre du jury doit exercer d'abord sa propre sévérité sur son
œuvre, puisqu'il est, de par des règlements d'ailleurs abusifs et pernicieux, en dehors de tout
contrôle. — On dit que l'atelier de M. Paul Dubois ne désemplit pas. On peut le soupçonner à
la faiblesse de son double portrait de M"" ***, très superficiel, prêtant à ses modèles le sourire
bébête et le regard en l'air de jeunes soeurs à qui le photographe a dit : « Vous pouvez battre
des paupières. Je tire ma montre... ». La tonalité grise des robes refroidit encore l'effet. Mais
M. Dubois n'est point un coloriste. Son charme est dans une certaine étude des physionomies et
dans le modelé des plans qui s'unissent,, sans pastiche manifeste de l'école de Léonard. On le
retrouve mieux dans une petite toile, un franc profil de jeune femme décolletée et bras nus, une
rose au-dessus de l'oreille, intitulé Étude. Voilà qui réconcilie avec un maître que nous avons
chaudement célébré, quand la passion du succès ne le détournait point de la passion de l'art.

Tout à côté, nous rencontrons un portrait de M"' L. R., par M. Fantin-Latour. Ce n'est
point à celui-là qu'on pourra reprocher de se disperser! Il se fait un large revenu avec la vente
de ses tableaux de fleurs, en Angleterre. Tout le reste est pour le dilettantisme. On n'a guère
d'exemples aujourd'hui d'une vie aussi retirée. S'il a bien voulu accepter ce modèle-ci, c'est qu'il
rendait un hommage à un maître qu'il] a estimé, à feu Léon Riesener. Peut-être M. Fantin
tourne-t-il à un jansénisme de pinceau qui finirait par choquer les âmes égales. Assurément il y
a de l'affectation dans ce visage glacé, ce costume rigide, cette pose sur le bord d'une chaise de
laquelle on aperçoit un peu du dossier. M. Fantin a dû se signer après avoir peint ce petit
morceau d'acajou. Cette note brune dans cette symphonie grise est un réveillon qui, rappelé en
façon de cadre sur le mur de la chambre, eût rompu cet aspect de cellule. — M. Fantin, avec
qui nous pouvons prendre nos réserves, aujourd'hui que la croix a enfin récompensé sa vie de
travail et de conviction, confesse son vieux fond de romantisme dans sa Scène finale des Rheingold,
œuvre d'un wagnérien passionné.

M. Duez ne craint point le plein air. Sa palette s'y fortifie. C'est sur le terre-plein d'une
falaise qu'il a peint son ami Ulysse Butin, penché vers son chevalet, en matelot, un châle anglais
en travers des jambes, achevant lui-même quelque étude de mer. Le type est énergique. — Butin
est le seul dessinateur capable de nous doter d'un Graphie, si le public français pouvait se
déshabituer des « actualités », modelées en demi-teintes comme une page du Magasin
 
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