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Der Sturm: Monatsschrift für Kultur und die Künste — 4.1913-1914

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Nummer 154/155 (April 1913)
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Apollinaire, Guillaume: Zône
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Hirschfeld, Richard Julius: Für Kandinsky: Buchhändlerkritik
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https://doi.org/10.11588/diglit.27574#0008

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Von Guillaume Apollinaire

A la fin tu es las de ce monde ancien

Bergere ö tour Eiffel le troupeau des ponts bele ce matin

Tn en as assez de vivre dans l’antiquite grecque et romaine
Id meme les automobiles ont Fair d’etre anciennes
La Religion seule est restee toute neuve la Religion
Est restee simple comme les hangars de Port Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique 6 Christianisme
L’Europeen le plus moderne c’est toi pape Pie X
Et toi que les fenetres observent la honte te retient
D’entrer dans une eglise et de t’y confesser ce matin

Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut

Voilä la poesie ce matin et pour la prose il y a les journaux

II y a les livraisons ä 25 Centimes pleines d’aventures policieres

O portraits des grands hommes et mille titres divers

J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublie le nom

Neuve et propre du soleil eile etait le clairon

Les Directeurs les Ouvriers et les belles stenodactylographes

Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent

Le matin par trois fois la Sirene y gemit

Une cloche rageuse y aboie vers midi

Les inscriptions des enseignes et des murailles

Les plaques les avis ä la fagon des perroquets criaillent

J’aime la gräce de cette rue industrielle

Situee ä Paris entre la rue Aumont-Thieville et l’avenue des Ternes
Voilä la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant
Ta mere ne t’habille que de bleu et de blanc

Tu es tres pieux et avec le plus ancien de tes camarades Rene Dalize
Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Eglise

II est neuf heures le gaz est baisse tout bleu vous sortez du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du College
Et dans l’eternelle et adorable profondeur amethyste
Tourne ä jamais la flamboyante gloire du Christ

C’est le beau lys que malgre tout nous tous nous cultivons
iC’est la torche aux cheveux roux que n’eteint pas le vent
C’est le fils pale et vermeil de la doulouEeuse mere
C’est larbre toujours touffu de toutes les prieres

C‘est la double potence de l’honneur et de l’eternite c’est l’etoile ä six branches
C’est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche
C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
II detient le record du monde pour la hauteur

Pupille Christ de l’oeil Vingtieme pupille des siecles il sait y faire
Et change en oiseau ce siede comme Jesus monte dans l’air

Les diables dans les abfmes levent la tete pour le regarder
Ils disent qu’il imite Simon Mage en Judee
Ils crient s’il sait voler qu’on l’appelle voleur
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
Icare Enoch Elie Apollonius de Thyane
Flottent autour du Premier aeroplane

Ils s’ecartent parfois pour laisser passer ceux qui transporte la Sainte-Eucharistie

Ces pretres qui montent eternellement en elevant l’hostie

L’avion se pose enfin sans refermer les ailes

Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles

A tire d’aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux

D’Afrique arrivent les ibis les flamands les marabouts

L’oiseau Roc celebre par les conteurs et les poetes

Plane tenant dans les serres le cräne d’Adam la premiere tete

L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri

Et d’Amerique vient le petit colibri

De Chine sont venus les pi-his longs et souples

Qui n’ont qu’une seule aile et qui volent par couples

Puis s’en vient la colombe esprit immacule

Qu’escortent l’oiseau-lyre et le paon ocelle
Le phenix ce bücher qui soi-meme s’engendre
Un instant voile tout de son ardente cendre

Les sirenes laissant les perilleux detroU'r - *

Arrivent en chantant beliement toutes trois
Et tous aigles phenix et pi-his de la Chine
Fraternisent avec la volante machine

Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule
Des troupeaux d’autobus mugissants Pfäs de toi roulent
L’angoisse de l’amour te serre le gosie'

Comme si tu ne devais jamais plus etre aime

— ‘i f fi « . ' <’i

Si tu vivais dans l’ancien temps tu enherais dans un monastere
Et vous avez honte quand vous vous hirprenez ä dire une priere
Tu te moques de toi et comme le feu de l’enfer ton rire petille
Res etincelles de ton rire dorent le fofli de ta vie
C’est un tableau pendu dans un sombrt musee
Et quelquefois tu vas le regarder de yC3

Aujourd’hui tu marches dans Paris lesjiemmes sont ensanglantees
C’etait et je voudrais ne pas m’en somsnir c’etait au declin de la beaute

-

Entouree de flammes ferventes Notre-'ame m’a regardö ä Chartres
Le sang de votre Sacre-Coeur m’a inende ä Montmartre

Je suis malade d’ouir les paroles bienleqreuses

L’amour dont je souffre est une maladfl hpnteuse

L’image qui te possede te fait sourire ans l’insomnie et dans l’angoisse

Et c’est toujours pres de toi la metiv« qui passe

Maintenant tu es au bord de la MediDranee ' j

Sous les citronniers qui sont en fleur flute l’annee

Avec tes amis tu te promenes en barqie

L’un est Nissard il y a un MentonasqU* et deux Turbiasques

Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs
Et parmi les algues nagent les poissoni (mages du Sauveur

i

Tu es dans le jardin d’une auberge aui environs de Prague
Tu te sens tout heureux une rose est ijir la table
Et tu observes au lieu d’ecrire ton ernte en prose
La cetoine qui dort dans le coeur dda rose

