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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [5]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0353

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LA MAISON D'UN ARTISTE AU XIXe SIÈCLE. 293

Marie-Élisabeth Joly, du Théâtre-Français, morte à Paris en Tan VI, âgée de trente-sept
ans. Dessinée par M***, gravée par Langlois. Peu jolie, mais douée d'une figure expressive et
relevée de petits grains de beauté, la première des servantes de Molière est pleurée au bas de
l'estampe par ces deux vers de Lebrun :

Éteinte dans sa fleur, cette actrice accomplie
Pour la première fois a fait pleurer Thalie.

Mlle Olivier, de la Comédie-Française. Dessinée et gravée en couleur par Coutellier. L'actrice
« jolie comme un ange, fraîche comme une rose », est représentée dans le travesti de Chérubin,
ce rôle dans lequel elle fit tourner la tête ce à toutes les femmes et à tous les hommes ». On
voit la charmante jeune femme sous le costume indiqué par Beaumarchais lui-même, dans les
Habillements de la pièce : vêtement d'un page de cour espagnole blanc et brodé d'argent, le
léger manteau bleu sur l'épaule, et un chapeau chargé de plumes.

Terminons par la Comédie-Italienne.

M1Ie Camille. Peinte par de l'Orme, gravée par Pelletier. Jacqueline-Antoinette Véronèse, née
à Venise en 173 y et qui débuta en 1744 pour la danse avec un feu, une grâce, une légèreté
admirables, a une figure grosse comme le poing où sont d'immenses yeux et une petite bouche
spirituelle. Elle est coquettement coiffée d'un fichu jeté sur la tête et noué sous le menton, et
elle porte un corsage galonné aux manches à crevés, un corsage ouvert sur son corset comme un
gilet d'homme.

M"e Colombe l'aînée. Pensionnaire du Roy, née à Venise en 17^4 et reçue à la Comédie-Italienne
en 1773. Dessinée et gravée par Patas. La chanteuse et la jolie femme est représentée en pied
dans le premier acte de la Colonie. La magnifique et rare estampe montre M1Ie Colombe chantant :

ce Ciel, où suis-je ..... » dans une robe à barrières de bouillons, qui est certes la robe la plus

richement bouillonnée qui ait été jamais faite.

MUe Coraline. Peinte par Allais, gravée à l'aqua-tinte par Vispré. La soeur de Camille, qui
débuta à quatorze ans dans le rôle de Colombine, et qui baptisa de son nom tant de pièces :
« Coraline Jardinière, Coraline Esprit-Follet, Coraline Arlequin et Arlequin Coraline », est
représentée dans ce rare portrait, bovine et joufflue, avec de gros yeux saillants aux cils durs,
les épaules couvertes d'une peau de féroce, nouée sur la poitrine par un noeud d'où ressortent
les griffes de la bête.

Mme Crétu, actrice du théâtre de Bordaux. Dessinée et gravée par Pallière à Bordeaux. Cette
actrice de la Comédie-Italienne, puis du théâtre Favart, et à laquelle la chronique scandaleuse
des théâtres de 1793 reproche son universalité, et loge ce rue Montorgueil, à la Vanité », est une
brune piquante avec quelque chose de simiesque dans les traits qui s'accentue avec l'âge, et la
fait ressembler dans la lithographie de Singry à un vieux singe phthisique.

Mn° Desbrosses, actrice de la Comédie-Italienne. Dessinée et gravée par Le Beau. Une rivale,
pour la finesse du jeu et le goût du chant dans certains rôles, de la Dugazon, et qui dans son
costume paysanesque, sous son petit chapeau de paille a les traits menus et ingénus d'une petite
fille.

Mme du Gazon, reçue à la Comédie-Italienne en 1776. Gravée par Le Beau. La Lisette au
jeu comique et fin, et possédant le nez le plus relevé de tous les nez de soubrettes qui
ont paru au théâtre, ainsi qu'on peut le vérifier en son profil dans le rôle de Marine de la
Colonie.
 
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