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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Descamps, Jules: Exposition rétrospective de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0215

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EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE LYON

Correspondance particulière de l'Art.

Le i01' mai, à une heure, a eu lieu l'inauguration de l'expo-
sition rétrospective de Lyon. Après une courte allocution du
président de la commission organisatrice, à laquelle le préfet du
Rhône a répondu en excellents termes, la commission a guidé le
préfet à travers les nombreuses salles du Palais du Commerce
où sont disposés les objets exposés.

Le succès de l'exposition a complètement répondu à l'at-
tente des amateurs lyonnais et aux légitimes espérances des
organisateurs.

La commission n'a eu que quarante jours pour préparer le
local, choisir les œuvres, en étudier le placement, présider à
l'installation, et ce n'a pas été un mince tour de force que d'ar-
river à l'heure dite.

Elle a été très-difficile pour les admissions ; de là un choix
excellent, pas d'encombrement, et la possibilité de mettre par-
faitement en lumière tous les objets admis.

Les salons sont vastes, bien éclairés et aérés ; la nef princi-
pale est d'une merveilleuse élévation; elle a grand air dans toute
la force du terme.

Un seul artiste contemporain a obtenu les honneurs d'une
exception, mais il s'agit d'un maître lyonnais, M. Meissonier,
dont le tableau épique, 1804, lugubre pendant aux ivresses
guerrières de son 1807, cst l'une des sensations de l'exposition.
Ce tableau appartient à M. Gustave Delahante.

Parmi les tableaux anciens on remarque un Rembrandt.
Portrait d'homme, à Mmc veuve Guérin, et un Velasquez, Por-

depuis le commencement du siècle jusqu'aux maîtres d'hier,
depuis Géricault jusqu'à Corot, Hamon et Henri Regnault, —je
ne tiens compte ni des genres ni des degrés, — en passant par
Eugène Delacroix, Decamps, Rousseau et Millet, Paul Dela-
roche, Ingres et Hippolyte Flandrin, son disciple, un Lyonnais.

N'oublions pas du reste l'école lyonnaise, qui, tout esprit
de clocher mis à part, est une des curiosités de l'exposition.
Joseph Baile, Antoine Berjon, Blanchet (xvmc siècle), Jean-
Claude Bonnefond, Joseph Bourne, Pierre-Toussaint Decha-
zelle, Antoine Duclaux, Michel Grobon, Antoine Guindrand,
Jean Pillement, Anthelme Trimolet, Fleury Chenu et Saint-
Jean, tels sont les noms qui se groupent sous la bannière de
cette école, à laquelle le catalogue rattache également celui
d'Hippolyte Flandrin, qui n'en relève cependant que par la
naissance.

La grande attraction de cette subdivision lyonnaise est
l'exposition d'une vingtaine de dessins et de deux tableaux de
Jean-Jacques de Boissieu, prêtés par la famille de cet éminent
artiste (1736-1810). Les deux tableaux sont faibles. Chacun sait
que de Boissieu, excellent dessinateur et aquafortiste, n'était
qu'un peintre médiocre. Les dessins sont merveilleux par la
variété, non-seulement des sujets, mais encore des procédés et
des effets.

Si intéressante que soit la section de peinture, le mobilier
constitue la partie capitale de l'exposition. Il y a là des mor-
ceaux hors ligne, des pièces de la plus grande beauté, et chaque

trait d'Innocent X, peu connus, je crois, mais d'une belle qualité. objet isolé se laisse voir dans ses moindres détails sans faire

Le catalogue de la section de peinture seulement comprend
221 numéros, et il suffit de le parcourir pour se faire une idée
du haut intérêt qu'offre pareille exposition, surtout dans une
ville de province qui, malgré son importance et son titre de se-
conde ville de France, n'est pas précisément gâtée en fait d'ali-
mentation artistique.

Il y a là, pour l'école hollandaise, des œuvres de Corneille
Béga, Albert Cuijp, Corneille et David De Heem, Meindert
Hobbema, Hondekoeter, Mierevelt, Molenaer, Van der Neer,
Netscher, Isaac Van Ostade, Rembrandt, Ruysdael, Gérard
Sprong, Willem Van de Velde et Philippe Wouvermans.

L'école flamande est représentée par un Brauwer, un Van
Dyck, deux paysages de Corneille Huysmans de Malines, un
Van der Meulen, deux David Teniers, un Gaspard de Witte, et
un Rubens.

Les Italiens et les Espagnols sont en petit nombre : d'une
part, un Guardi, un Fra Filippo Lippi ; de l'autre, un Murillo,
un Ribera, deux Velasquez.

Il va sans dire que tous ces anciens ne sont pas d'une authen-
ticité également indiscutable; aussi le comité a-t-il pris la sage
précaution de déclarer qu'il s'est fait « un devoir de conser-
ver aux objets exposés les attributions données par les pro-
priétaires a.

Plusieurs tableaux de l'école française du xvii" et du
xvin" siècle attirent l'attention : Claude Lorrain, Mignard,
Hyacinthe Rigaud, Largiliôre, puis Watteau, Greuze, Carie
Van Loo, Boucher, Lavreince et Pater. Enfin l'école moderne,

tort au voisin et sans subir le moindre préjudice.

Un grand salon réservé aux meubles et aux tentures de la
Renaissance présente un aspect imposant. Dans les vitrines qui
longent la façade de la rue de la Bourse, on admire des manus-
crits richement enluminés, de précieux Grolier, des incunables
rarissimes sortis des presses lyonnaises, de belles éditions du
xvi° siècle.

Il faut citer encore des chefs-d'œuvre d'orfèvrerie religieuse,
une prestigieuse collection de tabatières en or finement ciselé
et de bonbonnières enrichies de délicieuses miniatures, et plu-
sieurs vitrines remplies de médailles très-importantes, surtout
au point de vue de l'histoire locale.

Le succès de l'exposition, indépendamment de sa richesse et
de sa variété, tient en partie à l'intelligente abnégation des
amateurs lyonnais qui, rompant avec une tradition fâcheuse,
trop complaisamment adoptée dans les exhibitions du même
genre, ont consenti à ne point isoler leurs collections sous leur
étiquette patronymique, mais à les fondre au contraire dans
chacune des sections, ce qui donne à l'exposition le caractère
d'un musée harmonieusement et méthodiquement classé, et non
d'un magasin de bric-à-brac, au fouillis inconciliable avec l'édu-
cation artistique du public.

Ce but d'enseignement, qui est celui de toute exposition
sérieusement ordonnée, ne sera pas moins atteint que le but
de bienfaisance que les organisateurs ont en vue, en réservant
aux pauvres de la ville la recette de l'exposition.

Jules Descamps.
 
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