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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Vagnonville, Foucques de: Jacques Callot, [1]: trois cent quarente-trois dessins de Jacques Callot, de la collection de la Galérie des Offices de Florence et de collections particulières, décrits et mesurés avec notice et éclaircissements$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0110

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JACQUES CALLOT

TROIS CENT QUARANTE- TROIS DESSINS DE JACQUES CALLOT,
DE LA COLLECTION DE LA GALERIE DES OFFICES DE FLORENCE ET DE COLLECTIONS PARTICULIERES,
DÉCRITS ET MESURÉS AVEC NOTICE ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

(suite) 1

LES GROTESQUES.

Baldinucci, biographe de Callot, prétend que cet artiste renonça à ses pen-
chants facétieux pour s'attacher à l'imitation scrupuleuse de la nature. Les gro-
tesques trouvent donc une date à la place qu'ils doivent occuper dans les
commencements de notre graveur lorsqu'il séjournait à Florence. Les Italiens,
chez qui est inné le sentiment du beau idéal, ne pouvaient comprendre ces
calembours français. Grandville et Dantan sont éphémères, Raphaël et Michel-
Ange survivent.

Les grotesques ne traduisent nullement l'expression italienne de grottesco,
qui signifie ces arabesques que l'on a retrouvées dans les grottes ou salles basses
des thermes romains, et dont Raphaël appliqua l'ornementation aux loges du
Vatican, d'où on les appelle également décor à la Raphaël. Nos grotesques fran-
çais sont nommés par les Italiens caricatures, charges, compositions outrées,
exagérées; ils ont même adopté proverbialement l'expression de figures à la
Callot pour désigner des gens à mises surannées et à tournures ridicules. Nous
voulons bien que M. Meaume ait raison, page 53j, en observant que la prio-
rité de l'invention du grotesque appartient a Jean-Baptiste Bracelli, Génois qui
publia, en 1609, une suite de quarante-huit figures fantastiques, ouvrage dédié
par Bracelli à Pierre de Médicis, enfant naturel de Pierre de Médicis, fils de
Corne Ier. Toujours est-il que si la première pensée appartient à Bracelli, l'éty-
mologie est restée à Callot. Au surplus, ces bambochades réussirent peu chez
les maîtres de l'école italienne, hommes de l'art sérieux, et qui n'ont pas de
penchant à l'hilarité. Aussi paraît-il que Callot renonça bien vite à ses gro-
tesques, ce qui ne les empêche pas d'être fort comiques. Il avait même aban-
donné ce genre à son retour en France, si toutefois l'on ne veut pas convenir
que la Tentation de saint Antoine soit une bambochade. Il est vraiqueMariette
cité par M. Meaume, page g3, veut qu'elle ait été gravée en Italie, à la même
époque que les batailles des Médicis (1614), Mariette affirmant avoir vu une
planche de ces batailles non encore finie, « au verso de laquelle planche il y
avait plusieurs pensées de monstres et de figures grotesques dessinées par
Callot, pour être introduites, selon Mariette, dans ledit sujet de la tentation ».
Quoi qu'il en soit sur cette tentation en germe, les notions de Mariette concor-
dent parfaitement avec l'existence de certains grotesques tracés sur divers
dessins de la galerie des Offices et de la collection Roselli del Turco, que nous
décrivons ici. Il semblait que Callot, éminemment gaulois, ne pût, en dessinant,
retenir un éclat de rire. Que n'eût pas été sous son crayon l'œuvre de
Rabelais ?

N° 72. — Grotesque, connu vulgairement sous le nom de l'Homme aux
escargots^, et en Italie sous celui de l'homme aux cornes. C'est à tort que
certaines personnes l'ont désigné sous le titre de portrait de Callot. Outre le
dessin, il existe un tableau et une peinture de cette composition célèbre. Ils
diffèrent entre eux en ce que dans la peinture il y a un fiasque (bouteille clissée),
et dans le dessin il est remplacé par une gourde festonnée; au bas on lit
lacopo Callot, mais nous ne croyons pas que ce soit une signature.

Le dessin est très-terminé. II est exécuté sur un papier enfumé, maculé par
des mouillures, et dont un coin qui manquait a été restauré. Le contour est
exécuté à la plume et les ombres en lavis au bistre, rehaussées de hachures
gouachées à la cèruse. Hauteur, o'm,47o; largeur, omrfjo. Provient delà collec-
tion Santarelli, réunie à l'ancien fonds des dessins du musée des Offices. Il a été
photographié dans le recueil des Callot publié par M. Carlo Pini, sous le n» 1.
N° 1 également dans le catalogue Santarelli.

N° 73. — Grotesques. Cinq croquis sur une seule feuille. Un chien boule-
dogue, dessin ombré et terminé, se léchant dans une attitude comique, tient
un os dans sa patte comme s'il avait une main. Au-dessous est un autre boule-
dogue dont le croquis est si indécis et si peu visible que l'on ne saurait dire ce
qu'il fait. Vient ensuite un gobbo ou bossu, genre dans lequel Callot a exercé
sa verve fantaisiste. Il est coiffé d'un chapeau bizarre ressemblant à un casque,
orné de deux plumes de héron. Il porte devant lui un éventaire, et a derrière
lui un haut bâton auquel peut-être sont suspendus des rats morts. Mais là
encore le croquis est tellement confus, que difficilement on délinirait les objets.
Il est vu de profil.

A côté de ce bossu est un destructeur de rats, vu de face, tenant un long
bâton où pendent des rats tués. Il semble marcher à pas précipités, mais ses
pieds sont à peine finis. Il a la tête couverte d'un chapeau mou d'étrange forme,
avec une mentonnière, ses hauts-de-chausses noués au genou sont bouffants. Il
paraît également porter devant lui un éventaire sur lequel sont étalés quatre
rats. Ce dessin n'est que très-légèrement ombré.

