L' art: revue hebdomadaire illustrée (3.1877 (Teil 2))

Environs de Villerville (Calvados); soleil couchant, marée basse.
Fac-similé d'un dessin de J. A. Langrand, d'après le tableau de H. S. de Sachy. (Salon de 1877.)

LE SALON DE PARIS

1877

RÉMINISCENCES

oici l'exposition close et il s'en faut de beaucoup que nous
ayons tout dit. Désormais, il nous faudra nous en rapporter à
nos souvenirs et à nos notes, et nous n'aurons plus la ressource
de les contrôler sur pièces. Félicitons-nous du moins d'avoir
mis une sourdine à nos premières impressions et de nous être
interdit ces jugements sommaires qui, après une course éche-
velée à travers les interminables galeries du Salon, ne peuvent
manquer de conclure à une condamnation, la condamnation de
la fatigue et de l'énervement. M. J. Comyns Carr nous signalait
dernièrement2 le contraste qu'offrent Londres et Paris, au
point de vue des expositions d'art. Là-bas, diversité, dispersion,

Lettre du xvis siècle, collection Bonafle'i. «'«•>'.. . . T . . , ai

eparpillement et rivante des expositions. Ici unité grandiose,
centralisation puissante, condensation énorme. Ce dernier système est peut-être le meilleur des
deux; il est assurément le plus imposant, il est surtout commode pour les personnes pressées.
Avec de bonnes jambes, on fait son Salon en deux heures. C'est charmant. Mais est-il bien
certain que le vrai moyen de bien voir soit de tout voir à la fois? Dans un pareil tohu-bohu, il
est impossible qu'il n'y ait pas un grand nombre de sacrifiés. Pour ne parler que des aquarelles,
gravures et dessins, bien qu'on leur ait accordé cette année le privilège d'une sorte de Salon

î. Voir l'Art, j° année, tome II, pages 121, 145, 169, 19J, 217, 247 et 274.
2. Voir l'Art, }e année, tome II, page 165.