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Tardieu, Charles: Le salon de Paris 1877, [1], premières impressions
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0142
Cartouche de Jaillot. — Fac-similé d'une de ses gravures.
PREMIERES IMPRESSIONS
e méfier des premières impressions. Si le premier mouvement est toujours
le meilleur, ce n'est certes pas au Salon. A ce point de vue la fameuse
séance du vernissage, aussi courue qu'une répétition générale de l'Opéra
ou des Français, est véritablement désastreuse pour les artistes et pour
leurs œuvres. Chacun se rend compte cependant de la difficulté d'appré-
cier d'emblée dans son ensemble une exposition dont le catalogue ne
comprend pas moins de 4,616 numéros. On prend la ferme résolution
Lemc de jean Cousin, d'ajourner son jugement, mais on a beau faire, on se prononce sans trop
gravée par Pilinski. ' ' 0 1 *
s'inquiéter des dangers auxquels cette promenade fiévreuse à travers les
galeries du Salon expose l'impartialité du critique le plus compétent et le plus consciencieux. La
cohue, les échelles des vernisseurs, le parfum qui se dégage de leurs fioles, la poussière qui
bientôt s'élève menaçant de se mêler au vernis et de compromettre les toiles qu'il s'agit de pro-
téger, les impatiences des exposants, l'ahurissement des privilégiés plus nombreux que de raison,
le bruit qui accompagne cette première chasse au chef-d'œuvre, voilà sans contredit les conditions
les moins favorables pour voir des œuvres d'art, à plus forte raison pour les « écouter », selon
l'expression si heureuse et si juste de Fromentin.
Il faudrait, pour bien faire, commencer par la seconde visite, ce qui est malheureusement
impossible. Il faudrait au moins se réserver, ce qui n'est guère plus facile. Nous avons entendu,
le jour du vernissage, des jugements sommaires, généralement peu enthousiastes, destinés peut-
être à une confirmation définitive, mais trop précipités pour que nous nous y arrêtions dès à
Tome IX. 16
PREMIERES IMPRESSIONS
e méfier des premières impressions. Si le premier mouvement est toujours
le meilleur, ce n'est certes pas au Salon. A ce point de vue la fameuse
séance du vernissage, aussi courue qu'une répétition générale de l'Opéra
ou des Français, est véritablement désastreuse pour les artistes et pour
leurs œuvres. Chacun se rend compte cependant de la difficulté d'appré-
cier d'emblée dans son ensemble une exposition dont le catalogue ne
comprend pas moins de 4,616 numéros. On prend la ferme résolution
Lemc de jean Cousin, d'ajourner son jugement, mais on a beau faire, on se prononce sans trop
gravée par Pilinski. ' ' 0 1 *
s'inquiéter des dangers auxquels cette promenade fiévreuse à travers les
galeries du Salon expose l'impartialité du critique le plus compétent et le plus consciencieux. La
cohue, les échelles des vernisseurs, le parfum qui se dégage de leurs fioles, la poussière qui
bientôt s'élève menaçant de se mêler au vernis et de compromettre les toiles qu'il s'agit de pro-
téger, les impatiences des exposants, l'ahurissement des privilégiés plus nombreux que de raison,
le bruit qui accompagne cette première chasse au chef-d'œuvre, voilà sans contredit les conditions
les moins favorables pour voir des œuvres d'art, à plus forte raison pour les « écouter », selon
l'expression si heureuse et si juste de Fromentin.
Il faudrait, pour bien faire, commencer par la seconde visite, ce qui est malheureusement
impossible. Il faudrait au moins se réserver, ce qui n'est guère plus facile. Nous avons entendu,
le jour du vernissage, des jugements sommaires, généralement peu enthousiastes, destinés peut-
être à une confirmation définitive, mais trop précipités pour que nous nous y arrêtions dès à
Tome IX. 16