Epouvante tu te vois dessine dans les gathes de Saint-Vit
Tu e<*eis triste ä mourir le jour oü tu t' vis

Tu »ressembles au Lazare affole par hjour

■i

Les aiguilles de l’horloge du quartier jjf vont ä rebours'

Et tu recules aussi dans ta vie lenteihnt
En montant au Hradchin et le soir en poutant
Dans les tavernes chanter des chanso* tcheques

Te voici ä Marseille au milieu des paeques
Te voici ä Coblence ä l’hötel du Geafl

Te voici ä Rome assis sous un nefliefflu Japon

Te voici ä Amsterdam avec une jeuneille que tu trouves belle et qui est laide
Elle doit se marier avec un etudiant 4 Leyde
On y loue des chambres en latin Cuteula locanda
Je m’en souviens j’y ai passe trois jota et autant ä Gouda

Tu es ä Paris chez le juge d’instructio
Comme un criminel on te met en eta^’arrestation

Tu as fait de douloureux et de joyeuVoyages

Avant de t’apercevoir du Mensonge ede l’Age i

Fu as souffert de l’amour ä vingt et ä^ente ans 1

J’ai vecu comme un fou et j’ai perdihion temps

Tu n’oses plus regarder la croix et V- moments tu voudrais sangloter
Sur moi sur celle que j’aime sur to». v’„qui m’a epouvante

Tu regardes les yeux pleins de larmeS-es pauvres emigrants
Tis croient en Dieu ils prient les fernes allaitent des enfants
Ils emplissent de leur odeur le hall gare Saint-Lazare
Ils ont foi dans leur etoile comme Iesljis mages
Ils esperent gagner de l’argent dans ^gentine
Et revenir dans leur pays apres avoi^'t fortune

Des familles transportent un edredon comme vous transportez votre coeur

Cet edredon et nos reves sont aussi irreeis
Beaucoup de ces emigrants restent ici et se logent
Rue des Rosiers ou rue des Ecouffes dans des bouges
Je les ai vu souvent le soir ils prennent Fair dans la rue
Et se deplacent rarement comme les pieces aux echecs
II y a surtout des juifs leurs femmes portent perruque
Elles restent assises exsangues au fond des boutiques
Tu es debout devant le zinc d’un bar crapuleux
Tu prends un cafe ä deux sous parmi les malheureux

Tu es la nuit dans un grand restaurant

On chante on danse on boit du Champagne

Ces femmes ne sont pas mechantes elles ont des soucis cependant

Toutes meme la plus laide a fait souffrir son amant

Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey

Ses mains que je n’avais pas vues sont dures et gercees

J’ai une pitie immense pour les coutures de son ventre

J’humilie maintenant ä une pauvre fille au rire horrible ma bouche

La nuit s’eloigne ainsi qu’une belle metive
C’est Ferdine la fausse ou Lea l’attentive
Et tu bois cet alcool brulant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi ä pied
Dormir parmi tes fetiches d’Oceanie et de Guinee
Ils sont des Christs d’une autre forme et d’une autre croyance
Ce sont les Christs inferieurs des obscures esperances
Adieu adieu

Soleil levant cou tranche

Guillaume Apollinaire

Für Kandinsky

Buchhändlerkritik

Ich erhalte folgenden Brief:

Sehr geehrter Herr Waiden!

In einer der letzten Nummern des „Sturm“
haben Sie sich mit dem Protest für Kandinsky
den Dank vieler Freunde Kandinskyscher Kunst
erworben. — Ich gebe Ihnen einen Beitrag zu
dem Tiefstand unserer Kritik, der meines Erach-
tens von weittragender Bedeutung ist, als die
persönlichen Anödungen des Hamburger Herrn.
Es handelt sich auch um Kandinsky. Ich ent-
nehme die folgenden Sätze wörtlich dem „Mün-
chener Brief“ eines Herren Recknagel, sie stehen
im „Börsenblatt für den Deutschen Buchhandel“,
vom 5. Februar 1913:

„Selbst der Fachmann, der gewiß an Extreme
gewöhnt ist, wird an seinem Urteil irre, wenn er
die Geistesprodukte der verschiedensten Richtun-
gen überblickt. Wie bei mancher als schön gel-
tenden Frau nichts als der Geschmack der Schnei-
derin zu bewundern ist, so ist bei vielen biblio-
philen Neuerscheinungen nichts zu achten, als die
Geschicklichkeit des Buchbinders und des Druck-
kers. Die ärgsten Sünder sind hier aber die Ku-
bisten und Futuristen. Lieber Justinus Kerner!
Deine harmlosen Klecksographien mit ihren vier-
dimensionalen Deutungen haben so viele ange-
mutet als ein Zeichen psychologischer Grenzzu-
stände. Und doch war all dein Mühen nur ein
Kinderlallen gegen die hehren Offenbarungen un-
serer ff. differenzierenden Künstler. „Blaue Rei-
ter“ und „Kandinsky-Klänge“ durchschwirren die
Luft. „Links kein Gelände, rechts kein Gelände;
nirgends, nirgends Gegenstände.“ Und der Text?
Gepriesen seist du, Friederike Kempner! Ihr
Heerscharen der Proktophantasten, steht uns bei!
Auf gut Oberbayerisch übersetzt: Viii z’viii füi!“
 
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