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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Chronique étrangère
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Nécrologie
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2l6

L'ART.

de jour que ces messieurs ne courent de gaieté de cœur à quelque
nouveau baptême. Le même missionnaire qui nous a donné
hier une divinité à adorer, nous explique aujourd'hui que c'est
le résultat d'un malentendu, qu'il a mieux à nous offrir, et ren-
versant l'idole de la veille, il nous convie à nous prosterner
devant l'idole du lendemain. Un autre caractère qui m'a souvent
frappé et toujours choqué dans la critique d'art, c'est son into-
lérable intolérance. Un critique découvre un talent qu'il croit
absolument nouveau ; il a tort ou raison, peu importe, mais
moins la foule est disposée à admirer, plus il se consacre dévo-
tement à l'objet de son culte. Il prodigue à son nouveau favori
les soins d'une mère dorlotant un enfant rachitique; cette affec-
tion maternelle est trop légitime pour qu'on ait le droit de s'en
offenser ou de s'en plaindre. Mais il y a un autre genre de
maternité artistique assez analogue au cas de cette maman qui,

rappeler que le palais de l'art est semblable à la maison du Sei-
gneur, une maison où il y a place pour tout le monde. Même
spectacle dans la littérature et la musique. Le monde littéraire
est divisé en petites sociétés d'admiration mutuelle et de pros-
cription réciproque. L'admiration que vous inspire à juste titre
le talent de tel poète moderne implique l'obligation de jeter au
feu votre Pope, votre Dryden, votre Byron et votre Shelley.
Tout cela donne à penser que notre époque possède à un
moindre degré que les siècles précédents la sobriété du juge-
ment, le sens des proportions et le sentiment des convenances,
mais qu'elle a en revanche une fâcheuse tendance à l'exagération,
au sentimentalisme, à l'exaltation, et à ce qu'on pourrait appeler
la faquinerie de la pensée (coxcombry of thought). » La boutade
est spirituelle, mais elle ne donne que la moitié de la vérité, et
elle appelle nous ne dirons pas une réponse, mais un complément.

pour lancer sa fille et assurer le succès de celle qu'elle a élevée, Nous essayerons peut-être un jour d'indiquer ce qui manque à

ne croit pas pouvoir se dispenser d'éreinter toutes les autres cette critique de la critique ; en attendant nous la donnons à titre

jeunes personnes. A lire certains critiques, il semble qu'il soit de document humoristique,
impossible d'admirer tel peintre, tel sculpteur, tel architecte, ou

telle école, sans faire fi de tout le reste. A ce jeu l'art court Italie.—Un congrès artistique a eu lieu à Naples à l'occasion

risque de subir le même sort que la religion. L'art devient ainsi I de l'exposition nationale des Beaux-Arts. La session de ce congrès

une affaire de sectes et de dogmes, ayant ses croyances exclu- qui avait attiré un grand nombre d'artistes a été officiellement

sives, et, en vérité, ses clauses de damnation, son Index et son I close le 25 avril par le président, M. le comte Spinelli. L'expo-

Syllabus, sans oublier l'excommunication majeure réservée non- sition restera encore ouverte pendant un certain temps. Le con-

seulement aux hérétiques, mais encore à quiconque se permet I grès artistique italien tiendra ses prochaines sessions à Turin et

un doute ou une objection... Ces critiques feraient mieux de se ! à Rome.

N ECROLOGIE

L'éminent architecte et archéologue anglais, Edmond
Sharpe, est mort à Milan le 8 mai. M. Sharpe était né à
Knutsford, dans le Cheshire. le 51 octobre 1809. Après
avoir fait ses études à Saint-John's Collège, Cambridge, il
prend en 1832 ses degrés de M. A. (magister nf Arts) et ob-
tient la même année une bourse de voyage qui lui donne
le droit et les moyens de voyager pendant trois ans, à la
condition de les consacrer à un travail spécial. Sur le
conseil du D1' Whewell, le jeune homme choisit l'architec-
ture ecclésiastique, et parcourt la France et l'Allemagne,
étudiant les églises du moyen âge, et recueillant les pre-
miers matériaux de l'œuvre à laquelle il allait vouer sa vie.
Rentré en Angleterre en 1836, Edmond Sharpe se livre
d'abord à la pratique de l'architecture, mais sa vocation
n'était pas là, et ce n'est pas à sa profession qu'il doit sa
renommée, bien qu'il l'ait exercée avec activité et succès
pendant une quinzaine d'années à Lancaster et dans les
environs, s'occupant surtout de construction et restauration
d'églises, et bien que plus tard il se soit occupé de chemins
de fer et de tramways, tant en Angleterre que sur le con-
tinent. En 1848, il publia son ouvrage le plus important,
Architectural Parallels, qui fonda sa réputation. Il analyse
dans cet ouvrage les caractères essentiels de l'architecture
ecclésiastique de l'Angleterre au xnc et au xiii" siècle, par-
ticulièrement dans le Yorkshire, et indique dans les moin-
dres détails, à l'aide de planches admirablement exécutées,
les restaurations à opérer pour compléter, dans le style
qui leur est propre, les églises ou abbayes de Fountains,
Kirkstall, Byland, Whitby, Rievaux, Jervaulx, Netley,
Tintern, Saint-Mary (York), Guisborough, Selby et How-

den. En 1849, il publia un traité de là décoration des fe-
nêtres ; en 1851, the Seven Periods of English Architecture
(les sept époques de l'architecture anglaise). La nomen-
clature complète de ses ouvrages nous entraînerait trop
loin. Il laisse inachevés the Mouldings ( les moulures) of
six Periods of British Architecture et Illustrated Papers
on church Architecture (Documents illustrés sur l'architec-
ture ecclésiastique). — En 1874 et 1875, il organisait et
dirigeait deux excursions de l'Association des architectes
en France, la première à Paris, la seconde dans la Cha-
rente. Il les a racontées dans des lectures publiques. En
1875, le 7 juin, il recevait des mains de M. Gilbert Scott,
président, la médaille d'or de l'Institut archéologique.

— Les journaux allemands annoncent la mort de
Franz Hanfstaengl, décédé à Munich, le 18 mars, dans sa
soixante-quatorzième année. Hanfstaengl a reproduit par
la lithographie un grand nombre de chefs-d'œuvre du
Musée de Dresde. Lorsque la photographie vint supplanter
la lithographie, il adopta le nouveau procédé, qu'il exploita
en artiste, et sans renoncer à l'invention de Senefelder. Il
contribua aux perfectionnements de la photographie, et fut
un des premiers à l'appliquer à la reproduction de la pein-
ture à l'huile; lorsqu'il s'agit de photographier les tableaux
de la vieille Pinacothèque de Munich, ce travail fut confié
à Hanfstaengl à la suite d'un concours auquel avaient pris
part les meilleurs photographes allemands. Toutes ces re-
productions n'ont pas empêché Hanfstaengl de lithogra-
phier des milliers de portraits qu'il dessinait sur pierre
d'après nature.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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