Une étude de main, avec le médium et l'annulaire fermés, tandis que le

pouce, l'index et le petit doigt sont développés, geste qu'on appelle faire des
cornes. Cette main est touchée avec beaucoup de vérité et d'esprit. On y sent le
maître. On y reconnaît en outre parfaitement celle du portrait-caricature sur-
nommé l'homme aux escargots, ce qui rend indubitable l'authenticité de cette
peinture, cette main se trouvant exécutée sur la même feuille où sont des-
sinés ces grotesques que Callot lui seul était capable de composer. Il est impos-
sible de se méprendre à sa touche inimitable.

Dessins à la sanguine sur papier blanc sale. Hauteur, om,2 54; largeur, om,i78.
Au revers de cette feuille sont des griffonnis à la sanguine si peu compréhen-
sibles qu'ils ne méritent pas la description, et qu'il est d'ailleurs impossible de
la faire. Ces dessins font partie de l'ancien fonds Médicis, de la collection des
dessins de maîtres du musée des Offices. C'est le n° 12 du classement actuel. Ils
ont été photographiés dans le recueil des Callot, publié par M. Carlo Pini.

N° 74- — Portrait d'un gueux. Les quatre premiers germes d'une composi-
tion où peut-être Callot a voulu faire un pendant à l'homme aux escargots. Un
plat rempli de... (pommes?) semble être un accessoire destiné à expliquer cette
facétie que nous ne saisissons plus aujourd'hui, le dessin étant resté à l'état
d'ébauche. En haut se voit d'abord la pochade d'une demi-figure d'un homme
embrassant un... (bocal 7) puis vient l'invention principale, celle du portrait
du gueux, un œil ouvert et l'autre crevé, avec une moustache, quelques poils
au menton, quelques cheveux sur la tête, couverte d'une misérable calotte à
oreillons. Demi-figure de gueux qui porte en avant le bras droit, mis en pers-
pective de raccourci. Le visage est ombré, le reste du buste n'est qu'un contour,
la main droite est à peine indiquée. On remarquera à côté de ce gueux le plat
de... (pommes?) que j'ai déjà mentionné. Au-dessous, séparée par un contour
carré au crayon, est une variante du même portrait, variante qui se reconnaît
au raccourci semblable de la main droite et à ce plat de... (pommes?) à côté,
mais qui d'autre part s'en écarte par le grand chapeau à plumes de héron, par
les lunettes sur le nez du grotesque, et par le rat qu'il tient sur le bras gauche.
La quatrième petite pochade, presque informe, tracée en avant du portrait ci-
dessus, n'est autre chose qu'un griffonnis encore plus rudimentaire des inten-
tions de Callot. En sorte que sur la même feuille nous passons à quatre trans-
formations successives de sa pensée. Nous ne serions pas étonné que cette
caricature ait été conçue vers la même époque où Callot inventa l'homme aux
escargots.

Dessin à la sanguine. Hauteur, om,2j4; largeur, om,i72. Fait partie de
l'ancien fonds Médicis de la collection des dessins du musée des Offices. C'est
le n° 5 du classement a:tuel. A été photographié dans le recueil des Callot publié
par M. Carlo Pini.

N° 75. — Sept grotesques réunis sur une seule feuille. Ce sont autant de
pochades.

Dans le haut de la feuille : un gentilhomme vu de face, les poings sur les
hanches. Il est coiffé du chapeau à aigrette, vêtu du pourpointeourt, des hauts-de-
chausses bouffants et du manteau. Ce n'est qu'un contour sans ombres, et même
peu visible au crayon noir.

A côté, une figure semblable, également au crayon noir, moins visible
encore, n'est à proprement parler que quatre coups de crayon sans détails. L'œil
ne saisit que l'attitude.

Au-dessous, au milieu de la feuille : un griffonnis dont il serait difficile de
comprendre la forme, sauf qu'il s'agit d'une explosion pyrotechnique. Croquis à
la sanguine.

Auprès, des traits informes à la sanguine.

Dans la partie inférieure de la feuille est un autre griffonnis incompréhen-
sible à la sanguine ; on reconnaît toutefois que c'est une figure.

Vient à côté un être humain, grotesque, avec un visage dont le front est
surmonté de cornes. Il a une jambe de bois et l'autre finit en patte d'oiseau, il
s'appuie sur un bâton, et tient en laisse un petit chien assez imparfaitement
dessiné. Mais qu'a-t-il derrière les épaules? Cela nous paraît une bosse avec un
pourpoint finissant par des basques plutôt que des ailes. Cette esquisse non
ombrée se compose de contours à la plume, encre noire, et de traits à la san-
guine mélangés.

Dans l'angle du bas de la feuille, une femme, vue de dos, fait un geste du
bras droit, et du gauche rassemble les plis d'un large manteau qui enveloppe
ses hanches. Elle paraît porter sur la tête un casque d'où descend une longue
crinière. Cette ébauche ombrée est à la sanguine. Dimensions de la feuille
entière : hauteur, o™,242 ; largeur, o*",içi. Fait partie de l'ancien fonds Médicis
de la collection des dessins du musée des Offices. C'est le n° 13 du classement
actuel. A été photographié dans le recueil des Callot publié par M. Carlo Pini.

N° 76. — Huit grotesques sur une même feuille, et deux dans le sens
inverse. En commençant par le haut, un homme vu de dos avec tête de profil,
sans cheveux; il paraît se tenir sur une seule jambe?

1. Voir l'Art, 2e année, tome IV, pages 2S6 et 309, et 3e année, tome Ier, pages 39, 138 et lôr.

2. Voir l'Arlj y année, tome Ier, page 39.
 
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