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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Tardieu, Charles: Notes sur le Salon de Bruxelles, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0056

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NOTES SUR LE SAL

ON DE BRUXELLES.

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main singulièrement pesante, et puis ce n'est pas encore aussi
amusant que vous pourriez le croire. Qu'on nous rende Knaus
et Vautier.

Pour en finir avec les envois étrangers, laissez-moi vous
signaler un tableau d'un peintre grec, Souvenir d'Athènes, par
M. Périclès Pantazis, Athénien domicilié à Bruxelles, et adepte
de l'école du gris. J'avoue que ce petit mendiant gris, adossé
à une muraille grise, et savourant sous un ciel gris une pas-
tèque, honteuse de n'être pas grise, ne m'a pas absolument
grisé. Mais les amis assurent que dans l'atelier tout ce gris
taisait très bien. A l'exposition le tableau perd beaucoup,
" comme toutes les œuvres sérieuses », ajoutait l'un d'eux.
Vous êtes orfèvre, monsieur Josse.

IV. — LES DAMES

.Te m'en veux d'avoir manqué de galanterie à l'égard de
Ml,<! Rosa Bonheur. Une grande réputation, un talent indé-
niable et une femme ! Il est vrai que ce lion et ces chevaux...
C'est égal, j'ai eu tort, et pour faire réparation au sexe, je
consacrerai un chapitre spécial à la peinture féminine. Elles
sont en nombre ces dames et ces demoiselles ; il en arrive de
tous les côtés, portant pour la plupart des fleurs et des épis.
Peindre des fleurs, c'est charmant pour une jeune fille qui n'a
rien à faire. Quelques-unes s'essayent au paysage, mais si elles
persévèrent, il est bien rare qu'elles progressent sérieusement
après les premiers succès de la débutante à laquelle on ne
refuse jamais un prix d'encouragement. Je n'en vois qu'une ici
qui soit devenue une véritable artiste, un talent original :
M"IC Marie Collart. Elle se répète bien un peu, et depuis
quelques années se plaît à faire sonner les deux notes aux-
quelles se réduit son clavier, jadis plus varié mais touché d'une
main plus tâtonnante. Il y a du maître dans cette petite main-
là. Et puis deux notes, ce n'est pas rien. Bilboquet n'en avait
qu'une à son trombone, et en art Bilboquet s'appelle légion.
Vous avez vu à Paris l'automne et l'hiver de M1,,c Collart, —
le Moulin de Calevoet et le Canal à Ruysbroeck ; —je n'y
insiste pas. C'est un talent qui se soutient. M"0 Beernaert,
chevalier de l'Ordre de Léopold comme M"10 Marie Collart,
avait donné quelques espérances, mais elle ne paraît pas

pressée de passer le pont qui mène du pays des amateurs au
pays des artistes. De même Mllc d'Espiennes; toute jeune,
pour le passer plus vite, elle avait enfourché un énorme cour-
sier, et, non contente de peindre hardiment le cheval grandeur
nature, elle le modelait en cire avec une adresse rare dans des
proportions microscopiques. Aujourd'hui ce n'est plus cela. Sa
Fenaison demeure inaperçue.

Dans les ateliers féminins, la figure est plus rare que le
paysage. Il y a des essais, par exemple cette Tête d'étude de
Mlle Alix d'Anethan, qui a tout l'air d'une promesse, et le
Souvenir de Nice de M"'c Bucheron-Gallait, une promenade à
âne qui fait un tableau de genre assez gracieux. Il y a aussi
des ambitions ; telles les compositions de Mmc Anaïs Beauvais
qui associe la figure aux fleurs, et que vous connaissez de-
reste.

Mais le plus souvent la femme peintre cultive la fleur pour
elle-même, et souvent avec une virtuosité qui étonne. L'éton-
nement est tel qu'une légende tend à s'accréditer. On cite tel
maître dont on prétend reconnaître le coup de pinceau, et on
lui donne les chefs-d'œuvre de ces demoiselles. Autrefois les
maîtres signaient des tableaux de leurs élèves. Aujourd'hui les
élèves seraient admises à signer des tableaux de leur maître.
Je n'en crois pas un mot. Pure réclame que cette légende.

Parmi les plus habiles fleuristes du Salon, citons M"cs Louise
Desbordes, Camille Prévost-Roqueplan et Georgette Meunier,
toutes trois élèves de M. Alfred Stevens. Leurs envois ont
figuré au Salon de Paris, sauf le Violon de M"° Meunier, un
violon entouré de pensées, comme dans son grand tableau
Hommage à François Servais le stradivarius du célèbre vio-
loncelliste est couronné de reines-marguerites. Voilà un trio
qui fait honneur au maître qui l'a formé.

Mllu Emma De Vigne n'est pas élève de M. Alfred Stevens
et elle a du talent tout de même. Sa peinture, moins grasse
que celle de ses rivales, a un accent personnel qui éclate
surtout dans ses Tournesols, acquis par le roi.

Et dire que j'allais oublier M"10 Henriette Ronnerl Et la
galanterie, qu'est-ce que nous en faisons? M. Lambert, le peintre
des chats et le plus chat des peintres, lui envierait l'idée de
son Tour du monde. Je dis l'idée, et m'en tiens là pour faire
patte de velours.

{La Jin prochainement. > Charles Tardieu.
 
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