Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

DOI Artikel:
Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0347

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NOTRE BI BLIOTH ÈO_U E

LXXX

Le Meurtre du 21 janvier 179?, contenant le fac-similé des
plus curieuses gravures du temps et un numéro du Père Du-
chesne. 1 vol. in-8 de 172 pages, par le baron de Vinck
d'Orp. Paris, 1877. Calmann Lévy, éditeur.

« Cet ouvrage n'est pas écrit pour les nerfs sensibles ; il ne
s'adresse pas aux femmes; c'est assez dire que sa place n'est pas
sur une table de boudoir. »

Cette préface du livre de M. de Vinck, la couverture et le
titre couleur de sang, voilà qui est médiocrement iconogra-
phique. L'auteur a mêlé dans son œuvre les deux passions do-
minantes qui se partagent sa vie, celle de l'homme politique et
celle du collectionneur. La dernière est la seule dont nous ayons
à nous occuper. Il a fait un pamphlet historique illustré de ren-
seignements curieux et précis sur une série d'estampes de la
Révolution française. Ses opinions sur la Révolution, la Con-

Fac-simile d'une estampe de la collection du baron de Vinck d'Oui

vention, le peuple et le roi, ne nous regardent pas. Ce qui nous
intéresse dans ce savant opuscule, c'est l'iconographie de l'exé-
cution de Louis XVI. Sous ce rapport, le livre de M. de Vinck
est aussi complet que possible ; il témoigne de patientes et coû-
teuses recherches, et de sérieuses études.

Nous devons à l'obligeance de l'auteur communication d'une
des estampes reproduites en fac-similé dans cet ouvrage, qui
sera consulté avec fruit non-seulement par les amateurs qui re-
cherchent au point de vue de la curiosité pure les estampes de
cette époque, mais encore par les érudits qui reprennent en
sous-œuvre après Mignet, Thiers, Louis Blanc, Michelet, Edgar
Quinet, l'histoire de la grande crise politique et sociale de la fin
du dernier siècle; car, comme le dit fort bien M. de Vinck.
« l'imagerie populaire vendue par les crieurs publics aux carre-
fours des rues est une mine précieuse pour les recherches his-
toriques ».

Pour donner une idée de la méthode de l'auteur, nous lui

EXÉCUTION DE LOUIS CAPET, XVI- DU NOM, LE 21 JANVIER i-g3.
A dix heures et demie du matin, Louis Capet eut la tête tranchée sur la place de la Révolution, ci-devant place Louis XV, entre le
piédestal et les Champs-Elysées. Il est arrivé au lieu de l'exécution dans la voiture du maire de Paris. Il s'est déshabillé et est monté à
l'échafaud avec fermeté et courage. Il a voulu haranguer le peuple; mais l'exécuteur des jugements criminels, d'après l'ordre du général
Santerre, et au bruit des tambours, l'a mis en devoir de subir son jugement. Cependant ceux qui étaient près de Péchaffaud lui ont entendu
prononcer ces paroles : « Citoyens, je pardonne à mes ennemis, je meurs innocent. » Sa tête est tombée; elle a été montrée en spectacle,
et le cadavre a été porté et inhumé sur-le-champ dans le cimetière de la paroisse de la Magdelaine.

A Paris, chez Basset, rue Saint-Jacques, au coin de celle des Mathurins, à l'Image Sainte-Geneviève.

empruntons la description de l'estampe très-rare que nous met-
tons sous les yeux de nos lecteurs :

1 N- 10. Une pièce contemporaine des plus curieuses, c'est la
grande image coloriée de Basset. Elle mesure o'",57 en largeur
sur o™,59.

« Voilà une vraie image populaire, qui a dû se vendre dans
les échoppes, au coin des rues, pour quelques sous, mais qui est
devenue aujourd'hui de la plus grande rareté, et qui se paye des
centaines de francs quand elle apparaît aux ventes publiques.

« C'est l'estampe populaire, c'est celle qui aujourd'hui est
la plus recherchée. C'est une grande scène pleine de vie et de
mouvement, on ne peut passer à côté sans la regarder; elle vous
attire et vous fascine. D'abord, au centre, une grande machine
toute peinturlurée en couleur de sang, avec ses deux grands
bras maigres, aussi peints en rouge et qui se dressent vers le ciel,
A droite, un des aides, pas trop malpropre, en habit noir, culotte
courte et bas blancs, la chevelure hérissée, a le corps penché en
avant. Il a fait un pas vers la balustrade pour bien montrer au

peuple la tète du roi qui vient d'être tranchée : le sang, un sang
rouge et vermeil, bien plus clair et plus vif que le rouge qui
recouvre la guillotine, découle en grosses gouttes jusqu'à terre.
Le corps de Louis XVI est là bouclé sur la planche, dans son
costume traditionnel, culotte courte, bas blancs et veste blanche;
il a les mains liées sur le dos, les doigts sont raides et crispés,
on les dirait soumis à la commotion d'une batterie électrique;
le corps n'a encore aucun mouvement d'affaissement ; au con-
traire, il a l'air de se raidir pour arrêter la vie qui s'échappe.

« Un des aides paraît tellement affecté de ce spectacle, qu'il
baisse les yeux et détourne la tète; il est à tel point préoccupé
que celui qui paraît le chef d'équipe et qui vient de lâcher la
détente du couperet lui secoue le bras pour le rappeler à ses
occupations. Le couvercle du funèbre panier vient d'être sou-
levé, les aides se disposent à y rouler le corps de la victime. Les
quatre acteurs qui sont sur la plate-forme sont tous tète nue.
L'un d'eux, celui qui a détourné la tète, porte même le cato-
gan; ce doit être l'ouvrier charpentier de la guillotine, celui qui
 
Annotationen