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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [3]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0272

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220

L'ART.

« Qu'un timide artisan élève du scrupule. » (Portrait de Mme de Sabran, d'après la liste générale
et alphabétique des portraits gravés du P. Lelong et d'après l'indication du second état qui porte
au lieu des vers : Louise-Charlotte de Foix-Rabat, marquise de Sabran.) Peinte par Vanloo,
gravée par Chereau le jeune. Cette maîtresse du Régent qui se permettait de dire à son amant
« que l'âme des princes lui paraissait faite d'une boue à part, de celle qui sert pour l'âme des
laquais », est représentée en chemise tombante, d'où sortent une épaule et un sein, et tenant des
deux mains avec toutes sortes de tendresses, une colombe posée sur un coussin, pendant que, la
tête détournée, elle regarde à la cantonade avec des yeux immenses et qui attendent.

M'"" la marquise de Sabran ; tiré du cabinet de Son Altesse royale monseigneur le prince
Henri de Prusse. Peinte par M'"c Vigée le Brun, gravée par Berger en 1787. L'épistolaire dont
on vient de publier de si adorables lettres, est assise sur un sofa, les bras croisés, les cheveux
ébouriffés et frisés autour d'une tête à la physionomie toute pétillante d'intelligence et d'esprit.
Elle est vêtue d'une robe de linon à la grande pèlerine enveloppant sa poitrine de son tuyautement
lâche et de flots de linge, au milieu desquels sa taille se dessine avec les souplesses nonchalantes
d'une taille de créole. La marquise de Sabran tenait au xviiic siècle un salon mi-politique,
mi-littéraire, où M. de Ségur lisait son « Art de plaire », où M. de Boufflers cousait des scènes
cVà-propos au « Bourgeois Gentilhomme », quand la marquise donnait la comédie au prince
Henri de Prusse chez lequel elle se retira pendant la Révolution

« L'Hommage réciproque. » (Portrait de M"1C Augustin de Saint-Aubin). Dessinée par Augustin
de Saint-Aubin, gravée en noir et en couleur par Gaultier. La belle et jolie femme qui a servi
si souvent de modèle aux compositions amoureuses d'Augustin, l'adorable créature au moelleux
profil, à l'œil noir et velouté par de longs cils, aux cheveux blonds frisotés, dont le chignon
lâche tombe à la Daphné sur les épaules en grosses torsades, la femme à la voluptueuse gorge,
apparaît dans la douce impression en couleur ainsi que dans le rien de rose de chair pâmée, que
son mari met dans ses crayonnages. On la voit assise, le fichu tombé, et tenant dans
une de ses mains un porte-crayon avec lequel elle dessine un portrait d'homme posé sur
un chevalet. Et c'est sans doute un portrait d'elle encore, cette séduisante « Louise Émilie,
baronne de *** », et un portrait d'elle encore, cette coquette « Adrienne-Sophie, marquise de *** »
coiffée d'un chapeau noir à la mode, deux portraits qu'on donne généralement pour des
portraits de Mmes de Boufflers et de Luxembourg. Et ici mon opinion est confirmée par le
souvenir d'avoir vu sur le dessin original d'un des deux portraits vendus chez Renouard et
achetés je crois par M. de Janzé, le nom de Mme Augustin de Saint-Aubin écrit en bas. Disons
que ces deux portraits quels qu'ils soient sont des bijoux, surtout lorsqu'ils sont avant l'adresse et
avec le nom du graveur à la pointe; et ajoutons que les deux eaux-fortes de ces portraits, que
j'ai eu la bonne fortune de trouver dans le temps chez Sieurin, sont rarissimes et n'existent pas
dans l'oeuvre d'Augustin de Saint-Aubin du Cabinet des estampes 2.

«L'innocence reconnue de Marie-Françoise-Victoire Salmon. » Portrait en couleur chez les
Campions frères.

DÉDIÉ AUX AMES SENSIBLES ET BIENFAISANTES

Un cœur généreux fut touché de mes peines,

Aux pieds du trône il porta la voix;

Un monarque juste brisa mes chaînes,

Et mon innocence triompha par le Cauchois.

1. Dans la galerie des Dames françaises, où la comtesse de Sabran figure sous le nom de Sapho, le pamphlétaire dit d'elle : « Sapho ferait
aimer l'indifférence, tant elle imite bien son attitude, ses regards, son langage ». Et il ajoute un peu plus loin : « Sapho ne néglige aucune des
ressources de la parure. Son art consiste à rejeter tout ce qui brille, et à employer avec une adresse infinie les ornements les plus simples; elle
a l'air de ne rien ajuster et de tout jeter au hasard; mais quand on l'examine, on voit que rien n'a été oublié. »

2. Le catalogue de Saint-Aubin, rédigé avec beaucoup de soin et qui donne les anonymes, se contente, pour ces deux portraits, de dire
qu'ils ont été gravés en 1779, sur le dessin fait d'après nature.
 
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