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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Le Blanc du Vernet, ...: L' art japonais, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0311

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L'ART JAPONAIS. 2p

Le siècle dernier s'incarne dans deux artistes transcendants : Watteau et Chardin, qui
flamboient, comme des météores, dans la pléiade affadie des maniéristes. On comprend que ces
deux coloristes éblouissants aient des droits incontestables au fanatisme qu'ils inspirent aux
collectionneurs sérieux.

Les collectionneurs, collaborateurs posthumes des artistes, ont pour mission de propager le
goût à travers les âges. Le collectionneur conscient est à la fois un érudit, un artiste et un poète
qui a charge d'âmes et doit maintenir dans les sphères idéales l'humanité, qui a un funeste
penchant à s'abêtir.

Le parvenu qui, par ostentation, acquiert au poids de l'or, sous le feu des enchères, ou des
mains suspectes de brocanteurs sans
science et parfois sans conscience,
des objets souvent apocryphes, n'est
pas plus un collectionneur que le
maniaque qui emmagasine, sans
discernement, des spécimens douteux
ou rebutants.

Le collectionneur, dont l'illustre
Sauvageot fut la plus éminente
personnification, est un ce voyant »
qui, avec un flair impeccable, dé-
couvre les chefs-d'œuvre inconnus
ou méconnus, conquiert pied à pied,
jour par jour, pièce par pièce, des
merveilles authentiques et irrépro-
chables, sans se préoccuper de la
mode, propagée par des experts
inexpérimentés ou des marchands
peu scrupuleux.

Le goût, qu'on a appelé le
microscope du jugement et la con-
science de l'esprit, est le privilège
du collectionneur éprouvé, qui doit
avoir une universalité d'aptitudes,
pour apprécier, par voie de sélec-
tion, la peinture, la sculpture, les
émaux, les bronzes, les céramiques,
les broderies, les nielles, la toreu- statuette équestre en rronze doré et émailléj

tique, la damasquinure, les laques teouy&lOkuyam,, pitovin^ de Bfcen (Japon). (Collection, de M. Le Blanc du Vernet.)

Dessin de René de la Fontinelle.

la joaillerie, la ciselure ; qui doit

être accessible aux beautés plastiques de l'art païen, à la grâce psychique de l'art chrétien, aux
merveillosités inattendues des créations de l'extrême Orient, et principalement du Japon, où le
soleil, père des couleurs, se lève dans toute sa pompe.

Cette contrée prédestinée a produit un art original, récemment révélé à l'Occident, et qui
paraît destiné à prendre un rang prépondérant dans les galeries des délicats.

L'art japonais, quoique très personnel, n'est pas sorti spontanément des entrailles du Nippon,
comme Minerve du cerveau de Jupiter. Il n'est pas le produit d'une parthénogénèse autonome,
car il relève de la Chine. Le Céleste Empire, la Fleur du Milieu, a fait l'éducation de l'Empire
du Soleil levant, comme les Grecs et les Romains firent celle de l'Occident.

L'histoire de la Chine touche au berceau du monde, comme cette mystérieuse contrée confine
au berceau du soleil. Toutes les idées que nous considérons naïvement comme des nouveautés
audacieuses y ont été pensées et vécues, dans l'ordre intellectuel, politique, religieux et moral,
 
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