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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Fouqué, Octave: Le théatre contemporain: Gabrielle Krauss
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0252

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GABRIELLE KRAUSS. 229

des accents sublimes dans le solo, dans le duo avec le contralto, dans le trio, et surtout dans le
Credo. M"e Krauss a dû redire le Crucifixus. »

Rossini avait pris en affection Mllc Krauss. La première fois qu'il lui entendit chanter l'air
de Sombres forets, il se leva de sa chaise et courut l'embrasser en lui disant :

« Vous chantez avec votre âme, ma chère enfant, et vous avez une belle âme ! »

Oui, Mlle Krauss, on peut l'affirmer, a une belle âme; sa vie est digne et s'écoule loin des
sociétés inutiles et des coteries, dans le culte de l'art. Il est aussi vrai qu'elle chante avec âme,
et c'est là le secret de l'ascendant que nous subissons quand elle chante. Les vocalises même
dont Rossini a orné et parfois surchargé sa musique ne sont pas pour elle un prétexte à faire
briller une vaine et lassante virtuosité ; elle s'en sert bien plutôt comme de véhicule au sentiment
intérieur qui l'inspire. Ainsi faisait-elle dans le Stabat, Semiramide et Otello, qui, avec la Messe,

lui fournirent l'occasion de succès qui établirent définitivement sa réputation parisienne. Une
consécration plus haute attendait Mlle Krauss. Au mois de janvier 1870, elle était appelée à
chanter au Conservatoire la Mort de Diane, scène lyrique de M. Vaucorbeil, et le grand air du
Freyschut{. L'étrangeté de sa prononciation française ne nuisit pas trop à son admirable style
musical dans le premier morceau ; quant à l'air du Freyschïit\, elle le chanta en allemand ; son
succès fut tel que la Société des Concerts voulut la compter au nombre de ses membres hono-
raires. Trois chanteurs seulement avaient déjà reçu la même distinction : Nourrit, Mme Damoreau,
et Mme Bockholtz-Falconi, Viennoise comme M,le Krauss.

Le public français était conquis, et la scène de l'Opéra allait s'ouvrir pour Gabrielle Krauss.
M. Emile Perrin, alors directeur, avait jeté les yeux sur elle pour le principal rôle de la Jeanne
d'Arc, de M. Mermet. Il l'engagea à cet effet. Oui, M"e Krauss devait créer ce rôle avec toute
la supériorité du talent, mais beaucoup plus tard. Au printemps de 1870, elle se rendait à Bade,
dont les journaux disaient d'elle : « C'est l'artiste la plus complète, la plus inspirée qui soit
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