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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Wauters, Alphonse: Les tapisseries de Bruxelles et leurs marques, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0267

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242 L'ART.

Stradanus. L'activité de Van der Roost, que les auteurs italiens et français désignent sous les
noms de Rosto ou Le Roux, fut considérable, et Ton en a rencontré des témoignages, non seule-
ment à Florence, mais aussi à Ferrare et à Venise. Dans le presbytère de l'église Saint-Marc
de cette dernière cité, on conserve quelques riches ara{{i, tissus d'or, d'argent et de soie, repré-
sentant des épisodes de la légende du saint et que l'on expose dans le chœur aux principales
fêtes de l'année. D'anciens écrivains les attribuent à Jean Rost ou Van der Roost, et, en effet,
par un accord en date du 20 octobre i55o, il s'engagea à fournir aux procurateurs de la cathé-
drale quatre pièces exécutées d'après les dessins de Jacques Sansovino, et devant coûter 20 ducats
(de 6 livres 4 sous) par braccio ou aune carrée de Venise. On y remarque, clans un coin, les
initiales F. G., et Moschini en a conclu que Francesco Giglio les a dessinés1. Ne pourrait-on
pas dire, avec plus de vraisemblance, que François Geubels, fabricant bruxellois qui était contem-
porain de Van der Roost, y a mis la main ?

Venise, au surplus, a compté plus d'un Belge parmi ses habitants. Le 5 janvier 1543,
Francesco le Flamand s'engagea envers les chefs du Conseil des Dix à restaurer deux pièces de
tapisserie; en 1564 et 1572, Gaspar Carnes, compatriote de Francesco, travaillait à l'église
Saint-Sauveur; vers le même temps, un autre enfant des Flandres, Lazare Canaam, y exécuta
pour le sénateur Charles Zane, d'après des cartons du Titien, au prix de 27 ducats l'aune, quatre
tapisseries tissées d'or et d'argent, représentant les Vertus théologales ; en 1585, Alexandre Van
der Goes (nom qui exempte de tout commentaire) fournit au Conseil des Dix quatre pièces qui
lui furent payées 243 ducats de 22 gros, etc. Au xvne siècle, un groupe de tapissiers flamands
auraient voulu implanter leur industrie dans la ville des lagunes; ils obtinrent le i5 janvier 1621
l'autorisation qui leur permettait de tenter cet essai, mais leurs efforts furent infructueux 2. Pas
plus que Ferrare, la reine de l'Adriatique ne parvint à rivaliser sous ce rapport avec Florence.

Les établissements installés à Fontainebleau par François Ier et à Paris par Henri II, et ceux
d'Orléans, de Tours, etc., n'eurent qu'une existence éphémère ou modeste. Nés de la faveur
des princes, ils ne vécurent qu'avec peine, comme des plantes de serre chaude. Ce qui contribua
surtout à développer au dehors la concurrence à l'industrie des tapisseries des Flandres, ce fut la
grande révolution du xvi" siècle. Déjà, sous le règne de Charles-Quint, plus d'un fabricant avait
été poursuivi comme suspect d'hérésie ; les cruautés du duc d'Albe chassèrent par centaines les
peintres et les tapissiers, et la plupart ne revinrent plus dans leur patrie. Quelques-uns se fixèrent
en Hollande et travaillèrent non sans succès, à Middelbourg, à Leyde, à Delft. Vers l'an 1600,
Daniel Pepersack se reifdit à Charleville, puis à Reims, où il fabriqua des tentures pour l'arche-
vêque3; un autre Bruxellois, Herman Labbe, partit pour Nancy, où le duc de Lorraine l'avait
appelé. La Bavière, le Danemark s'efforcèrent aussi d'attirer des émigrants de ce genre. Mais deux
pays surtout firent de grands sacrifices pour arracher à la Belgique le monopole de la fabrication
des tentures historiées. Henri IV, malgré l'opposition de son premier ministre, le célèbre Sully,
dépensa beaucoup d'argent clans ce but. En Angleterre, Jacques Ier et son fils Charles IL'r dotèrent
et protégèrent l'établissement de Mortlake. Or, ce que l'on imitait à Morltake, avec plus ou moins
de bonheur, c'étaient les fabrications bruxelloises, comme les dernières expositions l'ont prouvé, et
ce que l'on confectionnait à Saint-Marcel par ordre du Béarnais, c'étaient, on ne l'a pas assez
remarqué, des « tapisseries de Bruxelles ». D'ailleurs l'un des fabricants que Henri IV encouragea
et ennoblit, Marc Coomans, était probablement de cette ville, où l'on trouve, au xvie siècle, un
Gérard Comans, legwercker, inscrit parmi les membres de la confrérie de Saint-Sébastien de
l'église Saint-Géry, et, en 1668, un Laurent Coymans qualifié de tapissier knecht ou ouvrier
tapissier.

Louis XIV reprit, avec plus de grandeur et de suite, les projets de son aïeul pour l'extension de

1. Les détails qui précèdent sont empruntés à un ouvrage tout récent : Urlani de Gheltof, Degli ara^^i in Vene^ia con note sui tessut
artistici Vene^iani (Venise, 1878. In-8').

2. Voir ibidem, pages 26, 27, ÎI.

3. Il faut consulter sur les tentures de la cathédrale de Reims une monographie intitulée : Les Tapisseries de Notre-Dame de Reims,
précédées de l'Histoire de la tapisserie dans cette ville, par Ch. Loriquet, conservateur de la bibliothèque, des archives et du musée. Reims,
P. Giret, 1876. In-8".
 
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