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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Charles Gounod, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0021

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CHARLES GOUNOD

n annonce pour les premiers
jours du mois d'avril la pre-
mière représentation d'un
nouvel opéra de M. Charles
Gounocl, dont le poëme est
emprunté au roman d'Alfred
de Vigny, Cinq-Mars. A la
veille de cette solennité dra-
matique, qui sera l'événement
de la saison, essayons de
retracer la brillante carrière
de l'éminent artiste.

Vers le milieu de l'année
1846, un jeune musicien en-
core inconnu, qui venait de
terminer ses études dans sa
ville natale, arrivait d'Alsace
à Paris, pour s'y perfection-
ner dans son art et pour
chercher, dans l'emploi de
son talent, les moyens d'as-
surer son existence. Il était

Fac-similé d'un dessin de NiccoU Sanesi. de pluSieUrS lettres de

recommandation pour divers

artistes, et Tune de ces lettres était à l'adresse d'un jeune compositeur sur lequel on avait cru,
un instant, pouvoir fonder les plus solides et les plus brillantes espérances, mais qui, après avoir
remporté le grand prix de Rome et s'être mis en lumière par deux ou trois œuvres importantes,
avait tout à coup annoncé le dessein de se retirer du monde et, voulant entrer dans la vie reli-
gieuse, avait accepté les fonctions de maître de chapelle à l'église des Missions étrangères, église
dépendant du séminaire du même nom.

C'est à celui-ci que le jeune solliciteur rendit sa première visite. Bien que le résultat en fût
nul, car le maître de chapelle n'avait pas alors d'emploi vacant à sa disposition, l'entrevue fut
très-cordiale, et chacun des deux artistes en conserva, dans la suite de sa carrière, un excellent
souvenir. Mais l'impression qu'elle causa au musicien alsacien fut particulièrement vive, et resta
pour toujours gravée dans sa mémoire. On le concevra si l'on veut bien se rendre compte des
allures austères et presque mystiques du confrère auquel il avait été adressé, et quand on saura
que ce dernier, étudiant alors pour entrer dans les ordres, avait déjà revêtu la longue robe et le
costume de la maison conventuelle des Missions. Son abord, son maintien, son langage, tout en lui
se ressentait de la résolution qu'il avait prise, de l'avenir qu'il s'était préparé. Aussi ne l'appe-
lait-on déjà, au séminaire, que « l'abbé Gounod ».

Le maître de chapelle des Missions étrangères n'était autre, en effet, que M. Charles Gounod,
le futur auteur de Sapho et de Mireille, de Faust et de Roméo, une des prochaines gloires de la
musique dramatique française. Il est resté au grand artiste, dans la suite de sa carrière, comme
une sorte de ressouvenir de ces premières années vouées par lui aux études théologiques, de son
 
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