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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Wauters, Alphonse: Les tapisseries de Bruxelles et leurs marques, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0268

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LES TAPISSERIES DE BRUXELLES ET LEURS MARQUES. 243

l'industrie française. Lui aussi fit appel à des Belges pour inoculer une vie nouvelle aux fabriques
que son prédécesseur avait créées et qui, depuis la mort de Henri IV, n'avaient fait que languir.
A côté et en sous-ordre de Le Brun, dont il devint le gendre, le Bruxellois Adam-François Van
der Meulen multiplia les cartons destinés à guider le personnel travaillant aux tentures qui ont
immortalisé le nom des Gobelins, et ce vaste atelier, œuvre puissante que la France a soutenue
avec une persévérance admirable, reçut pour chefs principaux Jans d'Audenarde et deux enfants
de Bruxelles : Jean de la Croix et Mozin. Si, à Lille, l'industrie des tapisseries prit des dévelop-
pements nouveaux après la conquête de cette ville par Louis XIV, ce fut grâce à trois fabricants
de Bruxelles qui quittèrent leur patrie pour s'y établir : François De Pannemaker, Jean De Melter
et Guillaume Waerriiers'.

De grands événements survinrent en Europe pendant les premières années du xvme siècle et
y apportèrent des modifications considérables à l'état politique. Ils eurent aussi pour conséquence
d'enlever aux produits de la capitale des Pays-Bas, auparavant espagnols et devenus autrichiens,
une partie de leurs débouchés. La France et l'Angleterre continuèrent à les frapper de droits
onéreux. L'Espagne vit se créer à Madrid, en 1720, la fabrique de Sainte-Barbe, à la tète de
laquelle Philippe V plaça Jacques Van der Goten, d'Anvers, dont les descendants en conservèrent
longtemps la direction, atelier duquel sortirent, du temps du roi Charles III, ces tentures qui
reproduisent des œuvres humoristiques du peintre Goya '-. Tandis que des établissements analogues
s'organisaient à Rome et à Munich, l'ascendant industriel de la France devenait si grand que les
colonies de tapissiers se modelaient, non plus sur les ateliers bruxellois, mais sur l'établissement des
Gobelins, dont la manière et les procédés furent bientôt imités partout, même aux Pays-Bas. La
fabrique de Munich prolongea son existence jusqu'en 1799; à Rome, celle dite de Saint-Michel
existe encore, mais s'est presque toujours bornée à maintenir en bon état les riches tentures
conservées dans les palais pontificaux et dont le nouveau pape a eu l'heureuse idée de prescrire
l'examen et le classement.

Trop de causes minaient la prospérité des ateliers de Bruxelles pour que leur vitalité pût se
maintenir. A deux causes essentielles : la décadence de l'école flamande de peinture et de la
prospérité des provinces belges, dont les guerres et les traités écornaient constamment l'étendue, et
la diminution des débouchés qui étaient jadis ouverts aux produits de l'industrie flamande, vient
s'en joindre une troisième, dont l'influence fut encore plus fatale. Un changement complet
s'introduisit dans le mobilier, et bientôt les tentures de laine et de soie s'accumulèrent chez les
fabricants sans trouver d'amateurs. Les tapisseries de Bruxelles se confectionnaient au siècle
dernier aussi belles que jamais, abstraction faite du mérite des peintres qui en exécutaient les
cartons. Celles qui en 1718 ont été exécutées par Urbain Leyniers et son associé Rydams pour la
salle d'assemblée des Etats de Brabant, salle actuellement réservée pour les séances du Conseil
communal, à l'hôtel de ville de Bruxelles, et celles que l'on suspend dans le chœur de la collégiale
des Saints-Michel et Gudule, de la même ville, produits de Jean-François Van der Borght et de
son fils Jacques, datant, deux de 1770 et quatre de 1785, sont remarquablement belles. Leur état
parfait de conservation atteste la bonté des matières premières qui y ont été employées et
l'excellence de la préparation à laquelle ces matières avaient été soumises chez les teinturiers.
Mais la mode est un juge contre lequel il est inutile de protester. Les tapisseries historiées se
virent dédaignées à tel point qu'il y a un demi-siècle elles servaient surtout à boucher des trous
de toitures ou à couvrir le plancher des mansardes. On jeta au rebut, on vendit à vil prix de
merveilleux tissus qui parfois se payent maintenant à prix d'or. La ville qui dut quatre siècles de
gloire et de prospérité à cette fabrication splendide en perdit jusqu'au souvenir et bien des
gens s'y étonnent d'apprendre que les plus belles tapisseries, les plus célèbres tentures ne viennent
ni des Gobelins, ni d'Audenarde. Et cependant l'erreur est facile à constater. Les tapisseries de
l'hôtel de ville, comme celles de Sainte-Gudulc, pour ne parler que de celles-là, portent la marque

1. Il n'y a nul doute sur le lieu de naissance des deux premiers; celui du troisième est détermine par l'acte d'admission de Waerniers
dans la bourgeoisie lilloise, le i" juillet 1701.

■1. Signalons ici un livre qui présente un vif intérêt : Los Tapices de Goya, par D. G. Cruzada Villaamil (Madrid, 1870, in-8"), volume
rempli de renseignements précieux.
 
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